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Ce C 0 mi®imuni L.8.U; i Library 'y JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE ET CAMPAGNARD VOL. XVIL PAROISSE ST. JACQUES, LOUISIANE, SAMEDI FEVRIER 12,1381. NO 15. Le Louisianais. JOURNAL OFFICIEL — DKLA— Paroisse Ht» Jafqne». rUBI.lK CIIAQUK 8AMKDI DAWS hà. Pax-oirtse St. Jacqucn, Content P. #.j Louiiiane. J . GENTIL, EDITEUR ET REDACTEUR. Abonnement t 85,00 PAR ANNEE. PAYABLE D'AVANCE. PRIX DES ANN0HCE8: ai carré il» 10 lignes, ou moins, pre mière insertion 11,00 Par carré <lo cliaqno publication sub séquente ' ,r> Les communiqués île nature personnelle et les avis il l'année se régleront de gré A té areo l'éditeur. AIJEXTS DU LOUISIANA«. Nouvello-Orléans: — A. G. Romain. Donalsonville: — P. Lefàvre. Nouvelle-Ibérie: — Chartes Clôre. Lafayette, Attakapas:—Edouard E. Mou ton. Vacherie:—Félix Falgoust. îgïTIB. Non, je n'ai pas de haino Contre toi ni contre eux, Et mon âme sereine Sait plaindre les Laineux. La liaine, c'est do l'ombre Et do l'obscurité : Haïr rend l'âme sombre Et le oœnr sans clarté. ITaïr, haïr, A prêtre, O triste Lucifer, C'est sou (Tri i' et c'est être . Uu élu de l'Eu fur. C'est tauber— chute immense Et sans relèvement — J)u liant de la clémence Dans l'horriblo tourment. C'est sprtir de la vio Aux azurs spacieux, l'our entrer dans l'envie Qui vous mure les cieux. Car la haine déprime Le front dans la laideur, Rend difforme et supprime Dieu même et sa splendeur. Aussi, prêtre, juge, homme Qui que tu sois, d'ici, De là-bas ou de Rome, Mais haineux sans merci, .Te te plains,triste «ire, D'êti6 ainsi contrôlait, Et dis au grand Messire Qui ne t'avait point l'ait Pour être misérable Entre tous les damnés : '•O Seigneur adorable, Pardonnez, pardonnez ! Sauvez cette Ame sombre De sa méchanceté ; Dégagez-la île l'ombre Par uu peu de bonté. Et que l'âuie difforme Du haineux, de Satan, Renaisse ou se transforme D.ius l'Amour éclatant." J. O. tlBTTEÜONSTITÜTIO^! XIII. Oui, les Constituants do 1879, avec une modestie qui ue sera cer tainement jamais égalée dans l'ave nir, ont dû sodire: — "Nous sommes des hommes éclairés, nous, et des hommes sincèrement dévoués à la prospérité, à l'Honneur et à la grau deur de leur pays. 11 a fallu une épo que extraordinaire pour nos pro duirc. Ceux qui nous ont précédés lie nous valaient pas, et ceux qui lions suivront no nous vaudront point. C'est pour cela que nous avons été choisis pour rédiger la loi organique de l'Etat et donner une Constitution parfaite à la Louisiane. Aussi, comme étant les meilleurs, comme étant les prudents et les au ges, comme nous méfiant â bon droit de ceux qui légiféreront sur nos pas et après nous, mais qui n'auront ni notre savoir, ni notre désintéresse ment, in nos vertus civiles, civiques et patriotiques, mettons le Législatif de demain dans l'impossihijitéjkbsà lue de commettrejle*---rrreurs, des injijjjtiees-ornésTniquités profondes, Simplifions et réduisons sa tâche. Dé Unissons et diminuons sou pouvoir. Enfermons le dans un petit cerclo de petites responsabilités. Qu'il n'ait qu' une liberté fort restreinte et peu com promettante. Au besoin, pour sa su riité et pourcelle du pays,lions lui les pieds et lions lui les mains. Logeons le dans une cage, comme les écu reuils ou comme lessinges. Le peuple n'a pas besoin d'autre cliose. Eu vo yant ses législateurs en cage, tour nant, grimaçant,cabriolant, se grat tent et inoflensifs, le peuple sera sa tisfait. (Test coin tne cela que l'empire les voulait, et c'est comme cela qu' iL faut en user dans uue démocratie d'ordre. Un Exécutif solide et uu Judiciaire irresponsable suffisent." Que si cela n'a pas été dit, cela a été fait. s Oubliant que le Législatif est le peuple, le peuple en permanence et souverain, le puuple qui fait ou mo difie les lois, le peuple qui règle l'ex istence des corporations et lève les impôts, le ponple qui est supérieur à tous ses fonctionnaires et il tous ses administrateurs, les Consti tuants de 1879 ont tellement limi té les pouvoirs et les devoirs du Lé gislatif, tellement circonscrit son ac tion et son œuvre, que la Législatu re actuelle n'a guère plus île valeur et d'autorité que les Juris de police de St. Jacques et de St. Jean Bap tiste. Les Représentants ne sont lien, et les Sénateurs ne sont rien. Ou leur a imposé un trarail do do mestiques ou de commis. On lésa humiliés dans leur caractère et dans leur conscience. C'est par eux qu'on a méprisé et insulté le peuple. Car eufin — pour lie prendre que cet exemple — la Constitution de 187!) fixe une limite â l'impôt et dé fend aux Législateurs de sortir de cette limite. Il faut, demain, après demain et toujours, quoi qu'il ad vienne ou quoi qu'il arrive, en temps de paix comme en temps de guerre, même si le salut du pays est en jeu et l'avenir do la Louisiana en ques tion,que le maximum île l'impôt soit, irrévocablement maintenu. Aucune considération humaine ou divine ne vous permettra d'aller au-delà. Cet te loi est une loi immuable, éternel le et sacrée. Le peuple est lié par elle, et le peuple, ni directement, ni par ses représentants élus,ne pourrasor tirdu cercle dans lequel ses Consti tuant» do 1879 l 'ont peu glorieuse ment renfermé. En vérité, il faut s'étonner que les Constituants de 1S79, avec l'esprit et la présomption qui les ont dominés laus leur œuvre constitutionnelle, n'aient pas, comme ou pouvait le faire aux temps do Lycurgue et de Solon, inclus cette dernière et supre me clause dans leur Loi fondamen tale etj organique : ■ La Constitution ne sera pas amendée avant l'an 2000." XIV. Oui, messieurs, le Législatif est le peuple. lit disons nous bien, si.nous som mes démocrates autrement qu'en paroles, que le peuple lie charge ja mais personne, Constituants ou au très,de lui diminuerconstitationnel lemcut ses droits, ses libertés et son pouvoir. C'est là, du reste, uu pri vilége qu'il n'a point, puisqu'il no peut engager les générations do l'a venir. La Constitution démocrati que est donc une loi do protection, d'affirmation et de garanties. Elle st une déclaration de droits et de libertés. Le peuple doit y trouver les principes do sa souveraine té et do son pouvoir. Que si elle définit les pouvoirs du gouver nement, les classe et les limite, c'est pour que ces pouvoirs, déter minés, réglés et contrôlés, ayant leurs attributions respectives et leurs devoirs réciproques, no puis sent empiéter sur le pouvoir suprê me qui est le pouvoir du peuple. Les Constitutions ne sont pas faites pour le bénéfice des gouverneurs, des ju ges et des officiers publics, qui ue sont que des serviteurs, mais bien pour le bénéfice du peuple, qui est le maître. Aussi, voyant la part faite aux divers pouvoirs «le l'Etat par la Constitution do 1879— part immen se pour {'Exécutif et ridicule pour le Législatif — soin mes nous autorisé à dire, selon la doctrine démocratique et la doctrine américaine, quo la Constitution de 1S79 n'est rien moins que démocratique. L'autori té du peuple y est déplacée au pro fit des individus. Cette autorité est devenue presque illusoire. La considérait-on connue dange reuse ? Alors, il fallait le dire, avoir la franchise do sa doctrine, et lie pas s'arrêter à mi-route. Et si lo peuple no vaut rien, s'il est corrompu, s'il manque d'intelligence et do lumiè res, s'il no pent pas même trouver dans son sein des représentants, honnêtes, des sénateiiM-éel;nTes et des lén^islateurfrconsTiencieiix et ho anrables, il fallait hardiment sup primer le Législatif. La hardiesse, sans doute, aurait été un peu grau de, maison serait volontiers revenu do sa surprise et do son étonne ment. Car il y a dans le peuple une immense lassitude et un profond dégoût ? Et co dégoût,n'a malheu reusement point été produit par les vertus de l'Exécutif, par les quali tés du Législatif, par les splendeurs du Judiciaire et par les glorieux agissements du fonctionnairisme^Si !e peuple est las, ce n'est pas vju gloire. II faul, voyez-vous, à 1' heit re actuelle, que la presse cherche longtemps avant de pouvoir appli quer à propos ses glorieux et ron flants qualificatifs. Bien qu'elle n'^it point une pudeur excessive et que le mensonge :te l'effraie guère, elle ne sait comment donner ces grafids qualificatifs du passé aux petits hommes du jour. Son tambour est crevé, et personne ne répond u rappel. Oui, nous l'avouons, le peuple est'las. Il est dégoûté. On l'a trom pé dans sa naïveté, dans sa crédu lité et dans sa confiance. Ou lui avait promis des réformes, et les réformes n'ont été que dos change ments. Tout s'est borné à une sub stitution d'individus. Pierre pour Paul, Jean pour Jacques. Pas ou peu d'élévation dans le niveau mo ral. Le politiciatiisine et l'indivi dualisme sur toute la ligue. Est ce que l'Etat est autre chose qu'un râ telier pour ceux qui t'ont métier de politique, et le patriotisme, enterré avec les héroïques et grandes er rcurs de la Confédération, a-t-il an tre valeur que celle d'un mot très sonore î Oui, le peuple est las. Mais sa lassitude n'est pas de la corruption. Est-elle même de l'in différence ? Et si la réforme doit venir de quelqu'un, c'est du peupio qu'elle viendra. Le" peuple vaut mieux que ses chefs. Il a encore les notion-« du vrai, du -juste et du bien. Il croit à ja liberté. Sa con science, pour être voilée, n'est pas '•teinte, et cette conscience, demain, ilans l'excès du inal et du désordre, se traduira par les actes d'une vo lonté puissante et d'une raison su périeure. Elle repoussera les flat teurs, les flagorneurs et les men teurs, pour so donner aux fidèles, aux sincères et aux amis. XV. Mais si la Constitution do 1S79 avait été la ci)ose sage et nécessai re que la Louisiane attendait com me lu Messie, est-ce qu'elle aurait été violée aussi promptemeut et aus si lestument 1 lit violée par qui 1 Par la Cour Suprême elle-même*! Car il nous faut bien parler de eu viol. Tout le monde en parle. Mais, selon nous, on n'apprécie pas l'acte ou l'attentat do la Cour Suprême comme ou devrait l'appré oier. Ou n'en tiro pas les conclu sions qu'il faudrait eu tirer. C'est à peine si la question, pour beau coup, arrive à la hauteur des person nalités. Car la Cour Suprême, sans grand examen et saus considération sé rieuse, est louée dans ceux-ci et abominée dans ceux-là. Deux de ses juges ont respecté la Loi fonda mentale. Ils méritent le respect et la reconnaissance du peuple. Mais les trois autres, foulant aux pieds la Constitution do l'Etat, oubliant que la loi organique a fixé une liini te infranchissable pour l'impôt, mé ritent toutes les injures et toute les malédictions dit peuple, liest, même question de les mettre en accusa tion, et si la Législature — car elle existe quand même — se réunissait aujourd'hui, il est probable qu'on tenterait l'aventure. Mais son Ex cellence Wiltz, dit-on, n'a guère en vie de convoquer la Législature er. session extraordinaire. Elle est si mauvaise, si impure et si corrom pue ! Laissous-là à son oinbro et à son néant. l'ottr nous, ignorant les noms des Juges de la Cour Suprême, n'inter rogeant ni leurs intentions ni leurs motifs, sans passion, sans partialité, sans méchanceté, et respectueux pour tous ceux qu'un Gouverneur a élevés à ce haut poste de justice, de confiance et d'hoyneur, nous croy ons très 'sincèrement que les cinq Juges de la Cour Suprême de la Louisiane ont agi selon leur con science, selon leurs lumières, selon l'idée qu'ils se sont faite du devoir, et sans arrière pensée do flatterie au puuple et do popularité. Car les arrêts d'un juge peuvent être frap pés au coin de l'erreur, et les Juges de la Cour Suprême eux-mêmes ne sont assurément point infaillibles — Ils boivent, mangent et pèchent comme les autres hommes — Oa a connu des Juges prévaricateurs — Mais les arrêts des Juges ne doivent jamais être frappés au^oiu_4e-ftvnP" bition, d^JJjUuirêtTJCrïoïïncl et do »rrlarité. Un juge qui démail lerait la popularité à ses décisions, qui so soucierait des' louanges ou des critiques du peuple à propos de ses arrêts, qui regarderait la fouie quand il faut regarder la justice, se rait uu mauvais juge,un juge passion né, un juge absolument dangereux. Aussi, lojn do sourire à ceux qui paraissent vouloir uous plaire.et nous satisfaire, devons nous plutôt nous tourner vers ceux qui nous bra - vent, ou tout uu moins sont iudif férents à nos louanges. Ceux-là ont du courage. Ceux-là sont les forts et les stoïques. Ceux-là com prennent que la justice plane au dessus do la régionales nuages, des passions et des popularités chan geantes ou mouvantes. Leur er reur, s'il y a erreur eii eux, est res pectable. Mais, nous'lejépétons, contraire ment à l'opinion de beaucoup, nous croyons que les cinq Juges de la Cour Suprême de la Louisiane, de puis le président qui a dit non jus qu'au dernier Juge qui a dit oui, ont agi avec autaut do conscience, de sincérité et de loyautéjles uns que tes autres. Et nous ne pensons pas qu'il faille louer ceux ci sur lé dos »le ce us -là. En outre, voyant [que ? les plus hauts magistrats du pays ne sont aucunement d'accord,": nous con viendrait-il d'affirmer quo ceux ci sont dans lo vrai et que ceux là sont dans l'erreur f Notre affirma tion vaudrait-elle grand'chose ? N'est-il pas plus simple, avec la somme de philosophie Jque chacun de nous possède plus ou moins, de sourire légèrement et do déclarer que le droit n'est pas encore line science parfaitement mathémati que. Seulement, constatons que la Constitution de 1879 a été violée. Oui, la Constitutional Y;té violée. Pas moyen de dire non. Et par la Cour Suprême créée en vertu de la Constitution elle-même! Vous dites: Mais le texte était bien clair? Il fallait être aveugle pour ne pas voir! Des juges do paix no s'y seraient point trompés. La Constitution défend nettement aux corporations de prélever une taxe au-dessus do 10 pour 1000, et la Lé gialatiit'O elle mémo ne peut aller à l'encontre de cette clause formelle, irrévocable et sacrée. Très bien. Mais quand les Constituants de 1879 ont rédigé la constitution, ils ont oublié une chose très importan tante,la dette, la triple dette,la dette d'avant la guerre,de pendant la guer re et d'après la guerre. Dieu sait ce pendant qu'ils en ont parlé. Que de discours! Que de phrases! Qui donc n'a point avocassé on cicéroui sé î Cela a duré pendant vingt longs jours au moins, et coûté;assez cher. Car les paroles, ici, coûtent cher. Mais, en fin de compte, après paro les, phrases et discours, rien n'a été résolu. La dette, matière à bavarda ges, n'a pas été entamée ou dimi nuée. Elle est restée dans son énor mité et son horreur. Personne — il y avait cependant beaucoup d'avocats dans la Constituante — n'a songé à employer pour la Nouvelle-Orléans et l'Etat do la Louisiane les moyens ordinairement employés pour les clients ordinaires. La Nouvelle Or léans et l'Etat de lu Louisiane, se lon l'expression vulgaire et connue, n'ont point été "mis sous lo Mala kolt." Leurs nombreux créanciers, très respectés et très respectables, ont vu leurs droits et lèurs privilè ges sauvegardés, lis en ont été pour la peur. Ont-ils même eu bien peur? Car ceux qui parlent beaucoup n'a gissent pas. et il était bien facile de voir que la Constituante faisait de la rhétorique et non do la révolu tiou. Quelques uns ont prétendu que la Constituante n'avait pas ce pou voir, et, elle-même, avec une modes tie qui ressemblait singulièrement à do l'impuissance ou à autre chose, l'a prétendu. Croyons-en co quo nous voudrons en croire. Mais alors il neïallait pas remuer et agiter la question. Et si vous l'agitiez, sans la résoudre, sans pouvoir la résoudre, vous deviez au moins vous convaincre que la Loui siane de trente années d'existence, de changements, de révolutions, de guerres et do misères, avait accu nui lé sur elle des dettes de toute natu re et contracté des obligations de toute sorte. Er ces obligations anté rieures, valides devant votre igno rance ou votre impuissance, légale ment transmises aux Législatures et aux tribunaux «lu lendemain, de vaient peser sur le peuple, sur la Constitution et sur les Cours de jus tice. Aussi, en les laissant peser sur le peuple,eu les renvoyant aux Cours do justice et en en affranchissant la Constitution, où doue a été votre franchise, et do quel nom peut-on nommer votre courage"? Car vous en avezindireêleuu-nt affranchi la Cons titutiou. Votre Constitution a été comme faite dans l'ignorance du passé et dans l'ignorance de l'a venir, à moins que vous no l'ayez intentionnellement faite pour être violée aux premiers jours de son ex istence. Pouviez-vous ignorer que la dette publique, respectée par vous, réclamerait ses droits euv-rs et contro tous, et que la Cour Su prême elle-même, tenue à des consi dérations de justice plus hautes que celles d'une Constitution purement politique et passagère, ne serait pas lu première à s'inscrire en faux cou tre.une œuvre mal conçue, mal bâ clée, mal digéréejet qui ne peut vi vre que ce que vivent les roses, avec deux Ä f Mais,il serait souverainement in juste de faire retomber sur la Cour Suprême la responsabilité qui ap partient à la Constituante. Ce n'est pas la décision de la Cour Suprême qui est mauvaise, mais la Constitu tion. Et si deux de ses membres, par obéissance à la loi ou au pacte fondamental de l'Etat,ont cru devoir agir comme ils ont agi, et ont bien fait, nous lie nous sentons ni le droit voultrui la sagesse nécessaire pour blâmer ou pour condamner les trois autres. Et nous pensons que la Lé gislature, Chambre et Sénat réunis, no so transformerait pas en Haute Cour de Justice pour les dégrader, les décapiter on les envoyer à Bâ ton Rouge. Ce qui est plus proba ble, c'est que la Législature actuel le, tant honnie, tant méprisée et si ridiculement enfermée dans une cage à singes, demanderait plutôt l'appel d'une autre Constituante ou Con vention constitu t ion n elle. Le Gouverneur est prié d'essayer. XVII. Passons au Judiciaire. Ici, nous direz vous, il fout des précautions et de la mesure. Comme dans tout. Dans une démocratie et dan3 une république, tout se discute. Mais si le Judiciaire, tel qu'il ex iste dans la Constitution de 1S79, est un système complet, parfait et harmonieux, uous voulous bien al ler le dire à Rome et à Léon XIII. D'abord, pourquoi ces deux prin cipes dans le judiciairs, l'un électif et l'antre non électif t Ou le principe électif est bon, ou il est mauvais. Mais s'il est bon, qu'il soit par tout et pour tous appliqué. Quo s'il est mauvais, no l'appliquez un au cune circonstance. Mais voyez plutôt : Les Juges de la Cour Suprême, cinq en nombre, sont choisis par le Gouverneur et confirmés par lo Sé nat. Les Juges do la Cour do Circuit ou d'appel secondaire sont élus par la Législature. Oh pourrait les nommer les juges ambulants ou pé ripatéticiens. Vous savez pourquoi, et vous savez ce. qu'ils ont à faire. On prétend — mais pas nous — qu'ils ont été créés pour lo bénéfice des avocats sans cause ou sans causes importantes. Ils vont de village en village, et ils sont doux, sans doute pour ne pas s'ennuyer. Ce n'est pas pour eux qu'on a dit : f Numero Dem; impare gaudet. Ils sont géné ralement d'accord. Ils peuvent fai re la géographie des lieux qu'ils vi sitent. Les Juges de District sont élus par le peuple, sauf à la Nouvelle Orléans. Car les gens de la Nouvel le Orléans, parait-il, ne sauraient point convenablement choisir. Us sont lourds d'intelligence, étroits de jugement et têtus/ comme des mulets de Plaquemines. On ^ rai son de se méfier d'eux. Et puis, pa raît-il encore, les éligibles sont très rares à la Nouvelle-Orléans. Cet te honnête ville est sans beaucoup d'avocats. Cinq ou six cents tout au plus ! De quoi dévorer ciuquan te Nouvelle -Orléans. Mais en di sant ici que les juges de distriet, dans les paroisses de la Louisiane, sont à la l'ois juges de paix, ju ges de paroisse et juges de dis trict, nous constatons un fait connu. Cela est notoire, et la justice en soullre. Quant aux ternies de la Cour, ils sont assurément trop éloignés les uns des autres pour que la justice soit rendue avec jus tice, sans lenteur, sans longueurs, sans excès do prison préventive, s,ms frais énormes pour la commu té, etc. Car Dieu sait co quo coû tent à nos paroisses les geôles, les Cours et les officiers criminels. Le peuple ne paie d'impôts que pour la répression des crimes, et sans que le nombre (les criminels dimi nue. Enlin, les Juges do paix, aussi nombreux que les wards ou dis tricts de la paroisse, c'est à-dire cinq ou six cents au moius, sont élus par le peuple. Us ont une ju ridiction très restreinte, comme leur capacité, dit-on. Ils, n'ont point de salaire. Ils vivent comme ils peuvent. Ils mangent co qu'ils peuvent. Aucune qualification de savoir et de moralité n'est exi gée d'eux. II n'est pas absolument nécessaire qu'ils sachent lire et écrire. Mais lÜur intérêt est cer tainement la guerre, non la paix. En tout cas, et disons le en pas sant, il saute aux yeux de tous que la juridiction do 'a Justice de paix devrait être plus étendue, qu'il fau drait, là comme ailleurs, des quali fications ou des garanties de savoir et d'intégrité, que le nombre des juges «le paix devrait être diminué, i et qu'uu salaire fixe et raisonnable affranchissant le magistrat dé paix et du premier échelon judi ciaire, relèverait et purifierait pouf lebien cpmmun une magistrature gé néralement avilie et méprisée. C'est en bas, voyez-vous, près do peuple» qu il faut purifier la justice. Lt*s er reurs de la Cour SuprAme ne peu. vent pas démoraliser le peuple, qiii les ignore; mais les méfait« de la justice inférieure et ses grossières absurdités ont une influence terri ble sur les classes pauvres, iguo ran tes et affranchies depuis quel ques années seulement. Si la Loui siane, depuis l'affranchissement des noirs, avait eu dans chaque pa roisse desjuges de paix éclairés, honnêtes, consciencieux et dignes de co nom, la Louisiane Re trouve rait actuellement en pleine lumiè re et en pleine moralité. Co sont les juges de paix de ces quinzojou sei ze dernières années qui out vérita blement corrompu et pillé l'Io nme noir. Mais si vous trouvez que"! ie sys tème judiciaire do la Constitution de 18<9 est bon, c'est que vous êtes faciles ou indulgents. xvixr Evitons tout chaos, évitons toute confusion, et sachous, si possible, être logiques. ' Ou le système électif est. bon pour le judiciaire, ou il est mauvais, m. '/®' mauvais, osons franche Ä f, f °°» r Wement y renoncer. H„ a S Ä X vh 'T t,c la Constitu tiou de 18i9 no mérite aucun respect et aucune considération. Il dit des compromis étranges et des compro w t0Utü , " a,ure - °» sent qu'il est I œuvre des partis et des politi ciens. Il condamne ceux quil'ontfait, et il autorise le peuple à déclarer que ses Constituants, dau? nne nia tière de clarté,de netteté et de rigou reuse logique,ont agi comme de véri tables avocats et systématiquement embrouillé et obscurci ce qui doit etro simple, limpide et luminex. Qu* qu ' u " judiciaire qui m  U 7 f0nnité 1 Pourquoi ie lui-ci est-il élu, et pourquoi celui-là linrauMI ^ ' PoUr <l"<>i peuple aura-t il ses clients ef le gouvernent dU« C |p e -" tS i st il B * 5cessa 're qu'on se les juges du peuple et les juges lu gouverneur? Car le fait existe* et e pouvoir exécutif n'est même pas le plus mal partagé dans le choix. °" dir * ^ ue Election est mauvaise pour le judiciaire, que la peup!e ne peut point connaître ceux qui sont dignes et ceux qui ne lo sont pas, que toutes les électious sont, des erreurs ou des absurdités, et qtt il y aurait folie insigne, ridicu e sans nom et démagogie sans pa 1 A a ! sser ai1 Peuple, à la foule et à la vile multitude—car nous de ■ e '.' a T°'. r 111,0 vile multitude par ici—le choix des cinq Juges qui composent la haute et Suprême Corn' de I Etat de ia Louisiane. I eut être, peut être. II est aussi facile do croire à l'in» telbgeuce et à la sagesse du peu ,i! qU *1 Sil gesse et à l'intelli gence dun gouverneur. Uu gou verneur, homme de chair et de lias sions, homme de parti et de fai blesses, dangereux par nature et par empiétement do pouvoir, n'est pas absolument infaillible. S'il fait lait lui couper une oreille chnquo fois qu il se trompe, il lui faudrait assurément des centaines d'oreilles, ht puis, comme on a l'air do se mé uer du peuple, le déclarant iuapto à ceci, étranger à cela et bon tout «ui plus a subir ou à accepter, un cet tain i list i n ctjdéui ocratique, nous pousse à aller vers lui, à lui rendio les droits oubliés ou méconnus, à la remettre en possession de la souve raineté entière et véritable. Ne le croyons ni ignare ni corrompu. Il a plus d'esprit que nous. Il a plus do bon sens que nous. N'est-il pas notre maître, et de quel droit, s'il vous plaît, prendrions-nous sa i>1r ce et son nom ! Vrai, la Cour Su preine choisie par le gouverneur \Y iliz est incontestablement bonne, bien que ses cinq membres no soient pas toujours d'accord, et nous nous {liaisons à rendre justice à sa science, à ses luftiières et à sa bonne volonté ; mais—dût-on nous accuser do folie ou de démagogie—' nous croyons sincèrement et lerine lUiMit que le peuple de la Louisiane, apppelé à élire les cinq juges do sa Cour Suprême, se serait donné une Cour Suprême égale à celle que lu gouverneur Wiltz a choisie en l'an de grâce 1880, après lo départ du regretté Nieholls. Egale en savoir, en dignité et en patriotisme! Aus si, les qualifications à la fonction étant bien établies et bien fixées, et si le judiciaire, lui aussi, doit. Svi mouvoir dans la démocratie et dans les principes démocratiques, nous sommes loin d'objecter à ce que lo peuple élise directement ses juges, tous ses juges, ceux de paix, ceux de paroisse et ceux delà Cour Su prême. Car il n'est pas absolument nécessaire que lo Judiciaire ait cinq échelons. Trois doivent suffire. Quoi donc encore 1 C'est tout. C'est même trop.