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Le pionnier de l'Assomption. (Napoleonville [La.]) 1850-185?, September 15, 1850, Image 1

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LE PIONNIER BE L'ASSOMPTION,
. JOURNAL POLITIQUE, AGRICOLE, LITTERAIRE ET COMMERCIAL.
VOIi. I.
NAFOLEONVILLE, DIMANCHE. 15 SEPTEMBRE 1850.
NO. 2.
LE PIONNIERJE L'ASSOMPTION,
publik l'ak
SU PERVISLLE &. DEVILLIERS
Contrition# iuSôûnwiT
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aux prix les pins modérés, toutes espèces d'ou
vrages typographiques, (Jobs,) tels que, cartes
, fac tures. tamphtets, blancs, etc., etc.
(KrNous prions los personnes à qui
nous adressons le Pionnier et qui n'ont
par» l'intention cle b'abonner, de nous le
faire savoir en nous retournant la feuille.
Rectifications .— I)an9 un article du
premier numéro du Pionnier , intitulé
i,ocai.itiî , M. Downs est présenté comme
whig par suite d'une erreur du typogra
plie qui a composé cet article. Le mot
whig était souligné dans la copie cl em
ployé pour faire allusion à l'espèce de
Milte et d'adoration dont M. Downs est
l'objet de la part des whigs (avec inten
tion typographique). Nous espérons bien
que cette erreur mira été devinée et
qu'elle ne nous vaudra pas la ruade de
quelque journaliste d'Arcadie.
Dans ce même article localité , nous
avons affirmé, sur le rapport de person
nes dignes de la plus haute considération,
que «dans le meeting, tenu à Napoléon
ville, le samedi, 24 août 1850, les whigs
y réunis étaient bien neuf". Nous ap
prenons qu'un membre de cette as
semblée proteste contre cette assertion,
en déclarant qu'ils fiaient plus qui neuf.
Nous avons trop le sentiment du jiste et
nous tenons trop à être impartial pur ne
pas reeonnaître que cette proteiation
est loin d'être dénuée de fondemcÉ. U
>~~t rmi que quoique bien nmC, MU. les
whigs étaient plus que neufs.
P.-S. — I,cs quelques ligres qui j-é
cèdent, étaient déjà entre les mainal u
compositeur, lorsqu'un des plus obsess
journaux whigs nous est tombé ßous lg
Veux; ce journal relève nvec un petit to
de pédagogue, qui sent son pion d'um
!ÎT:. |,,!r r ! " r, y M> T'? w ". d f
later ; seulement au lieu d'en faire une
faute de typographie, il enjfait une ftn«<
rie, et semble nous dire que nous igno
rons le credo politique de m. downs.
A cette malvoillanle insinuation nous
ne répondrons pas. — NouS n'avons point
l'habitude de nous battre contie des mou
lins à vent.
henry Johnson.
La convention whig, tenue à Donald
sonville dimanche dernier, nvait à choi
sir un successeur ft M. Conrad* entre
plusieurs candidats, présentés l'un par la
Nouvelle-Orléans* les autres par lès pa
misses ; mais parmi Ces candidats, nous
avons remarqué que Ton avait Oublié
hvcc voin , l'honorable Henry Johnson.
Après une séance des plus orageuses,
C. Bullard, ancien juge de la Cdur su
fême* fut choisi paf les whigs, battant
•îlate couture, l'homme présenté par
le «chefs du parti de la Nouvelle-Orléans,
M. Hunt. De ce choix nous n'avons
poirt à nous plaindre, il doit à un temps
tantS, nous faciliter la victoire.
Qtont à M. Henry Johnson dont il
**a pie même été question au sein des
»emVlées partiellles tenues par les
»higs, avant la convention, qu'on nous
prmett* de crayonner en deux lignes
^silhouttte politique; nous chercherons
ensuite à énumérer les titres qu'il n'a pas
à k sympathie des whigs, quand même.
M. Henry Johnson est whig ! mais
w fög dans l'acception républicaine de
ce mol > c'est à dire que sur plusieurs
Estions fort importantes et toutes d'ac
idité, M. Johnson dilfèfe essentielle
*nt d'opinion, avec ses ccf-féïigionnai
* politiques ; habitué à consulter sa
•nscicnce avant son parti, son devoir
•nntun programme quel qo'll seit, M.
«hnson a du froisser dans «whites oc
rions l'aristocratique susceptibilité de
frères on whiggisme ; il a eu le grand
tort, aux yeux des chefs du parti auquel
il appartient, de ne pas obéir aveuglé
ment à leurs ordres , de fronder parfois
leur mesquine ambition en un mot de
se montrer indépendant ! Indépeudant
c'est là un crime de lèze whiggisme, que
les Césars de coterie ne pardonnent ja
mais ! c'est pour ce crime que M. John
son est tombé dans la disgrâce de ses an
eiens partisans.
Henry Johnson est Virginien ;dès sa
plus tendre enfance il fut nourri des
principes républicains de Jefferson et de
Madison, et lorsqu'il arriva en Louisiane
(il avait trente ans alors) il avait mûri
par l'étude, une raison précoce, une
rare intelligence. loi. M. Johnson fit
un chemin rapide ; nommé au départe
ment de l'intérieur sous le gouverneur
Claiborne, les capacités remarquables
qu'il déploya dans cette place difficile, le
firent remarquer et bientôt il fut élu
gouverneur de l'état.
La conduite polique de M. Johnson
fut dès lors active, de passive qu'elle
avait été jusqu'à ce moment ; envoyé
comme représentant de la Louisiane au
Congrès, on le nomma sénateur, la ses
sion suivante, et ce fut surtout à la Cham
bre haute, que ce politique distingué,
développa les qualités brillantes et soli
des qui le caractérisent. On se rap
pelle encore le vigoureux coup d'épaule
qu'il donna à l'élection d'Adams, on ne
saurait non plus oublier ses malheureuses
protestations contre Van Buren et tout
ce qui l'entourait ; mais Johnson était
whig, il ne pouvait entièrement l'ou
blier.
Cependant, il vota, presque seul entre
tous les whigs, en faveur de l'annexion
du Texas, et se prononça ouvertement
pour un tarif modéré.
Dans maintes occasions, Henry John
son a prouvé qu'avant d'être whig, il
était Américain, qu'avant d'être homme
de parti, il était patriote ! c'est de cette
tendance marquée nu progrès, que nous
savons gré à cet honorable citoyen. Il
est des principes immuables qui sont
au dessus des rivalités de camp, parce
qu'ils sont la base de toute nationalité ;
ces principes, M. Johnson les professe
et les respecte, il a toujours montré une
indépendance digne de louanges ; i! a
pour ne voir, ne soutenir, ne défendre
ue les intérêts des masses.
Or les masses sont essentiellement dé
%cratiques, donc M. Johuson a souvent
^démocrate ! les whigs le savefït bion,
justement ce qui fait leur froideur^
cc ii cause leur antipathie contre l'an
cieirouverneur.
^»caractère personnel de M. John
son t sa vi e s privée, commandent le
fespet^ quant i sa vie politique, elle
est Cchque nou9 venons de dire, celle
d'un h*, me q U i a droit à l'estime de
chacun*p our nou8 r £ gum cr, nous dirons
que M. ohnson est un whig libéral,
( quoiquôçg d eux mots semblent hurler j
de ee Voil^couplés ) dont les princ|cW
pes générât g0n t honnfites, dont la coi^^
duite a touj» rs ^ loya'e, dönt les actes
politiques oi^jg conciencifux , parfois
à côté du vr| ce ] a cs t possible, mais du
moins accOmi aTe (. ] n conviction qu'ils
devaient por^ bons fruits. Cette
carrière polity a-t-ello été exempte
de fautes* nou^ cr0 yons pas, mais
nous n'avons voulu à l'hömme, la
perfection i ce tait demander à la
créature ce qui cr éateur possède
seul ! il fie faüf 8 ge montrer si exi
geant.
Pour toutes les sérieuses que
nous venons de sîgikp et qui s0M le8
traits les plus saillai^ double carac
tère public et privé sj| en ,.y Johnson,
les whigs ne l'ont ^ cn odeur de
sainteté ; c'est pour qy C nous,
démocrates, nous Paiiy etquc nou9
nous plaisons à lai ren<fc hommaj;e ^
lui rendant justice
Nos lecteurs savent pour
quoi 1 hon. Henry J^Hfbrillait par
son absence à ta Conm m ^ a ^
tenue dimanche derfliör »T)önaWson
ville* f\
Mais les démocrates ne ^ cn( se
laisser dislancer fpar lcurl otls arn j g
leurs ennemis, les whigs! ils se réuniront
demain à Donaldsonvillc , dans le
but de choisir un candidat pour rempla
cer M. Conrad au Congrès. — On sait
que l'élection aura lieu le 30 de ee mois.
Si nos amis croyaient ne pas devoir
faire choix d'un candidat, nous pen
sons qu'ils feraient sagement de se
rallier à Henry Johnson qui ne peut
manquer, lui, de se portercandid ut quasi
whig, ou peut-être même indépendant.^
ce serait doubler les chances de succès
de ce citoyen, car il est probable que les
whigs de la Nouvelle-Orléans, o'atrès de
l'échec éprouvé par M. H unt , s'empres
seront d'abandonner le juge Mallard à
son malheure« < .'-ïomplie, tt reporteront'
leurs voix sur M. Henry Johnson.
Que les démocrates y réfléchissent sé
rieusement.
ETATS-UNIS, ANGU £ tfiRE ET CUBE.
(}ue l'Angleterre nous adresse lcsépi
thèies d'envahisseurs, de flibustiers, d'é
cumcurs de mer, c'est fort naturel atten
du qu'il est bien dans la nature des peu
ples en général, comme dans celle des
hommes pris séparément, d'insulter de
loin quand de près, il leur serait impos
sible de mordre. Mais qu'elle dise que
nous avons jeté un regard d'amour sur
cette île de Cube, tant convoitée, que
nous ne sommes pas capables de vivre
d'amour platonique et que nous enlace
rons cette belle reine des Antilles d'un
nœud gordien qui nous en assure la pos
session, c'est plus naturel encore, c'est
exactement vrai. Voilà une proposition
que nous allons réduire pour elle à l'état
d'axiome.
Sans contredit l'Union américaine et
l'Angleterre sont aujourd'hui les deux
grandes puissances qui se disputent l'em
pire*commercial des mers. Nolrejlitloral
de l'Atlantique, relativement a son éten
due, a infiniment peu de ports militaires.
Ces ports se trouvent entre l'embouchure
«fu'à Saint-Augustin. Ainsi de ces deux
ati0ns i l'Angleterre pourrait facilement
, ! 0( l ac< ' toute côte orientale des Etats
du Chea9apeake ct Portland, et n'offrent
par conséquent à nos vaisseaux un refige
sûr que sur la quatrième partie de la rve
orientale des Etats-Unis. Les slalbns
militaires de Key-West et de Pensaola
sont d'une importance secondaire et n
suflisanlcs, dans un cas de guerre, p>ur
rendre inabordable l'immense litloraldu
Sud de l'Union.
Voilà l'état véritable de nos côtes ;k'n
coup-d'oeil sur une carte géographiqie
de l'Amérique, suflit pour le démontrer.
Quel est au contraire la situation de
l'Angleterre à côté de la nôtre. D'ïa«
lifax ses flottes menacent toutes les eftes
américaines de l'Atlantique. En diux
jours, ses vaisseaux peuvent se trou
ver en vue de Boston; en quatre,de
New-York;en cinq, du Delaware. De
Bermude, le rocher solitaire, autre cn
tinelle avancée de l'Angleterre, les ar
mes britanniques peuvent, en cinq joars,
être en vue de tous les ports du Sud jus
Unis.
Par cet aperçu on comprend de quelle
irftportancÊ serait pour la Grande-Bre
tagne la possession de l'île de Cuba.
Avec cette pontion ne pourrait-cllc pas
dans quelques heures, bloquer toua les
pörts du golfe et ne serait-elle pas ainsi
absolument maîtresse de tout l'Atlanti
que?
Maintenant qtfî ne connaît assez la
politique anglaise pour ne pas savoir qu'à
tort ou à raison, par la diplomatie ou par
les armes, elle a essayé cn tout temps
d'acqûérir ce qui teutait sa copidité?
Cuba est une belle perle, donc Albion
veut la posséder; CulTa est la clef du
golfe, donc tous les cabinets anglais,
pactiseront avec Machiavel et tous les
diables du sombre empire, plutôt que de
ne pas essayer de l'acquérir.
Mais Cuba est aussi à la convenance
de l'Union. Par sa position géographi
que elle lai revient plutôt qu'à l'Angle
terre. Par son importance militaire, elle
aniliile tout ce qu'il y a de menaçant
dans la situation des Bermudes. Cuba
est une belle province, elle mérite de ne
bien d'être libre; c'est la clé du golîe,
il faudra bien qu'elle tombe entre les
mains do la liberté.
L'importance de ^occupation de cette
île, pour l'Union et pour la Crande
Bretagne, est si bien comprise par le
Fraser*s Magazine, journal anglais, qu'il
suggère un moyen qui empêcherait en
tre ces puissances, toute rivalité, toute
difficulté future sur cette question. Il
propose à l'Union et h la 0 runde- lire
tagne de renoncer à tout projet sur cette
• le, de s'unir au contra.re pour en assu
rer a I Espagne l'éternelle domination.
un plan trt!3 Pulque, mais il est
impossible à réaliser. En effet comment
supposer que deux des plus grandes na
.'«ons du monde civilisé, puissent s'allier
pour maintenir Cuba sous le joug abru
tissant de l'Espagne? Ce pacte ne se
rait-il pas une anomalie? Ce serait un
démenti, donné à l'esprit révolutionnaire
du siècle, par notre république, loyer vi
vifiant de tous les instincts libéraux. Co
serait pour la province espagnole, une
exception de la loi fïhivcrsclle qui brise
les jougs et change la face du monde.
Du reste ce pacte anormal existât-il,
quelle serait sa durée? Les ressources
militaires de la Grande-Bretagne dans
nos latitudes et cell« s dont le cixisme
américain peut disposer aussitôt que son
esprit d'indépendance sera entravé, ou
sa dignité blessée, n'annoncent-elles pas
pour l'avenir une rupture inévitable? lie
peuple américain, ou du moins la majo
rité de ce pénple, porte ses vues, ses sym
pathies, ses affections vers l'annexion de
cette île aux doux fruits, de cette reine
dos Antilles cl du golfe mexicain. Par sa
position géographique, nous le répétons,
elle appartient à notre continent; ainsi
nj la conquête de cette île par un autre
pj-iple, ni l'annexion achetée par un au
t<e nationalité que la nôtre, n'empêche
r«nt les tentatives des Américains pour
en faire une nouvelle étoile.
Le gouvernement de Taylor a bien
présenté quelques obstacles ù ia folle et
ridicule expédition de Lopez, mais nous
doutons fort qu'aucun gouvernement amé*
ricain puisse entraver, dès ce jour, la
marche d'envahisseurs habiles, braves et
nombreux, que la majorité du peuple ai
dera de ses vœux et de ses trésors. Cuba
est la clé du golfe mexicain. Voilà un
fait qui pèse plus dans la balance de la
politique que tons les droits prescripti
bles et toutes les obligations internatio
nales qu'on écrit dans les protocoles. Si
un jour notre énergique et irrésistible
fédération répondais à ce sujet, à quel
que réclamation étrangère, assurément
c'est sur le fait, Cuba est la clé du golfe
mexicain , que sa réponse se baserait. Et,
au fait, l'empire toujours croissant de
l'Union pourrait-il permettre à quelque
puissance, rivale Ou ennemie, d'élever
des forteresses et de faire Ses armements
dans les limites de notre juridiction? La
nature a placé Cùba de manière à faire
partie de notre grande fédération. Ni
l'Angleterre, ni l'Espagne ne pourront
l'empêcher.
POLITIQUE EXTERIEURE.
L; , Fr[>ncc d[U)s0 duns „„ tolc , n ,
On a dit souvent, 6ous le règne de
liOuis -Philippe, la France danse sur un
rolcan ! depuis la révolution de Février
1848, on a changé la formule et l'on dit
Rien ne semble pliis exagéré, plus ri
dicule peut-être, rien n'fcst cependant
plus vrai ; pour se convaincre de l'exac
titude de cette assertion, il s'agit tout
implement de jeter un coup-d'œil impar
iai, sur la position respective des deux
grands pouvoirs de l'Etat, l'Exécutif et
je législatif.
I La révolution de Février, en jetant
bas le trône du premier roi des Français ,
lémolit à toujours la royauté ! Le peu
pie fit en 1848 pour la monarchie cons
ütutionnelle, ce qu'il avait fait pour la
monarchie absolue en 1789 : il la brûla
Jans le velours de son trône, puis en jeta
es cendres aux quatre vent#.
De ces cendres, naquit la Républi
ue t — mais quelle Républiq te ?
N'étant pas préparée au grand acte
!juc venaient d'accomplir ses enfants, la
France fut surprise ct le laissa voir ; on
renait bien de détruire une forme de
gouvernement, on -entait bien, on disait
même le nouveau mode de gouvernement
que l'on désirait, mai« on r.e savait à
quelle République s'arrêter ! Aurait-on
des consuls, nu dictateur, un directoire,
01 , UI1 président? On l'ignorait, aussi ful
on obligé d'avoir recours à un gouverne
ment provisoire.
C e gouvernement composé d'éléments
hétérogènes, d'hommes ayant soutenu
plusieurs régimes, et de républicains de
| a vieille roche, ne pouvait présenter au
L nys dcs g;i ^ 8 cortains ( j, 0I . (lrc ct ( , c
paix pul)lits . , cs , ncml)rcs du
le comprirent facilement, aussi se mirent
ils tous ù l'oeuvre, faisant chacun son
projet de loi, dressant, chacun ses plans,
braquant ses batteries. Qu'arriva-t-il ?
les actes du gouvernement furent contra
dictoires, dès lors sa position devint faus
se ! Aux ouvriers qui chaque jour ve
naient en masse h l 'Uôtcl-de-Vilic, de
mander du travail on promettait du pain,
et jamais on ne leur donnait ni pain, ni
travail, on ne le pouvait pas : le trésor
était a sec, les atelier» étaient fermés et
les fabricants ne voulaient, à aucun prix,
les r'ouvrir.
Le gouvernement provisoire entassa
fautes sur fautes, et sans être taxé d'exa
gération, ni de partialité, l'on peut dire
que c'est à lui que sont dues les tristes
journées de Mars et'd'Avril, la manifes
tation de Mai et la sanglante insurrec
tion de juin.
Cette dernière lutte, épouvantable
guerre civile qui dura trois jours et coûta
quinze mille hommes à la France, se ter
mina par la mise en état de siège de Pa
ris, et 1 élévation du général Cavaignac à
une quasi dictature. Cavaignac, répu
blicain sincère, politique habile, homme
de guerre distingué, comptait de nom
breux et chauds partisans au sein de l'As
semblée nationale; cette sympathie d'une
chambre qui n'était rien moins que répu
blicaine, éloigna de Cavaignac les vrais
républicains qui craignirent de voir le
général passer dans le camp ennemi;
cette séparation que le vainqueur des
barricades ne pouvait ni prévoir ni cm*
pêcher, lui fut fatale; en effet le temps de
l'élection présidentielle approchait, et le
général Cavaignac allait devoir briguer
les suffrages du peuple; Raspail était le
candidat avoué, des socialistes ; Louis
Bonaparte se présentait aux mécontents
du nouveau régime, c'est-à-dire aux hom
mes qui étaient républicains modérés, et
à ceux que l'on appelaitassez spirituelle
ment, les républicains du lendemain;
Cavaignac était le candidat de Vordre.
Le Bonaparte fut élu président de la
République à une immense majorité ! Ce
résultat fut-il, ainsi que l'ont dit les réac
tionnaires, Une protestation contre Jcs
événements de février? Non , ce fut
comme une dette que les Français pri
rent à cœur d'acquitter; ils se souvinrent
de Sainte-Hélène, ct du grand homme
qui, après avoir élevé la France à l'apo
gée de la gloire, après en avoir fait la
première nation du monde, était allé ex
pier sa grandeur au-delà des mers, et
traîner sur un rocher aride, une agonie
de six ans. Le neveu afait hérité du
nom de son oncle, il hérita de sa popu
larité !
Louis Bonaparte n'était encore connu
que par ses deux célèbres échauffourées
de Strasbourg et de Boulogne; certes ces
deux écoles étaient de tristes recomman
dations, mais cependant, on devait es
pérer qu'elles lui avaient donné de l'ex
périence, on devait croire cet c*-préten
dant instruit par le malheur.
On s'aperçut bientôt que l'on s'était
trompé, mais il était trop tard ! D'une
incapacité notoire, le Président de la Ré
publique française, à peine installé à
l'Elysée, fit revivre toutes les traditions
de l'Empire; il joua nu prince, dans l'es,
poir de jouer plus tard à l'empereur, il
renia les principes qu'il avait acceptés
en s» vouant à la défense de la Constitu
tion ot de la République; il s'entoura des
hommes les plus antipathiques à la na
tion; il mit à la tête de son cabinet, M.
Odillon-Barrot, le politique sans vergo
gne, le flatteur ds Charles X, le défen
seur des d'Orléans.
La campagne d'Italie est ordonnée,
malgré la courageuse opposition des mou
(agnards 1 la République française en
voie ses soldais dans 1 i ville éternelle
pour tuer la République romaine !—( '<•[(<•
violation flagrante de la Constitution n'é
tait que le prologue de la comédie poli
tique, que les royalistes voulaient faire
jouer au Bonaparte ; celui-ci incapable
de prendre une salutaire initiative, de
sortir par une noble résolution de la voie
dans laquelle il s'était engagé, poursuit
sa politique rétrograde, et. fait voter par
sa majorité imbécile, composée de gens
vendus de tous temps au pouvoir, les me
sures les plus vexatoires, toutes anti-na
tionales, anti-républicainç^n^
Les ministères se succèdent avec rapi
dité, le Bonaparte renouvelle souvent
ses commis, mais les hommes on! beau
changer, les choses restent les mêmes !
toujours la réaction!—Enfin les journaux
de l'Elysée prêchent un coup cVEtnt, on
craint un nouveau 18 brumaire ; le peu
p | c sc réveille, et les élections partielle
q U j or ,£ ij c „ dans les départements en
avril 1850, donnent une forte majorité,
significative surtout, nux-candülats r£|
b'licains. Que fait alors le président
lieu de profiter de la haute leçon que*
donnent les électeurs, au lieu de se ren
dre aux eonneils qui lui viennent de .ju
tes parts, il rOmpt en visière au peuple,
ù la législative! Ses ministres viennent,
chaque jour étaler à la tribune, des pro
jets lihcrticides ! On a rogné les grilles
au lion populaire, il est temps de le met -
tre en cage!
Plusieurs de ces projets sont si mons
trueux, que latnnjorité, e'est-à-diro l'ex
pression la plus triste de la servilité, n'o
se les adopter : elle recule devant l'ac
complissement de cette œuvre réaction
naire! mais si elle craint d'afficher trop
de bassesse, elle craint plus encore de
perdre le salaire de son obéissance pas
sée, aussi s'emprcsse-t-elle de voter une
ou deux lois sur sept ou huit; elle tronque
d'abord le suffrage universel, elle le
morcelle, l'anéantit! Enfin vient le tour
de la presse; on a bien str enchaîner la
parole, en supprimant les réunions pu
bliques de citoyens, on saura bien clouer
la plume des écrivains libéraux f Aussifftt
fait que dît : le timbre est rétabli sur lWs
feuilles quotidiennes, il est rétabli, mais
revu et augmenté, car on invente un
second timbre qui frappera le feuilleton,
qui privera des milliers de journalistes de
leur gagne-pain; oui de leur gagne-pain!
la plume n'est-ellc pas à l'écrivain, ce
qu'est la charrue air laboureur, ftr com
pas à l'ouvrier?
V
La loi contre la presse est Parte le
plus odieux, le plus arbitraire, mais aussi
le plus insensé, qu'ait encore osé le neveu
de son oncle. — Sera-ce le dernier, if est
difficile de le croire.
L'Assemblée législative, n laquelle le
Président s'est, montré si hostile, ces der
niers mois* vient de s'ajourner; les va
cances seront de trois mois, elles ont dû
commencer le 11 août. Le Bonaparte a
déjà mis à profit l'absence des représens
tants du peuple, il parcourt en ce mo
ment le midi de la France, il vaut sonder
l'opinion des électeurs, mais jusqu'à pré
sent il n'a point eu à se féliciter de
son voyage; à Lyon la réception a été
plus que froide? Que sera-ce à Toulon ?
Qu'est devenue ta popularité, élu du 10
décembre? Oû sont les cinq millions
d'électeurs qui ont sacrifié à toji nom, en
1848?
Dispersés!
DU MOINS AU PLUS OU OU PLUS AU MOINS
L'esprit humain fait quelquefois la
critique des petits scandales ct des petits
ridicules; mais que de fois pour l'homme
que cherchait Diogène (nous ne le con
naissons pas) que de fois cet esprit hu
main ne prostitue-t-il pas ses jugement»,
que de fois ne tombe-t-il pas dans les plu»
grands ridicules?
Quand^on voit un brave homme aimer
bien sa femme, élever honnêtement sa
famille, jouir à peine de la considération
qu'on donne à un brave homme et, à côté
de lui, un brillant cavalier qui, do tout,
conjugal a fait deux moitiés entièrement*
séparée*, posséder l'estime publique et

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