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La Sentinelle de Thibodaux JOURNAL DU .O"* DISTRICT SENATORIAL VOL. 22 JOURNAL OFFICIEL DE LA PAROISSE DE LAFOURCHE ET DE LA VILLE DE THIBODAUX. THIBODAUX,Use,SAMEDI, JUILLET 30, 1SS7. Xo. 52. LA PEAU DU LION —PAR— Charles cle Bernard. XII LE BOUT DE L'OREILLE. — "Mon cher Cluzel, poursuivit Serviau en passant de la suscrip tiou au corps de la lettre, au reçu de la présente, tu convoqueras Bal land et Salvetat, aux tenues de l'article 4 de uotre association dou juauique et mépbistopliélétique. Pour le quart d'heure, c'est â moi qu'il faut faire la courte échelle, toute autre affaire cessante. Voici la ebose : j'ai découvert depuis quel ques mois, par devers la forêt de Compiègue, une jeune, spirituelle et charmante veuve qui, ces qualités à part, possède, à peu de choses piès, le million de rigueur. Je des tine cette aimable personne au bon heur de devenir madame Tonayrion, mais pour cela, il est indispensable que je lui sauve la vie ou l'honneur, quelque chose enfin dans ce goût là ; c'est sou idée ! Eu sa double qualité de veuve et d'héritière, elle est capricieuse en diable, et j'ai vu le moment où, pour me permettre d'aspirer à sa main, elle exigerait que j'apprisse à danser sur la corde loide ; enfin, j'espère en être quitte pour la sauver une bonne fois de quelque danger bien épouvantable. Or, comme les daugers sont rares, il s'agit d'en arranger un qui me porte tout droit dans le port du cotijungo. Le drame est écrit, il n'y a plus qu'à le lire aux acteurs. Or, écoutez et applaudissez. —Mercre di prochain, â neuf heures du ma tin, toi, aiusi que les susdits Salve tatet Ballnud, vous vous trouverez an carrefour do Trieul, à uu quart de lieue de la route de Compiègne ; Ballaud, qui est chasseur, connaît la place.—Costume : blouses déchi rées, barbes formidables, physiono mies de Robert-Macaire, gourdins et poignards.—Je parie que tu as déjà deviné.—Entre autres habitu des guerrières, ma future épouse se promène tous les matins dans la forêt, et passe invariablement au lieu indiqué. Vous voilà tous trois à l'aftût ; le gibier en cornette arrive. Voifs vous précipitez sur lui de l'air le plus brigand qu'il vous sera pos sible d'imaginer ; si vous avez per du la veille à la roulette, votre jeu n'aura que plus de naturel. Je me trouve là providentiellement, et je fonds sur vous sans armes; l'un de vous aura la bonté de se laisser dés armer. Ici grand combat â ou ti ance ! On ne tape pas sur les doigts, comme dit la caricature deCharlet ; surtout n'oubliez pas de dégainer vos poignards et de me les mettre sous la gorge; les femmes estiment singulièrement le poignard ! Je u'ai ; pas besoin d'ajouter qu'à la fin : vous êtes vaincus ignominieuse | ment. Chacun son tour. Vous i fuyez, le drame et joué, et le reste 1 me regarde. A trois mois la noce; i vous y êtes invités d'avance. • La présente n'étant à d'antres fins, je prie Dieu, mes chers dévorants, qu'il vous ait en sa sainte garde. L'union fait la force. "Tonayrion." i Pendant cette lectine, madame Caussade avait rougi à plusieurs reprises; à'U fin, au lieu de faire aucune observation, elle demeura | silencieuse, la tête baissée et l'air! cuiifus, —Certe lettre vous a été adressée par M. Tonayrion 2 demanda Ser vin n eu legaid.uit fixement le faux voleur. —Ce-t bien sou écriture, dit Es telle sans !e\er les yeux. 11 -Pour dé mire Ns soupçons qui pèsent sur moi, répondit Cluzel, il est nécessaire que j'explique plu sieurs passages de cette lettre qui ont pu vous paraître obscurs. Nous avons formé, quelques amis et moi, nue association du genre de celle dont parle Balzac dans 'Histoire des Treize. —Les dévorants ! interrompit madame Caussade, qui, bteu qu'elle n'eût pas encore trente ans, savait par cœur les ouviages du célèbre écrivain. —Précisément, madame; Tonay riou est un dévorant, je suis uu dé voraut ; il est vrai qu'à ce métier nous n'avons guère dévoré l'un et l'autre que notre fortune. Tonay rion, à ce que vous venez de voir, avait trouvé un moyen fort agréa ble de rétablir la sienne ; soumis aux règles de notre association, j'ai dû le servir, et j'avoue que je l'au rais fait jusqu'au bout si le soin de mon honneur ne m'eût forcé de rom pre le silence ; niais, je vous prends pour juge, madame, pouvais-je me résigner à passer plus longtemps devant vous pour un misérable vo leur ? Au lieu de répondre, la jeune veuve regarda Servian, qui comprit le sens de ce signe muet. — Vous pouvez vous retirer, dit il à Cluzel d'uu air sérieux ; mada me vent bien ne voir dans votre conduite qu'une étourderie que votre jeunesse rend excusable, mais qui en se renouvelant, mériterait un châtiment sévère. Les exploits de Lovelace ne sont plus de notre âge; aujourd'hui leur moiudre puui tiou serait le ridicule, ne l'oubliez pas. Il ouvrit la porte, et s'adressant aux domestiques qui étaient restés en faction dans la pièce en avaut du salon : —Laissez sortir monsieur, leur dit il. Au lieu de s'empresser de profi ter de la liberté qui lui était rendue, Cluzel regarda madame Caussade d'uu air assez ému. —J'accepte la qualification d'é tourdi, lui dit il, mais je serais dés espéré que vous me prissiez pour uu malbonuête homme. Quand je pense que je vous ai fait peur, j'ai envie de me battre. Je vous en prie, madame, au nom de votre beauté, soyez généreuse; dites moi que vous me pardonnez, et que si le hasard me rapproche de vous dans mon( * e » vous ne me traiterez pas en paria. —Je vous pardonne, répondit Estelle, qui, en voyant l'air humilié de l'ex brigand, ne put s'empêcher de sourire ; tenez, reprenez votre vilaine barbe, et partez bien vite avant que les gendarmes arrivent. Cluzel la remercia d'un regard reconnaissant, et se tournant ensu vers Serviau : Réflexion faite, lui dit il, ce n ' es f P as uu soufflet, cest un coup fi ue vous 111 avez donné ; or > dans nu combat et il y avait i combat, les coups uont rien d inju • r ' ei,x ' Ç a ' 0l,s est nous eu resterons là. —Comme il vous plaira, dit Ser viau en souriant ; vous devez avoir i ,le votre quelle avec M. To nayrion. — Est ce qu'il se bat, lui ! répon dit le jeune homme arec un air dé | daigneux. Saluant alors une dernière fois ! madame Caussade, il mit. sa fausse i barbe dans sa poche, et sortit du salon de l'air aisé qu'il avait mou tré en y entrant. Restés seuls, Estelle et Servian gardèrent un instant le silence. A j la fin il vint s'asseoir près d'elle. —Eh bien! lui dit i! avec douce moquerie, quand je vous par lais des plumes du paon ! —Je vous en supplie, répondit la jeune femme, ne me parlez pas de cette homme, ni aujourd'hui ni ja mais. Ne suis-je pas assez bruni liée! Votre ironie est redoutable; ne m'en accablez pas. -Ce qui me console tn peu, c'est ce que je ne l'ai jamais aimé, je vous le jure. J'étais dupe de ses fanfaronnades, voilà tont. Encore une lois, n'ea parlons plus. Que disions nous hier quand il est venu nous inter rompre ! Servian entendait trop bien ses intérêts pour ne pas obéir sur le champ à ce changement de conver sation. —Vous alliez, répondit il me nom iner le crime affreux qui m'a perdu dans votre esprit. —C'est cela; je vais tout vous dire. Surtout, tâ chez de vous ex «user bien ou mal; je me sens si désenchantée que, pour me ranimer le cœur, je voudrais ne plus penser de vous que du bien. Vous rappe vous notre voyage de Vichy ? —Depuis que je vous connai 3 , je me rappelle tout. —C'est de là que date mon eh an gement à votre égard. —De giâce expliquez vous! —C'est difficile à dire, poursai vit Estelle avec embarras ; comment vous faire comprendre cela ? Quand les voleurs ont arrêté la dilligence, il m'a semblé.. .j'ai cru voir.. .peat être me suis je trompée. ..mais en tin il m'a paru... —Qui donc i au nom du ciel ! —Que vous aviez peur, dit la jeune femme, qui prononça ces pa roles tout bas et rapidement comme au confessionnal on articule les pê chés mortels. —Et voilà votre grief contre moi ! s'écria Servian, dont la pliysiono mie inquiète s'éclaira d'uu sourire pleiu de sérénité. —C'est bien assez, je crois, reprit elle en le regardant â la dérobée. —Votre unique grief! A part cela, vous n'avez rien à me repro cher ? —Rien. Mais, répondez moi, me suis je trompée ? —Non, dit il avec un accent pas sienné ; non car j'ai eu peur, il est vrai, et le souvenir seul de ce mo ment me fait encore frissonner. Quoi, vous êtes femme et ne compre nez pas! Vous étiez là, ces tniséra blés étaient armés; au premieres sai de résistance une balle pouvait vous atteindre, et vous ne rompre nez pas que j'ai eu peur ! Madame Caussade avait penché la tête en arrière en fermant les yeux â demi, comme pour mieux appu.fondir la justesse d'un pareil argument ; tout à coup elle déploya le velours de son regard, et conteœ plant sou amant : —Je n'avais pas deviné, lui dit elle d'un accent naïf: et, l'on dit que j'ai de l'esprit ! Serviau prit la main qu'elle lui tendait avec abandon et la garda tendrement dans la sienne. —Et quand même j'eusse éprouvé l'accès de faiblesse que vous avez supposé, lui dit-il d'un air de do.ix reproche, ne m'auriez-vous pas trop cruellement puni ? — No vous plaignez pas de ma méchanceté, vous devriez plutôt m'en remercier .' Qui sait, peut-être avait elle la même cause que v rtre peur ! —L'amour! s'écria Servian. —Ce n'est pas vous que l'on pour mit accuser de ne rien deviner, ré p«ndite!le en souriant tinemei't; d'un mot que je cheiche fftrendre bien obscur, vous faites tout de su ite un aveu. —Le rétractez vous, cet aven qui ferait mon bonheur ! —Vous sauiez cela plus tard. Tout ce que je veux vous dire au jourd'liui, e'est qu'un imlinéreut n'aurait pas. selon tonte appai .urne, si violemment excité mon courroux. •i continuer. \n\n R. R. Mc mu DE, Cook and" Ï 5 Ï Stoves, j - ALSO, - | Firs Grates. Hardware, Charcoal, ircii. ! WOOD & WILLOW 'VASE, I NAILS, CROCK ELY. TJX, I INSURANCE, COM, GASOLINE. LARD AND LUIUtioATING OILS. i Lamps, Chandeliers. Iron and Clay Furnaces, I Carriage Bolts, Hemp and Gun Packing. 13 AR B W i R E J -A full line of the celebrated-- j darter Oak, Atitwï'àtari k:a Stoves' : always on baud, and sold at REDUCED PRICES. CORNER : MARKET and ST. IK I LIP STS., Tliibudaux, i.u. De-c.12 85-tfo. mmim susses ATTENTION! W'e are u uv preparing to :ur nish all classes with employment at borne, the whole of the time, or for their spare mo ments. Business new, light, and profitable. Persons of either sex easily earn from 50 cents to $5.00 per evening, and a proportion al sum by devoting nil their time to tne lets. ness. 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HtiL Hostett«** etfectiveas lftho difficulty is met in tune Stomach Bitters, which is alway • remedy, and it should he resorted to at ai» early stupe, there will he no reason to ap preheml those injur: >tU suiiscouent eJerf» upou tlio system often entailed h\ cut rc ry cured diseases. Far lirf.r Is ii,aiso,_ to em ploy this safe reined>. usent ague, and other mai -d complaints, quinine and other pot cm u.ifS which, when tlu v do prove effectuai fer a tone, the Stomach and impair the pemT.i- le yen uin I ; i j v * l'tL » i «a l'V ! i iv* tor i i « i4 ' ^ .,,i * * ta w «•'»«!. : „■ ere It régula j ... d !.y Roth A. Â. L. AUCOIN'S Uver,J * Feed Stable > learmerette, La. Successor to C. 1!. Maguire.) IT'D EPS FOR HIRE, GOOD HORSES, IV liai-k» anil ItiiituieH, auil relia ole it rivers *t»en desired. Stock led and eared lor. at moderate prices. Parties will ue accommodated day FebS-87-Cin. right. 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