BON SOIR! Le Vieux Soleil , si dur à cuire sans avoir jamais été bouillant , n'est plus inon dé par les mêmes rongeurs. Ce sont les agitateurs et les abolitionisles (ou les dé mocrate?,) qui le dévorent maintenant, le malheureux t Son dernier lamentable numéro contient toute une lamentable complainte à ce lamentable sujet. Et les héros d'estaminet! (Nous allions les oublier.) En voilà encore qui lui don nent le cauchemar! Calmez-vous, Vieux Soleil ; a des jours donnés, ces héros sont de la tempérance;... c'est a des jours où certains tempérants ne le sont pas. CAUSERIES. Farol&eo St-Charles, ce mercredi soir 20 Nov. j Il faut convenir, mes chers confrères, (et vous mes bons lecteurs, vous devriez vous en plaindre.) que la malle est une flâneuse de première classe, qui se mo que assez impertinemment du public, et qui Be complait à faire poser commer çants, journaliste», abonnés et correspon dants. Entrautres steamboats qui jouis sent de l'insigne honneur de porter les paquets de la poste, et qui sont toujours en retard d'une dixaine d'hefcies, (En supposant que le chiffre 10, sbit la mo yenne du retard, je reste au-dessous de la vérité.) se trouve le Gipsy , qui fait ir régulièrement et qui devrait faire régu lièrement, les voyages de la Nouvelle Orléans «i Bâton-Rouge, et v ice versa-, pour prouver ce que j'avance je veux vous citer l'irrégularité la plus récente. — Le Gipsy , allant à Bâton-Rouge, est passé dimanche dernier, d'atsez bonne heure, ici, et devait repasser, se dirigeant vers la Nouvelle-Orléans, dans la nuit de lundi à mardi, nous apportant les jour naux des paroisses voisines; eh bien! ces journaux que nous aurions du recevoir hier matin, nous les attendons encore! Vous voyez que cette fois, le retard prend des proportions gigantesques. J'ignore donc, ô mes confrères! ce que devient le Pionnier , depuis huit jours, et tous les habitants des paroisses Saint-Jacques, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Charles, sont dans mon intéressan te, mais malheureuse position! — Or, vous savez que de près ou de loin, mes vœux accompagnent partout la barque heu reuse qui porte le Pionnier et sa fortune, je veux dire, ses Editeurs; j 'ai donc le droit de me plaindre doublement de la lenteur de la malle, et j'en use pour mau dire une dernière fois le Gipsy , et pour appeler sur ses machines, la colère cé leste !... 11 est du reste, bien entendu, que cette malédiction se briee devant l'explosion sans la provoquer. Mais pourquoi Messieurs les généraux de la poste, semblent-ils autoriser les ir régularités réitérées du Gipsy , en n voulant pas déposséder ce steamboat du privilège dont il abuse si mal à propos Pourquoi ne pas confier la malle à une ligne régulière, composée de deux ba teaux au moins, qui alterneraient et se |k raient ainsi d'un grand avantage pour F les habitants. — Je crois qui' le service fait par le Général Taylor et le Saint-Ja mes , serait infiniment mieux organisé que celui que le Gipsy ne fuit pas. — Qu'en dites-vous? Puisque j'en suis au Général Taylor je ne veux pas le quitter sans vous narrer une petite aventure qui m'est arrivée à son bord, il y a quelques jours, et qui m'a conduit i la Nouvelle-Orléans, dans les bras de Morphée. Je quitte la paroisse Saint-Jacques et le Messager, à dix heures du matin, le dernier jeudi avant jeudi dernier; je prends le Général Taylor; j'étais légère ment fatigué, j'avais passé la nuit à devi ser joyeusement avec les aimables Edi teurs du Messager -, l'un d'eux m'avait fait un cours complet et fort intéressant sur les différents vins de France et d'Alle magne, l'autre avait établi , avec force saillies extraits malins, la supériorité de la pipe sur le cigare; bref nous avions causé de tout, ri de mieux que cela, dé capitant de temps à autre,un flacon de Pomard, sans oublier de déshabiller la spirituelle bouteille au cou d'argent; bu vant i petits coups, ainsi que l'a recom mandé Béranger, et débouchant plus d'eeprit encore que de bouteilles.-—Ici, je n'ai pas besoin de le dire r mon râle était presque négatif : mes hôtes faisaient trop bien les choses. Une fois sur le steamboat, je prévins Je capitaine E. Trinidad que je'descen daia i Saint-Charles, chez le docteur M..g, et je le priai de œe faire rértiller j au moment de débarquer, lui annonçant ainsi que j'allais me livrer aux douceurs du sommeil. Le cher capitaine mit sa chambre à ma disposition et me promit de m'avertir quand il en serait temps. — Soit discrétion, soit tout autre motif, au lieu de prendre possession de la chambre du capitaine, je m'introduisis dans une autre localité, et le bruit monotone de la machine, venant en aide à mes disposi tions morales, je sommellai bientôt. — Quand je sommeille moi, vous savez ce que c'est : vingt et un coups de canon tirés à bout portant, n'auraient "pas le bonheur de me faire entrouvrir les yeux. Après je ne sais quel laps de temps, je juge enfin décent et nécessaire de re voir le jour, je m'habille, et je me con vaincs en sortant de ma cabine, que le soleil moins paresseux que moi, commen ce à décliner rapidement. — Diable ! me dis-je, il était temps de rompre avec les songes, je dois être bien près du port. Pour me fixer enfin, j'entre dans le sa lon, espérant y trouver le capitaine. — Trois Ou quatre personnes se chauffaient et fumaient autour du poêle qui, pour les imiter sans doute, fumait et chauffait avec un petit ronflement assez monotone mais très désagréable. — J'entre... à pei ne ni-jc fait un pas que trois : ah! oh! d'une accentuation toute particulière, se font entendre; les fumeurs se lèvent, me regardent, de ce regard sans nom, qui dit beaucoup saus rien dire; je m'avance surpris, les oh! et les ah! se répètent!.... je crois lire alors dans les regards des propriétaires d'exclamations, un effroi qui ressemble à la colère de la pudeur outragée! — Peste, me dis-je à part moi? dans mon petit lever un peu précipité, aurais-je oublié un détail nécessaire, mes bottes ou mon... inexpressible! — Je me regarde des pointes au chapeau , et je re. connais avec le bonheur de l'amour pro pre satisfait, que je suis intact, au grand complet! J'allais, en désespoir de cause, deman der à Messieurs des oh! et des ah! l'ex plication de leur pantomine, lorsqu'un des commis du Taylor , vint à moi, me prit la main, et la serrant à faire craquer phalanges, phalangines et phalangettes , me dit : — Comment c'est vous? —Eh mais! à moins que ce ne soit mon ombre. — Ah! répondit-il, en me serrant la main de plus belle, j'aime mieux que ce soit vous. — Merci de ce vœu charitable et ami cal, mais... Une nouvelle exclamation m'interrom pit. — Comment c'est vous? Cette fois c'était le capitaine; il sor" tait de son bureau. — Encore! Mais je suis donc passé à l'état de revenant? —-Eh quoi! vous n'êtes pas noyé? — Je n'ai même point envie de l'être... Je n'en vois pas la nécessité! — Et nous| qui vous croyions tombé dans le Mississippi. —Ah! fi... noyé! et dans l'eau! fis-je avec un geste d'horreur. Le geste plut au capitaine; il me fit asseoir près de lui et consentit enfin à me donner le mot de l'énigme : Depuis une heure nous avions perdu de vue l'habitation où je devais descendre; ar. rivé à cet endroit le capitaine avait fait arrêter le steamboat et m'avait appelé; n'obtenant pas de réponbe, il était allé me chercher dans sa chambre; ne m'y trouvant pas, il avait fait sonder toutes les cabines, (celle où je dormais excep tée) fouiller tous les coins, et ne me dé couvrant nulle part, il avait conclu, ainsi que les quelques amis que j'avais à bord, que j'étais tombé à l'eau. Ce qu'il y a de vraiment déplorable dans tout cela, c'est que cet excellent capitaine, avait déjà fait et parfait ma nécrologie lia chose était sous enveloppe! prête à être expédiée au Pionnier. — Je l'ai lue, c'était bien...;, c'était senti sur tout! Cependant je dois déclarer en toute conscience, que je regrette peu, mais très peu, que mes lecteurs n'aient pas la jouissance de ce remarquable morceau de littérature. A pareil prix, j'avoue qoe je n'achète terai jamais une nécrologie, tant pané gyrique soit-elle. — Le soleil est encore chaud, la vie est belle encore! En somme, je ne dois pas me plaindre de ce quiproquo funèbre, car il m'a pro curé le plaisir d'aller à la NI le-Orléans où (je de wis le savoir) j'ai laissé mieu» que de bons souvenirs, de bons amis. — Or, s'il est doux parfois de boire à la source du souvenir, il est toujours meil leur de se retremper à la source de l'a. mitié. Depuis cinq ou six jours, (depuis plus longtemps peut-être, car les journées pas sent vite ici.) je suis à Saint-Charles, où me retient un ami commun aux malades, aux Editeurs du Pionnier et â moi, le mo deste et savant docteur M ..g, je veux pro fiter du moment où ce disciple d'Hippo crate écrit une vieille ordonnance d'une vieille médecine, pour un vieux richard atteint d'une vieille maladie, la vieillesse! pour griffonner deux lignes à son adres se. — Aussi bien, j'ai des griefs d'une haute portée contre lui; j'éprouve le be soin de me venger! Je déroule le pourquoi de ma haine : C'était hier, il faisait un froid très pi quant, le ciel était d'une sérénité réfri gérante aussi, huit heures venaient de sonner à la pendule; nous étions le docteur et moi, occupés à discuter un des plus horribles épisodes de la révolu tion française, les massacres du 2 septem bre 92, lorsque le docteur s'avisant de regarder le ciel et de mettre le nez à l'air, me proposa une partie de bateau sur le Mississippi. Je dois avouer, pour ne pas laisser re tomber sur mon seul hôte les suites épou vantables qu'aurait pu avoir cette course nautique, je dois avouer que deux jours avant, j'avais dit en présence du docteur : Ah! si j'habitais la campagne, j'aurais un petit bateau pour me promener senti mentalement matin et soir sur le Missis sippi !— Le lendemain, le docteur avait fait l'acquisition d'un esquif bien coquet, haut en couleur, à la tournure distinguée, à la forme élancée, enfin une embarca tion des plus élégantes. A cette proposition à brûle pourpoint, d'une promenade sur le fleuve, je ne ré pondis pas d'abord; il faisait froid et j'aime la chaleur, cependant mon hôte insistait, j'acceptai; nous partîmes aussi tôt, le docteur se mit au gouvernail et je saisis les rames! Nous sommes sur le Mississippi. Le fleuve est calme et roule ses eaux jaunes et profondes, je nage (c'est l'ex pression consacrée, je crois ?)je nage tant bien que mal pendant cinq minutes, mais je sens déjà mes rames courir inégale ment, je devine que des ampoules dan gereuses vont accidenter l'intérieur de mes mains; oserai-je le confesser sans rougir, je suis fatigué! — J'allais prévenir le timonier de cette précoce lassitude, lorsqu'une des rames s'échappe de ma main et tombe dans le fleuve! le docteur veut la ressaisir, mais peine inutile, elle est déjà loin de nous. — Bah! fait le mé decin-marin, c'est un petit malheur, je pagaye très bien, une rame nous suffit; en effet nous changeons de place, je m'as sieds à la barre et le docteur se met à pagayer. Tout alla bien pendant dix mi nutes, mais soit maladresse du timonier ou bien oubli du nageur , la rame encore en notre possession, décrit une courbe hyperbolique et disparaît sous l'esquif; nous nous nous penchons, le docteur et moi pour la sauver du naufrage, mais ce brusque mouvement imprime au batelet une secousse par trop forte, et (pour me servir d'une expression locale) nous ca polons. Nous sommes dans le Mississipi. J'aime à croire que dans ce moment solennel et suprême, le docteur eut la présence d'esprit de recommander se s malades au Seigneur! — Je l'ai question né depuis sur eu grave sujet, mais il s'est renfermé dan3 un mutisme complet ce qui m'a semblé louche. Dès que le père des eaux eut refermé sur moi sa vague trop hospitalière , dès que je sentis mes habits s'allourdir, dès que mes yeux en s'ouvrant, ne virent plus qu'une masse liquide d'une couleurindé cise, dès que la respiration me fut inter dite, dès que je compris enfin que les poissons dont j'ai si souvent savouré la chair, allaient faire un repas somptueux avec moi, toutes les plus épouvantables histoires de noyés me revinrent à l'esprit; je revis la morgue, ses tables de marbre et ses cadavres hideux, je me rappelai toutes les douleurs atroces qui, dit-on, font aux noyés des agonies impossibles! puis par un retour subit et inexplicable de la pensée, je me transportai près du foyer que je venais de quitter pour tou jours, je vis la table dressée près de l'a tie; sur cette table fumaient deux ca nards cuits à point, des rognons sautés au vin de champagne; une bouteille de Château-Margaux, laissait voir à travers son enveloppe de cristal le rubis précieux de son jus divin, que venait empourprer davantage la lumière à la fois éclatante et douce de deux bougies, se réfléchis sant sur les éblouissantes facettes du fla con! — Mais à ces idées toutes matériel les, en succédèrent d'autres (et cela dans l'espace d'une minute à peu près.) d'un ordre plus élçvé : je pensai à ma famille, et dans un dernier adieu à ma mère, je levai les mains, comme pour implorer son secours. Aussitôt cette main est saisie, je m'ac croche à ce sauveur qui me vient je ne sais d'où, et je me retrouve bientôt, dans l'esquif que je venais de quitter si mala droitement, assis en face du docteur : c'était ce dernier qui m'avait tiré de ce mauvais pas. Nous sommes donc de nouveau sur le Mississipi. Il pouvait être huit heures et demi; la lune montait à la voûte azurée, et décou pait nos deux silhouettes sur le jaune sale de l'eau, avec celte dureté d'arètes du crayon noir sur le papier blanc. Quel ques nuages légers voilaient de temps à autres la pâle déesse, sans l'obscurcir; jamais, oh! non, jamais je n'ai trouvé plus vive, plus belle, plus rayonnante la mate lumière de cet astre incolore. — Je vivais, j'étais heureux. — Savez-vous bien, dis-je au docteur après un silence de quelques minutes, que je gèle; l'eau dont mes vêtemens sont imprégnés, me glace; il fait plus chaud là dedans (et je montrais le fleuve) que sur ce banc humide. — Mais, répliqua le docteur, si le cœur vous en dit, nous pouvons retourner d'où nous venons. — Travaillons plutôt à regagner la ri ve. Nous étions à vingt pas de terre, il n'y avait que peu de danger, et pour me rassurer, le docteur m'annonça qu'à l'en droit où nous noua trouvions, on avait constaté quatre vingt dix pieds d'eau! — nous déclouâmes un banc, et ramant à tour de rôle, nous arrivâmes au port. Ah! que j'étais soulagé. Aujourd'hui, en écrivant ces lignes, je ris de notre mésaventure, mais je n'avais guère l'envie d'en rire hier : je rousjure q(ie ce n'était pas drôle. Ma mort présumée à bord du steam boat et ma mort possible dans le Mes chacébé, sont-ce deux avertissements du ciel! dois-je être un jour noyé?-Ce genre disgracieux d'en finir avec l'existence me répugne un peu. Ce matin, bien remis des émotions de notre course en esquif, nous avons été faire une partie de chasse; j'ai évité avec soin les cyprières, (on peut s'y noyer dans la vase) et j'ai tué deux heu res de temps. — Le docteur a mis à mort cinq hibous. En rentrant, le valeureux chasseur a parié devant moi, avec un de ses amis, qu'il me ferait manger du hibou. — Pouah! — nous verrons bien. En. dé L aîic -M aryat. REVUE AGRICOLE. La glace a donné tort aux planteurs trop confiants qui ont commencé tard leurs rou laisons. Aujourd'hui tous le3 travaux sont suspendus pour un seul travail, la coupe des cannes et leur mise [en wind.row ] à l'abr 1 du vent. Les cannes des champs bien four" nis sont bien compromises et celles des champs où elles se trouvent moins denses, littéralement grillées par la glace. Le froid préeoce qui est venu nous visiter dans cm moment si inopportun est-il l'avant coureurde quelque nouvelle épreuve pour nos sucriers? La chaleur et les pluies qui ont succédé à ce froid, semblent devoir amoindrir d'un quart au moins la récolte déjà tant amoindrie par les débordements du fleuve et par la sécheresse L'an 1850 était pourtant assez néfaste, sans qu'il si gnalât sa fin prochaine par de nouveaux dé sastres. Si le froid se fut maintenu quelques jours, tout était sauf; la canne aurait rendu de plus beau sucre et en plus grande quantité; les retardataires auraient eu cependant de la peine à rouler tous leurs produits avant le retour de ces journées qu'on appelle com munément le petit éli, journées dont nous jouissons si tristement. Le sucre est généralement beau sur tou tes les plantations. Et les échantillons que nous avons reçus et ceux qu'on nous a fait voir dans les sucreries que nous avons visi tées, brillent du plus beau grain. Sur tous les boucauts resplendissent des myriades de diamants. Ainsi le sucre qui promettait déjà de se vendre à un bon prix, aura en core une valeur plus forte à raison de sa qualité et de sa rareté. Le dessèchement de la canne n'a pour ainsi dire pas laissé de mêlasse; presque tout le rendement est du sucre magnifique: les citernes ne se rempliront pas. La moyenne du rendement était, avant îa glace, comme nous l'avons dit la semaine dernière pour un de nos planteurs, d'un bou caut et quart par arpent. Les terres moins épuisées sur le bayou que sur le fleuve, pro duisent généralement davantage. La mo yenne a été l'année dernière, de deux bou cauts par arpent. C'est une grande erreur que de supposer aux champs riverains du fleuve plus de fer tilité qu'aux riverains des bayous. Aux uns plus de luxe et une grande richesse; aux au tres un peu moins de luxe et une plus gran de fertilité. Des malheurs locaux peuvent parfois détruire ces données positives, mais malheureusement cette année, l'intempérie a également sévi sur toutes les terres sucriè res de la Louisiane. AUX JURYS DE POLICE Des Paroisses Lafayette, St. Martin, Sainte Ma rie, West Baton- Ronge, Iberville, Assomption, Lafourche Interne, Terrebonne, St. Landry. L'ingénieur d'Etat, A. D. Wooldridge, qui travaille en ce moment à refaire la levée qu'emporta la désastreuse crevasse de la Pointe Coupée, fait un appel aux jurys de police des paroisses nommées en tête de cette article. Au moment où il termine ce grand ou vrage, il reconnait que l'ancienne levée est minée sur une grande étendue. Des lézardes nombreuses se dessinent en s'allongeant chaque jour, derrière cette levée, de sorte que minée d'un côté, lé zardée de l'autre, elle tient par un fil, que les premières pluies abondantes ne manqueront pas de rompre. Prévoir quelles peuvent être les consé quences d'une nouvelle crevasse, immi nente si on ne cherche à la prévenir, est chose impossible. Dire le nom de plu sieurs habitants de notre paroisse qui ont payé un tribut ruineux à la dernière inondation, cela se peut; en voici quel ques uns: Le Col. A. Pugh, pour sa petite part, a perdu au moins cent arpents de cannes; le Docteur Logie, MM. W. W. Pugh, N. Lauve, G. Beasly, Dwight & Kett redge, Antoine Diaz et le Capt. Ivy ont fait des perles incalculables. M. Ursin Mélançon, les habitants des brûlés Laba die et St. Martin, des bayous Bœuf et l'Ours, du Canal et de la Belle Rivière, ont à peu-près perdu toutes leurs récoltes. Yoilà des faits qu'il est cruel de consta ter, mais qu'il est prudent de bien éta blir pour qu'on songe un peu à s'assurer de l'avenir, autant qu'il est possible de le faire. "Aide-toi, le cicl t'aidera," La perte de l'Assomption en produits, peut sans la moindre exagération, être évaluée à 25,000 piastres. Pour peu que celle de chacune des paroisses à qui l'on fait appel aujourd'hui, se rapproche de ce chiffre, on comprendra facilement la nécessité de répondre immédiatement à l'appel de la paroisse Pointe-Coupée par la contribution demandée de quinze mille piastres, deux mille piastres pour chaque paroisse. Dans ces conjonctures la paroisse de la Pointe Coupée ne peut rien, ne doit rien pour cette mesure de sûreté. Déjà elle a dépensé cette année environ tren te mille piastres à la construction de nouvelles levées; beaucoup de ses habi tants ont eu leurs propriétées inondées, il est vrai, mais en fin de compte cette pa roisse est peut-être moins inléressée que la plupart de celles à qui il est fait ap pela la consolidation des levées qui me nacent encore de s'écrouler. Si les paroisses intéressées souscrivent à la mesure importante, reccommandée par l'ingénieur d'état, la nouvelle levée sera construite de manière à correspon dre avec celle qu'ordonnera la législa ture, à sa première session. Nul doute que cette législature ne dédommage les paroisses des frais qu'elles auront subis pour assurer contre la ruine une impor tante portion de la Louisiane. Ainsi au pis-aller, la contribution de deux mille piastres que ferait chacune des paroisses intéressées, ne serait qu'une avance pour garantir les produits de ses habitants, avance qni bientôt lui serait inévitable ment remboursée. Quant aux mesures à adopter pour réa liser au plutôt la somme demandée, le vœu de cette paroisse s'est manifesté de manière à ne laisser aucune hésitation. La majorité des paroissiens veut assuré ment que la contribution de deux mille piastres soit formée par une souscription. Nous connaissons des ntembres du jury de police, influents, populaires et non intéressés dans cette question, qui sous criraient généreusement et qui ne vote raient pas pour que la paroisse contractât à ce sujet une dette quelconque. Qu'est-ce qu'une souscription de deux mille piastres pour une riche paroisse comme celle-ci dans les circonstances actuelles? C'est une promenade de qua tre jours pour deux hommes dévoués à la sûreté des habitants de l'Assomption. Nous écrivons à la hâte ces lignes; nous reviendrons sur ce sujet dans le prochain numéro. En attendant, nous nous informerons des moyens les plus con venables pour parer au malheur qui nous menace, malheur dont nous sommes si sagement prévenus par M. Wooldridge, malheur qui préoccupe si vivement et avec tant de raison, tous les hommes prudents de l'Assomption. Ici il s'agit d'intérêt public; aussi n'he si'ions nous pas à faire un chaleureux ap pel aux feuilles amies et ennemies en politique, du bayou et des Attakapns, pour qu'elles fassent ressortir la nécessité où se trouvent toutes lc9 paroisses dont la Pointe Coupée réclame le secours, de prendre à ce sujet des mesures promptes et décisives. Nous les référons dans ce but,au com muniqué de M. Wooldridge, publié dans le Deila , du 17 Novembre. la requête des membres du Comité de l 'assemblée tenue à Paincourtville, le 27 du mois dernier, nous publions cette réponse de M. Pierre Soulé : Nl'e-Orléans, 14 octobre 1850. Messieurs Joseph Pugh. Amaileo Morel, Alvhon se Gentile, Firmin Blanchard, C. L. Mavcr< membres du Comité. M essieurs, Je viens vous remercier des témoigna ge.-" si pleins de bienveillance que vous ave:', bien voulu me transmettre au nom de l'assemblée qui se tint à Paincourt le 27 du mois dernier. J'en suis heureux et fier. Ils sont l'expression de sympa thies que je n'ai certes pas courtisées, et qui par'là même s'adressent puissamment à mon cœur. Le rôle que j'ai joué dans les grandes questions qui ont si profondé ment agité le pays, n'est autre que ce lui que vous eussiez accepté vous-mêmes, si vous aviez été à ma place; — rôle ardu, difficile,hérissé d'écueih; mais rôle com me en aimn un homme de cœur dans les grandes crises. Je l'ai joué avec d'hum bles, de bien humbles habiletés, j'en conviens; mais avec une entière abnéga tion, n'ayant souci d'aucun orage que de mauvaises passions ou d'aveugles préju gés pouvaient soulever autour de moi. et bravant à l'avance les criailleries par les quelles je ne savais nue trop que l'on chercherait à assourdir l'opinion afin d'empêcher la vérité d'arriver jusqu'à elle. Après tout, je n'ai pas trop à me plain dre de la guerre qu'on me fait, puisqu'elle me vaut des démonstrations comme celle dont vous êtes faits les organes. Je puis laisser hurler au dessous de moi, quand je me sens entouré d'amis et de soutiens tels que vous. Agréez l'expression de mn profonde gratitude et croyez-moi, de vous et de ceux qne vous représentez, le bien hum ble serviteur et tout dévoué ami, PIERRE SOULE. UN BON JOURNAL DE MOIN T S. Nous annonçons avec regret la cessation d 'une feuille essentiellement Franco-sAmé ricaine, qui se publiait à la Nlle-Orléans depuis quinze mois, sous le titre de Franco Américain, Moniteur du Sud. Cette feuille qui développait avec un succès de bon aloi, les principes du républicanisme et du pro grès social, avait une importance réelle. — Elle était rédigée par M. L. Dufau, à qui ses lectures et ses écrits ont donné une po sition élevée dans l'échelle littéraire de la Louisiane. S'il est une consolation pour la perte de cet organe Franco-Américain, elle se trou ve dans les mesures prises par l'administra, tion. Ces mesures assurent aux abonnés du Moniteur du Sud l'envoi du Courrier de la Louisiane , ce vieux champion de la dé- ^ mocratie qui vient do se rajeunir tout en conservant la science approfondie des hom mes et des choses de l'Union, science qui constitue toute la politique du pays et qui ne s'acquiert qu'en vieillissant sous le harnais du journalisme. Le Courrier de la Loui siane en devenant l'organe des abonnés du Franco-Américain, est assuré de la collabo ration de M. L. Dufau, pour sa Politique Extérieure. C'est une bonne fortune pour la rédaction du Courrier, qui occupait déjà la première place parmi les feuilles louisia naises. chemist de fer . — Les habitans de Lafayette veulent décidément relier leur ville au lac Pontchartrain au moyen d 'an chemin de fer. Ce projet n'a rencontré jusqu'ici parmi eux que des adhésion«. Samedi dernier, un nouveau meeting de» partisans du chemin de fer a eu lieu. Ja mais assemblée n'avait déployé pareille ardeur. On n 'accasera certainement p»' nos voisins d 'indifféreDce en mati&f 6 d'améliorations.