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Le pionnier de l'Assomption. (Napoleonville [La.]) 1850-185?, November 22, 1850, Image 1

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VOL. I.
S PIONNIER DE L'ASSOMPTION
JOUMAL POLITIQUE- AGRICOLE LITTERAIRE ET COHIMMCUL.
NAPOLEON VILLE, VENDREDI, 22 NOVEMBRE 2850.
NO.
LE PIONNIER DE L'ASSOMPTION, ^
publie par
SUPERVIELLE & DEVILLIERS.
eonîrctconfii ati journal:
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ble à l'expiration du premier trimestre.
tour cn an : : : : : : : : : : : : : : $5 00
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On exécute à l'imprimere du Pionnier , et ce,
aux prix les plus modérée, toutes espèces d'ou
tragea .fpographiques, (Jobs,) tela jqne, cartes,
factures, pamphlets, blancs, etc., etc.
AGENTS DU PIONNIER.
} M. Michel Lapeyre, Jr.
Nlle-Orleans . . [■ M- Francis Boimare, Li
} braire, 118 rue Royale
A scension MM. Richard & Templet.
Riviere-Neuve . . M. Firmin Duplessis.
Iberville M. J. Breau.
St- J acques .... M. Auguste Thériot.
St-JeXn Baptiste , M. Edward Perret.
St. Charles . . . Rizan Frères, négociants.
Ste-Makie , (Att.): i Zénon Pcrret .
Charento* .... s
Thieodaux .. . . . M. Adolphe Blanchard.
Houma ....... M. F. Gagné.
Ste-Marie A . . M. Etienne Pénisson.
Assomption . \. . G. Rodriguez, Café Star.
Belle Riviere . . M. Pierre Thériot.
Paincourtville , .. M. C. J. E. Gauthier, p. m.
Œ? Dans les paroisses où nous n'avons pas
nommé d'agents, nous prions les Maîtres de Poste
de vouloir se charger de l'agence de notre feuille.
£E BRULE TCHÂCE-BE.
Ce roman repose sur un événement
qui a eu ces dernières années, un reten
tissement immense, un écho douloureux
dans loute la Louisiane et particulière
ment dans la paroisse Assomption.
M. Ed. de Lauc-Maryat on est l'au
teur; nos lecteurs connaissent déjà cet
écrivain;ils savent d'avance qu'ils seront
vivement interressés, agréablement sur
pris, chaleureusement passionnés à la
la lecture de ce roman historique. C'est
là tout ce que nous disons de l'écrivain,
car il est notre ami. Notre réserve à
son endroit, ne peut rien changer au
rang distingué que M. de Lauc-Maryat
occupe dans la presse Louisianaise, pas
plus que ne le pourrait une appréciation
bien développée venant de bous . La
chose est faite par des maîtres; M. de
Laue- Maryat est jugé.
L'introduction du roman a pour titre:
LE TeSTAMENT d'un HOMME DE BIEN.
La première partie,
LE MASQUE ET LE VISAGE.
La seconde partie,
L'HERITAGE DU MAL. •
Aussitôt que nous aurons terminé la
publication du Capitaine Garbas, nous
livrerons au public ce nouveau roman;
peut-être même ferons-nous quelques dé
chirures au feuilleton de M. de Pont
martin, pour hâter le moment où l'œvre
de M. de Lauc-Maryat verra le jour.
POLITIQUE INTERIEURE.
L'esprit de parti ou l'aveuglement po
litique pousse certains hommes du Sud à
de bien déplorables errements. Non
seulement ils donnent tout leur appui à
des mesures qui compromettent les insti
tutions fondamentales de la Louisiane,
mais ils comparent les défenseurs de ces
institutions aux abolitionistes du Nord,
en les qualifiant d e fanatique» ou agita
teurs du Sud.
Et cependant qui ressemble davanta
ge aux abolitionistes du Nord, les hom*
mes qui exaltent des lois qui mettent le
Sud à la merci de ces abolitionistes, ou
bien ceux qTii les ont toujours combat
tues? Dans toutes les circonstances de
la vie et en politique surtout, ce n'est pas
p»r les moyens qu'il faut juger du but, — la
preuve de cette assertion se trouve dans
la conduite des abolitionistes du Nord et
des fanatique» du Sud qui emploient les
mêmes moyens pour arriver à des fins es
sentiellement différentes : l'extinction
de l'esclavage, le maintien de l'es
clavage. Mais dans toutes les cir
constances de la vie et en politique aus.
on peut d'après l'accomplissement
d'un fait criminel, supposer des vues cri
minelles aux perpétratean de ce fait.
Qu'est-ce que l'Union si ce n'est une
«ociété d'Etats qui ont des institutions
différentes, société qui ne peut être du
rable sans le maintien des institutions
enemies qui constituent la religion po
litique et civile des Etats alliés? Nos pè
res le savaient bien lorsqu'ils formèrent
cette alliance fraternelle ;aussi pour qu'el
le fut durable, établirent-ils la représen
tation fedérale sur un pied d'égalité qui
mit les passions humaines, qu'on trouve
au Congrès autant et plus que partout,
dans l'impossibilité de porter atteinte au
pacte fédéral. Mais les passions n'ont
eu que faire de la sagesse des Washing
ton, elles ont forfait au pacte solennel,
elles ont assuré au Nord une représenta
tion qui réduit à l'impuissance la repré
sentation du Sud.
Qu'on ne nous dise pas que la forma
tion des nouveaux territoires d'Utah et
du Nouveau-Mexique sont des conces
sions forcées faites au Nord; — forcées,
parce que ce sont des climats défavora
bles à l'esclave, forcées, parce que cette
concession devait assurer le maintien de
l'Union.
De même que l'Utah et le Nouveau
Mexique, une fois bien colonisés par les
blancs, formeront des Etats libres, de
même,en se colonisant comme partie des
Etats du Sud; ils auraient augmenté la
représentation de cet Etat du Stid et
maintenu ainsi l'équilibre au Congrès.
Si l'on considère ces territoires ainsi
que la Californie au point de vue de la
conquête, puisqu'il est dans l'Union un
Sud et un JVoref, puisque ce Sud et ce
Nord ont également contribué à cette
conquête, il fallait en toute équité, un
partage égal des terres conquises entre
les deux grandes parties de l'Amérique
qui ont des institutions essentiellement
opposées.
L'acceptation par le Texas de son dé
membrement, ne saurait en aucune ma
nière,modifier les devoirs des citoyens du
Sud.Le Texas est un état souverafo.Libre
à lui de vendre pour dix millions de pias
tres une partie de son territoire; mais si
cette vente est une forfaiture indirecte
au pacte social qui lie les Etats-Unis, si
cette forfaiture compromet les institu
tions du Sud, libre aux Etats lésés par
les corruptions fédérales, de protester
contre cette forfaiture.
Dès le moment que quelques engage
ments d'un pacte sont rompus, le pacte
n'existe plus. Ne serait-il pas ridicule
de vouloir empêcher les hommes du Sud
de prévenir, d'éviter s'il est possible, l'a
bîme vers lequel on les pousse?
Qu'est-ce que la loi des esclaves fugi
tifs, la célèbre compensation accordée au
Sud, et contre laquelle le Nord proteste?
Qu'est-ce, sinon l'application d'un arti
cle de la Constitution fédérale? Inutile
d'insister sur ce point. Ni l'esprit ni la
lettre de la Constitution ne sont douteux
à cet égard. Et cependant, nous le répé
tons, le Nord proteste.
Et l'on compare les fanatiques du Sud
aux abolitionistes du Nord! Allez, "'c'est
à l'œuvre qu'on connaît l'artisan... " Les
fanatiques du Sud travaillent au maintien
des propriétés du Sud — ils travaillent
contre les abolitionistes du Nord et con
tre vous.
Niez la souveraineté des Etats ou sou
mettez-vous à leurs institutions. Les bons
frères sont ceux qui soutiennent les droits
et les intérêts de la famille à laquelle ils
appartiennent; rcux-là qui se drapent
dans une façon de manteau civique, pour
trahir ces intérêts, sont des ennemis et
non des frères; les frères qui laissent dé
pouiller leurs frères sans les défendre ou
qui aident les envahisseurs, sont des frè
res faiiiéants ou des fratricides.
Vive l'Union, mais aussi vive la justi
ce! L'Union fait notre force et notre
gloire, mais la Louisiane est notre mère,
les institutions du Sud font notre bien
être. lia désunion serait un grand mal
heur, mais l'abolitionisme ferait notre
ruine. Entre un grand mal et une ruine
complète, le choix d'un peuple ne sau
rait être do uteux. ^
enfin nous avons reçu la feuille la plus
importante des Attakapas " La Gazette ".
Cette précieuse, comme toutes les coquettes,
a voulu réparer ses négligences ou ses ou
blis à notre endroit,par des faveurs insignes.
Nous la remercions d'avoir reproduit intact
notre article Les soixante-dix et l'hon. Pierre
Sondé , que d'autres feuilles ont soumis à de
si rudes épreuves et qui certes, toute modestie
à part, n'avait pas besoin d'être artificieu
sement estropié pour être boiteux.
LOCALTE.
Tout n'est pas rose vraiment dans
l'existence éditoriale. Parmi lesrontfa
riétés, renaissantes comme les entrailles
deProméthée, qui forment le passe -temps
quotidien d'un journaliste de campagne,
la moindre c'est de trouver à chaque nu
méro. un «met m,i r.nend- „„i
mêro, un sujet qui réponde au titre qui
s'étale en tête de cette colonne....Qu'on
juge des autres.
Cependant il nous a fallu aujourd'hui
pour faire notre "Localité," courir aux
informations, s'adresser à M. Pierre pour
lui demander le récit de quelque nou
udiio onnnhaïrt « at t !.
velie anecdote, puis à M. Jacques, puis
à M. Chrysostome, et les obligeants ré
cits de MM. Pierre, Jacques et Chrisos
tome se sont réduits à des observations
sur le beau vilain temps, la persistance
du bayou amaigrir toujours, les gelées
b J ' b
blanches et la glace, toutes choses fort,
ennuyeuses comme tout ce qui est judi
cieux. Désespéré par l'insuccès de nos
recherches, nous avons livré notre âme
à un noir accès du plus britannique spleen ,
et nos jambes à une promenade d'une
excentricité non moins britannique.
Nous nous serions abîmé dans le bayou,
s'il avait été assez profond, si les eaux
n'en eussent pas été boueuses, s'il n'avait
pas fait tant froid, si nous n'avions pas
su nager. Par bonheur nous avons échap
pé à la fâcheuse idée de cette noyade par
une découverte qui a produit sur nous
une sensation fort douce, (C'est la trou
vaille de notre article) mais soudaine
comme la commotion qu'on éprouve au
contact d'une étincelle électrique.
Notre trouvaille consiste dans la dé
couverte d'un télégraphe à Napoléon
ville, non pas d'un télégraphe comme les
anciens, qui n'offraient dans l'exercice
de leurs fonctions, que le spectacle de
grandes potences prenant diverses atti
tudes fort peu gracieuses; non pas comme
les nouveaux, qui montrent à l'œil un fil
de fer, et à l'intelligence les progrès de
l'esprit humain, progrès qui font commu
niquer aujourd'hui dans quelques heures,
les habitants des rives opposées des con
tinents et les continents entr'eux, mais
un télégraphe, qui appartient au passé
et au présent, qui appartiendra à l'ave
nir, et que nous croyions incapable, d'ap
partenir à Napoléonville. Pour le bien
que celte découverte nous a fail, merci
aux inventeurs qui sont sans doute bien
loin, merci au génie qui a su trouver à
Napoléonville des combinaisons topogra
phiques assez favorables pour l'établir.
Notre télégraphe, nous pouvons dire
notre puisque "la propriété est un vol,"
fonctionne par la force du magnétisme;
les correspondants s'établissent à deux
croisées données, bien discrètes pour
tous, excepté pour eux. A en jnger par
le'temps qu'ils ypassent, ils doivent se dire
de bien agréables et importantes choses.
Nous avons été curieux une seule fois au
point de nous assurer que les trois séan
ces de chaque jour, y durent une heure,
plutôt plus que moins, chacune.
A une de ces croisées nous avons dis.
tingué la plus jolie tête, le plus frai« mi
nois de Napoléonville, nous demandons
pard m de l'emploi de ce superlatif à
toutes les beautés qui ont des prétentions
ou des droits à la pomme de la plus belle ;
nous ne sommes pas un Pâris et quoiqu'il
fasse bien froid, nous ne voudrions pas
voir brûler notre Uion. Une Hélène
ne sera donc pas notre partage, ce dont
nous sommes bien aise pour l'avenir de
Napoléonville, pour tons les Ménélas
possible et pour nous en particulier.
Le frais minois portait à ses lèvres sa
main blanche, potelée et mignonne, et
l'envoyait voluptueusement, à des inter
valles très irréguliers et très fréquents,
dans la direction de la croisée corres
pondante. A cette croisée était un beau
garçon, à la chevelure bien ondoyante et
bien noire, qui avait provoqué sans doute
ces démonstrations d'amour, par quelque
puissance magnétique dont il possède le
secret avec tous les hommes aimés. Nous
l'avons très pea regardé, la correspon
dance de la précieuse fille d'Eve nous
intéressait beaucoup plus vivement que
celle de l'heureux Adam.
Iijstr uk de ce mystère du Bayou La
fourche, nous avons rencontré l'amant
heureux, nous avons fait preuve de la
plus téméraire indiscrétion pour donner
du prix à notre discrétion, nous lui avons
raconté tout ce que nous avons vu, nous
lui avons demandé pourquoi i! employait
tolé g ra Pl>° pour correspondre avec
"Ue peBomie q u, n'a pas l'air d'être inn
bordable pour 1 ai Après avoir engagé
notre silence, si l'on répondait à cette
demande, voici ce qui nous a été ré
pondu :
" J 'ai le bonheur d'être fils de mon
uf trè-ço/dial^ent détesté de
père et de ma mère, et d'être pour ce
utur beau-père. Ce futur beau-père
cependant aurait voulu être mieux que
cela quinze mois avant ma naissance,
"Que les temps sont changés!" A cette
époque il courtisait ma mère qui était
<• • - i» «. i -
tiancee a l'auteur de mes jours; il provo
qua même mon bon père de manière à
s 'attirer une foule de désagréments. Inde
irœ. Après les fiançailles vint la noce
et neuf mois plus tard, moi!
'• Trois ans plus tard, mon futur beau
père oublia ses amours et non sa haine,
pour voler à d'autres amours; il se fiança
cette fois; après les fiançailles vint la
noce et neuf mois plus tard, elle!
" Treize ans plus tard, nous nous vî
ntes au bal, nous dansâmes et nous
nous aimons. J'ai profité d'un prétexte
pour aller chez elle, elle m'a bien reçu:
le père m'a bien parlé. — " Votre vi
site. m'a-t-il dit, me fait le plus grand
plaisir; ne manquez pas de venir au.
tant de fois que... je vous inviterai. "
" Après cette visite s'établit entre
mon ange et moi une correspondance
qui ne fit qu'accroître notre amour; puis
dans un jour à jamais néfaste, une saisie
fut opérée chez ma belle et imprévoyan
te... (Diable, notre discrétion vienÇ de
courir un fameux danger) de là, une fla
gellation générale des commissionnaires
soupçonnés et l'interruption complète
d'une correspondance rendue impossible.
Cette interruption ne fit encore qu'ac
croître notre amour ( pour peu que ça
chauffe encore,gare!) J'ai rêvé quinze
nuits et quinze jours aux moyens de ré
tablir cette correspondance; ah! qu'on
est... peu ingénieux, lorsque l'on aime!
Enfin j'ai vu ma (oh! la discrétion!) à
la fenêtre où vous l'avez aperçue, nous
nous sommes envoyé un baiser, j'ai loué
une chambre qui correspond à la fenêtre
de ma belle et, comme vous savez, nous
nous regardons trois heures par jour, et
quatre, lorsque le permet la vigilance de
l'infernale duègne masculine , qui se
venge sur le fils des succès du père. Mais
eût-il les yeux du lynx, eût-il pour po
lice les dix mille cinq cents trente-huit
habitants de l'Assomption, il faudra qu'il
m'appelle son beau-fils. "
Notre heureux ami finit ainsi le récit
de ses infortunes. En reconnaissance
de l'article que ses aventures amoureuses
nous procurent, nous lui souhaitons une
noce prochaine, avec ou sans fiançailles,
et une postérité nombreuse. Si cette
noce se réalise, (nous nous y invitons,)
nos lecteurs en seront informés, mais
avec la discrétion, qui a présidé au récit
de ces amours.
(KrNous trouvons dans un journal du
Canada sous le titre général "Etudes de
Mœurs" une notice de M. Paul Henne
quin sur les Quakers de Londres. Cette
notice sur une secte religieuse qui nous
est presque inconnue intéressera vive
ment nos lecteurs, nous en avons l'espoir.
Nous donnons les extraits les plus sail
lants de cet écrit qui brille autant par
l'élégance du style que par la justesse des
observations.
Nous sommes loin de partager les vues
politiques et religieuses des Quakers,
mais cela ne saurait être un obstacle à
la publication de ce qu'une religion, qui
différé de la nôtre, renferme de bon.
[ES QUAKERS DE LONDRES»
Deux mille individus, on serait tenté
de le croire, devraient entièrement dis
paraître au milieu d'une ville qui compte
deux millions d'habitants. Ji n'en est
pourtant pas ainsi à Londres des Quakers
ou des amis, comme ils se nomment eux
mêmes. Quand nous portons leur nom
bre à, deux mille, ce n'est là après tout
qu un chiffre approximatif,car cette secte
regardant comme une loi fondamentale
de ne jamais éniimérer ses membres, on
manque de documents statistiques
exact? sur ce sujet. Il ne faut pas croire
non plus que la seule marque caracté
ristique du Quaker consiste dans un cos
tume distinctif- Ils forment, à Londres,
une opulente corporation, et les richesses
jouissent d'une grande considération dans
cette aristocratique cité. L'aisance des
Quakers est tellement proverbiale, qu'on
a coutume de dire "qu'il n'y a pas dans
Londres un seul ami dans l'indigence ou
qui ait recours à l'assistance d'autrui."
Aussi, ne voit-on jamais de mendiants
parmi eux et n'en trouverait-on pas un
reu' qui se fût fait admettre dans une
maison de travail.
Le proverbe est faux cependant, on
trouve des pauvres chez les 'Quakers.
Ce qu'il y a de vrai c'est que la commu
nauté ne souffre pas qu'un de ses mem
bres s'adresse à la charité publique, et
qu'elle expulserait de son sein quiconque
aurait recours à cet expédient; ce qu'il
y a de vrai encore c'est que pour moti
ver une aussi grande sévérité, elle
fût elle-même à ceux des amis qui sont
dans l'indigence une aumône qui ne
s'élève jamais à moins de onze ou douze
francs par semaine. A tout prendre, la
corporation de Quakers est celle qui,
toute proportion gardée, renferme le
moins de nécessiteux; et s'il est constant
qu'elle soit la plus riche des société reli
gieuses de Londres, il n'est pas moins
constant qu'elle en soit la plus charita
ble. Non qu'aucune loi particulière
impose aux Quakers l'obligation de pra
tiquer l'aumône, mais pirce que la plu
part suivant en cela l'ancienne loi judaï
que, donne aux pauvres la dixième partie
de leurs revenus, et que les célibataires
poussent même encore plus loin la bien»
faisance
Parmi les institutions de Londres qui,
mettant de côté tout esprit de secte, ne
recherchent que le bonheur de l'huma
nité, la corporation des Quakers occu
pe sans contredit le premier rang.
La vie d'un Quaker est une suite non
interrompue d'occupations. C'est que
l'oisiveté, pour lui est, au point de vue
de la morale, un vice aussi punissable
qu'un délit. Tandis qu'un grand nom
bre de riches négociants de Londres, au
lieu de donner à leurs fils leur propre
profession, ou tout au moins une profes
sion libérale, en font de vrais batteurs de
pavés, le Quaker, lui, met son fils en ap
prentissage. Il garde sa fille au logis,
ou si cela ne lui est pas possible il la con
fie à une famille d'amis, où la couture
et la direction du ménage forment la
partie essentielle de son éducation. La
danse et la musique sont rigoureusement
proscrites;en revanche, les langues étran
gères, le dessin, la peinture jouissent
d'une grande faveur. On n'admet que
des connaissances qui puissent procurer
des avantages pratiques L'éducation de
l'homme aussi bien que celle de la fem
me ayant principalement pour but de
donner des membres utiles à la société,
jamais ils ne perdent de vue que tout ce
qui ne concourt pas à cette fin est pure
ment secondaire, et c'est pour cela qu'ils
proscrivent sévèrement toutes les baga
telles, tous les colifichets, quelque flat
teurs et quelque agréables qu'ils puis
sent être d'ailleurs pour l'œil et pour les
sens.
Dans leurs paroles comme dans leurs
actions, les Quakers paraissent pleins de
droiture et de simplicité. Ils ne donnent
à personne la qualification de de mon
sieur ou de madame, tutoyent tout le
monde sans exception aucune.
Ils ont conservé jusqu'à ce jour leur
costume primitif. Au premier coupd'œil
on reconnaît les Quakers et les Quake
resses, ceux-ci à leurs chapeaux à larges
bords et leurs collets, celles-là — filles et
femmes,àleurs chapeaux gris-cendré,sans
rubans, sans fleurs, sans plumes, à leurs
robes de soie grise et leur châles blan
châtres. La coupe et la couleur de ces
vêtemens sont-aussi simples,aussi peu pré
tentieuses que le caractère du Quaker,
mais les étoffes sont toujours de la meil
leure qualité. La toilette n'ett ni co
quette ni variée, mais elle est riche. On
ne voitjamais à Londres de quaker avec
du linge sale ou des habits en mauvais
étal; la mise d'une Quakeresse est tou
jours un modèle de propreté. Cette uni
formité dans le costume, cette inébranla
blejrésistance à toutes les séductionsde la
mode et de l'étiquette, sont généralement
attribuées à des statuts religieux; mais il
n'en est rien. La seule injonction si
toutefois on peut lui donner ce nom, esl
une recommandation, généralement ob
servée d'ailleurs, de se vêtir simplement:
il n'est question ni de couleur ni de la
coupe; mais l'usage et l'habitude sont
considérés comme des lois, et leur force
est d'autant plus grande que toute infrac
tion de la part des frères ou des sœurs fe
rait soupçonner qu'ils ont envie d'ab
jurer.
C'est avec la même simplicité que les
Quakers de Londres concluent leurs
mariages. Lorsqu'un Quaker et une
Quakeresse ont pris !.i résolution de
mririei, et qu'ils ont obtenu le consente
ment de leurs pères ou de leurs tuteurs
s ils en ont encore, c'est un devoir pour
eux de faire connaître leur détermination
à la plus prochaine assêmblée. La fian
cée se lève et dit: "J'ai résolu s'il plaît *
Dieu, de prendre un tel pour époux!"
Le fiancé fait la même déclaration.
Nos lecteurs s'étonneront peut-être du
courage de cette jeune fille qui livre à.
une assemblée nombreuse les doux se
ciets de son cœur, ses plus intimes réso
lutions, mais la timidité la plus chaste
obéit aux lois du devoir»
Le Quaker conserve, même après sa
mort, la simplicité caractéristique de sa
naissance et de son mariage.
Diuiä les autres religions, les humnifs
seuls accompagnent le cadavre jusqu'il
sa dernière demeure; les Quakeresses
remplissent ce devoir aussi bien que les
Quakers. Ils ne connaissent pas les
oraisons funèbres. Si le Quaker ne se
sent pas inspiré, il prie silencieusement;
si au contraire il se sent de l'inspiration,
il piend la parole; nous avons entendu
Ja veuve d'un Quaker prononcer, sur le
cercueil de son époux un discours dans
lequel elle parlait en termes chaleureux
des vertus du défunt; tant qu'elle parla,
sa voix ne trembla pas, elle ne versa pas
une larme, mais, en prononçant le der
nier Amen , cil s'affiisa sur elle-même, et
ce ne lut pas sans peine qu'on la rappe
la à la vie.
Le Quaker ne dit que ce qu'il pense;
sa parole est à Londres d'ure vérité pro
verbiale, et ceux-là même qui sont hosti
les à la secte, sont obligés d'en convenir.
Leur habitude d'éviter avec soin, dans
leurs paroles et dans leurs écrits, les
formules de compliment, n'est pas une
habitude vide de sens; c'est au contraire
la conséquence de leur maxime de ne
jamais mentir, même dans les choses les
plus insignifiantes. Quoi qu'il en soit,
ce ne peut-être qu'un grand honneur
pour une secte, qu'à une époque où la
confiance et la bonne foi ne sont pas des
vertus communes, ses membres soient
restés à l'abri de la contagion, et que
leur parole ait autant de validité qu'un
écrit.
Pour terminer, nous dirons que les
Quakers de Londres ont cinq temples
d une simplicité extrême, où ils se réu
nissent pour prier tous les dimanches,
matin et soir, et le jeudi de chaque se
maine.
A MISS X.
Nous avons reçu votre charmante cha
rade, aimable Miss X., et nous la pu
blierions bien vite, si nous n'étions arrêté
par la difficulté qu'il y a pour nous à cn
dire le mot.
Vous vous y montrez bien méchante
à notre endioit, mais avec tant de grâce,
que nous ne vous gardons pas la moindre
rancune pour la noirceur que vous nous
faites. Comme vous voyez, nous sommes
accomodant — la complaisance pour les
dames est notre fort et sera toujours notre
faible. Quelle chance pour celle dont
nous serons le lot!! Hélas! nous ne cou
rons encore aucun des dangers que vous
nous souhaitez si gracieusement. Ah!
ce n'est pas, soyez en bien sûre, que
ncus n'aimions beaucoup à les.affronter.
Il est entr'autres, une jeune fille à la lon
gue chevelure chatain, (c'est notre cou
leur,) aux yeux bleus, à la bouche petite
et voluptueuse, au pied mignon, à la main
potelée, à la mine ingénue, au teint frais,
à la peau blanche et si délicate qu'un che
veu la pourrait déchirer, à l'esprst fin ft
imprttenlieux , au caractère d'ange...... i'
est cette jeune fille auprès de laquelle
vous- pourriez beaucoup pour nous et à
qui nous confierions volontiers le soin de
noire coiffure quotidienne. Car vous le
savez, la coiffure des hommes, une fois
mariés, est ^'occupation de leurs femmes;
quant à eux ils n'y pensent jamais. C'est
pour cela qu'ils sont coiffés fort souvent
ave goût, avec art, avec régularité.
Mais dussions-nous (ce qui e9t proba
ble) être coiffé par la jeune fille que
nous venons d'esquisser, avec moins de
goût, moins d'art et plus d'irrégularité
que par tout autre; dussions-nous même
nous engager (ce que nous ferions assu
rément) à n'être jamais coiffé que pé-r
nous même, si vous voulez éprouver no~
tro courage, conjungnez-nons et nous ver
rons, ou nous ne verrons pas, si vos sou
haits se réalisent.
En attendant que vous preniez une dé
termination à ce sujet, aimable Miss,
croyez-nous votre immuable et bien dé
voué.... (ajoutez le complément.)

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