Thibodaux commercial journal., May 04, 1910, French, Image 1

About Thibodaux commercial journal. (Thibodaux, Lafourche Parish, La.) 191?-1959

Image provided by: Louisiana State University; Baton Rouge, LA

                
LE JOURNAL
MERCIAL
VOL. 7.
THIBODAUX, LNE. 4 MAI 1910.
NO. 13.
FEUILLETON.
Hilda La Bo
hémienne
PAK
Xavier de Montepin
(Saite.)
Hilda, saus accorder la moindre
attention sérieuse à celle uiuette
protestation, stn« même la remar
quer peut*être, s'occupa de mener
à bsnue flu son œuvre charitable.
Elte commença pari aver, avec
one incroyable légèreté de main et
des précautious inftuies, le sang
qui continnait À inonder de ses
filet« rose« le visage du jeune
iiomuie. Ensuite elle imbiba d'eau
fortement salée une compresse de
toile qu'elle fixa sur le front à
l'aide d'un bandage.
A peine cette compresse eût elle
touché 1rs lèvres de la blessure que
la vive douleur causée par le eoo*
tact du sel et de la chair vive gal
vauisa l'incenuu et lui fit, à l'in
stant même, reprendre counaia*
Sauce.
Il ouvrit les y«ux, de grands
yeux noirs et profouds, il se sonle
Va d'uu mouvement brusque, eil
poruul I» m..iu 4 »Uli endo
lori, il ,. U I« jeux «utour d. loi
«t, ue reoo..i.ai»«»ui su mau
»..nie, il Ut-inuudu u'une voix uu
peu faible:
Où suis je f ;
Chez vos voisins, monsieur, ré
poudit Hilda, daus la chambre!
qui touche à la vôtre.
Presque toujours, à la suite des
événements causés par un choc
d'une grande violence, la mémoire
fait défaut peudaut quelques se
coudes, ou, tout au 1 noms, reste
Obscure et comme voilée.
Il eu lut aiusi pour le jèuue
homme, car, ayaut perdu morneu»
tanément le sotiveuir des événe
ments antérieurs, il reprit, en s'a.
dressaut directement à Hilda dont
il devinait la jeunesse, siuon la
beauté, au milieu des demi ténè
bres de la mansarde:
Mais comment suis-je ici, made*
moiselle,et que m'est il donc arrivé!
Ce qui vous est arrivé,monsieur!
répliqua la jeune fille; nous ne le
savous, ma mère et moi, que d une
façon très-imparfaite, ou plutôt
nous croyons le deviuer,mais peut
être nous trompons-nous. Coma
ment voas êtes ici f C'est bien sim
ple. Je vais vous le dire, et vos
souvenirs rectifieront ou complète
root mon récit.
II I .—Confidences.
En peu de mots Hilda raconta
ce que nous venons nous même de
raconter plus longuement.
Quand elle eat achevé sa courte
narration, le jeune homme s'écria
Vous aviez deviné parfaitement
juste. Vous allez saua doute me
regarder comme an ineensé; mais
il faut bieu que je l'avoue, je m'oc
cape d'alchimie. Je consacre mou
existeuce à poursuivre la réalisa
tion d'un rêve, puisque c'est ainsi
que le vulgaire appelle la mysté
rieuse étude de la trausmutatiou
des métaux. Je cherche la pierre
philosophale....e secret de taire de
l'or. Cette nuit, j'ai tout lien de
le croire, je touchais au succès
Quelques minutes encore et l'alfais
m'écrier. Eureka! J'ai trouvé!
Mou imprudence ne me l'a pas
permis.
"Daus le transport de joie qui
s empara de moi eu voyant ma
dernière expérieuce qui semblait
décisive, je négligeai la plus vul
gaire précaution, une précaution
élémentaire.
"Je ne tins point compte de l'ex
cessive dilatatiou du ga* daus uue
corne placée sut mon creuset#
Cette négligence lue fut tatale.
L'explosion que j'aurais dû pré
voii' car elle était iuévitable, vint
re««i*w m** oftam »'«
>•■!•»*« '•'«» ■»*"»• 1 "" t à
r. cumuif k» uiumleuuut, et «rtie
réusaile, sur laquelle je euinplol» à
bou droit, ne s'obstiuera-t-elle
Pas désormais à me fuir comme
elle l'a tait depuis si longtemps î
"Enfin, quoi qu'il en soit, jene
me lasserai pas, et je recommen
cerai couragemeut ma lutte contre
I iucouuu. Il ne me reste eu ce
momeut qu'à vous remercier «lu
fond de mon coeur de ce que vous
avez tait pour moi, et à vous dé
barrasserde ma présence.',
Eu disant ce qui précèd« , I«
jeuue homme quitta le lit sur le
quel il était assis et voulus se diri
ger vers la porte; mais ses torces
trahireut sa voloute. a. peine
debout, il lui sembla qu aulour de
lui, dans la luausaide, tout se met
tait à tourner avec uue rapidité
veitigiueuse, eu même temps que
ses jambes refusaient de porler le
poids de sou corps.
Il retomba.
Sang Dieu ! s'écria t il avec avec
uu geste de colère, que veut dire
ceci I Ou croirait que je me vais
évauouir de uouveau ! Suis je
doue femmellette à ce point f
Monsieur, dit vivement Hilda' il
n ( est poiut surprenant qu'à la
suite du choc effroyable qui vous a
terrassé, vous vous sentiez très
faible encore. Moi qui vous parle,
je serais fort surpris qu'il en fût
autrement. Résignez vous donc à
8erj u , m g mo une chaise pour vous
jjggeoir.
passer auprès de nous le reste de
la nuit. D'ailleurs, où voulez vous
aller f
Mais, chez moi, ce me semble
Pour rejoindre mon humble logis
je n'ai que quelques pas à faire
Soyez bonue et charitable jusqa au
bout; permettez-moi de m'appuyer
sur votre bras, et, malgré ce reste
de faiblesse dont je rougis, mais
qu'il m'est impossible de vaincre
je franchirai sans peins one petit
1
espace.
Hilda eat au soarire aux lèvre"
Mou Dieu, monsieur, murmura
t*elle, il faut qne je me sois, tout à
l'heure, bien imparfaiti-went «-x
pliquée, je dois doue iusister sur
uue mauvaise nouvelle. Vous ue
pouvez retouruer chez vous.
Et pourquoi cela, mademoiselle I
Parce que, daus voire logis, il ue
reste rien qui ue soit brisé, hors
d'usage I On croirait que le feu du
ciel vieut de passer par là, ue lais
sant après lui que de débris in«
formes d'objets mécouuaissables.
Vous ue trouveriez chez vous, je
affirme, ui uu lit pour vous repo
| lvrl . 8 1
ainsi, balbutia (étranger, uns
instruments d«* chimie f
Réduit» eu pous.-ière.
Anéautis, aaufdeuf ou trois vo
lûmes, échappés par miracle au
désastre,
Le jeuue homme fit un geste de
profoud découragement. Sa têté
se peucha sur sa poiiriue et il
balbutia:
Plus rien! Comment recommen
cer maintenant f
L'étaaugtr, qui, par suite d'uue
catactrophe irréparable, se 11ou
vail si brusquement introduit, à
titre d'hôte, chez ses voisiuen,él»it,
nous l'avons dit, un gtaud jetiue
homme bruu, pâle et svelte, de
viugl cinq à vingt-six aus.
Sou visage offrait des traits
d'une régularité parfaite et d'une
diutiuctiou irréprochable, mais ses
yeux noirs, proloudémeut enfoncés
sous l'arcade sourcilière et eutou
res d'uu cercle bleuâtre, son nez
aquitiu aux uariue» mobiles, ses
lèvres bien dessiuées mais uu peu
trop minces, et surtout trop faible,
meut colorées, donnaient à sa
beauté qxelque chose de sinistre.
Sou costume, mis en grand dé
sarroi par sa chute, et d'un drap
sombre tout nui, comme un vête
ment de petit bourgeois, n'avait
cependant rien de vulgaire. La
coupe de cette grossière étoffe setnf
filait révéler le gentilhomme.
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