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La Sentinelle de Thibodaux, JOURNAL DU DISTRICT SENATORIAL. JOURNAL OFFICIEL DM LA FAR0I88E DM LAFOURCHE ET BE LA VILLE DE THIBODAUX. VOL. 24 THIBODAUX, Lue, SAMEDI, OCTOBRE 6, 1888. No. 10: HOMME PAUVRE. -PAR Octave Feuillet. de l'Académie Française. [Suite.) Au milieu de ees misères intimes dont chaque jour redoublait l'inten silé, je ne trouvais un peu de se cours qu'au près de ma pauvre et vieille amie Mlle de Porhoët. Elle ignorait on feignait d'ignorer l'état de mon cœur : mais, dans des allu sions voilées, peut-être involontai res, elle posait légèrement sur mes plates saignantes la main délicate et ingénieuse d'une femme. 11 y a d'ailleurs dans cette âme, vivant emblème du sacrifice et de la rési gnation, et qui déjà semble flotter au-dessus de la terre, un détaebe ment, un calme, une douce fermeté qui se répandaient en moi. J'en arrivais 4 compieudre sou iunocente folie, et même 4 m'y associer avec une sorte de naïveté. Penché sur mon album, je me cloîtrais avec Hle pendant de longues heures dans sa cathédrale, et j'y respirais n moment les vagues parfums .l'uuo idéale séréuité. J'allais encore chercher presque chaque jour dans le logis de la vieille demoiselle un autre genre de distraction. H u'y a point de travail auquel l'habitnde ne prete quelque charme. Pour ne pas lais ser soupçonner 4 Mlle de Porhoët la perte définitive de son procès, je poursuivais régulièrement l'explo ration de ses archives de famille, .le découvrais par Intervalles dans ce fouillis—des tradition*, des lé gendes, des traits de incenrs qui éveillaient ma curiosité, et qni transportaient mou imagination dans les temps passés, loin de l'ac cablante réalité. Mlle de Porhoët, dont ma persévérance entretenait les illusions, m'en témoignait une gratitude que je méritais peo, car j'avais fiui par prendre 4 cette étu de, désormais sans utilité positive, un intérêt qui me payait de mes peines et qui faisait 4 mes chagrins une diversion salutaire. Cepeudaot, 4 mesure que le ter me fatal approchait, Mlle Margue rite perdait la vivacité fébrile dont elle avait paru animée depuis le jour où le mariage avait été défini tivement «arrêté. Rite retombait, do moins par iastaBts dans son at titude autrefois familière d'indo lenco passive et de sombre rêverie. Je surpris même uue ou deux fois ses regards attaché* sur moi avec une sorte de perplexité extraordi naire. Mme La roque de son côté me regardait souvent avec un air d'inquiétude et d'indécision, comma si elle eût désiré et redouté en mê me tempe d'aborder arec moi quel que pénible sujet d'entretieu Avaut-bier le hasard lit que je me trouvai seul avec elle dans le salon, Mlle Hélouiu étant sortie brusque ment poor donner nn ordre. La conversation indifférente dans la quelle noos étions engagés cessa aussitôt comme par nn acounl se cret; après an court silence:— Monsieur, ma dit Mme Laroque d'un accent pénétré, vous placez bien mal vos confidences ! —Mea coofidenoas, madame ! Je ne pais vom comprendre. A part Mlle da Porhoët, personne ici n'a reçu da moi l'ombre d'une eoofi* dense. —Héla* ! reprit-elle, je veux croira. ..ja la srois . .mais ce n'eet paaaaara/... An même inataat, MU* Héloniu rentra, at tant fut dit Le leudemaiu,—c'était hier,— j'étais parti à cheval dès le matin poor surveiller quelques coupes de bois dans lea environs. Vers qua tre heures du soir, je revenais dans la direction du château, quand, à un brusque détour du chemin, je me trouvai subitement face à face avec Mlle Marguerite. Elle était seule. Je me disposais à passet eu la saluant ; tuais elle arrêta sou cheval.—Un beau jour d'automne, monsieur, me dit-elle. —Oui, mademoiselle. Vous vous promenez f —Comme vous voyex. J'use de mes dernier moments d'indépen dance, et même j'eu abuse, car je me sens un peu embarrassée de ma solitude.. .Mais Alain était néces saire 14-bas.. .Mon pauvre Mei vyn est boiteux.. .Vous ne voulez pas le remplacer, par hasard ! —Avec plaisir. Où allez vous f —Mais...j'avais presque l'idée de pousser jusqu'à la tour d'Elven. Elle me désignait du bout de sa cravache un sommet brumeux qui s'élevait 4 droite de la route.—Je crois, ajouta-t-elle, que vous n'avez fait ce pèlerinage. —C'est vrai. Il m'a souvent ten té, mais je l'ai ajourné jusqu'ici, je ne sais pourquoi. —Eh bien ! cela se trouve par fuitemeut ; mais il est déjà tard, il faut nous bâter ua peu, s'il vous plaît. Je touruai bride, et nous partî mes au galop. Pendant que nous courions, je cherchais à me rendre compte de cette fantaisie inattendue, qui ne laissait pas de paraître nu peu pré mitée. « Je supposai que le temps et la réflexion avait pu atténuer dans l'esprit de Mlle Marguerite l'impression première des calomnies dont ou l'avait troublé. Apparem ment elle avait fini par concevoir quelques doutes sur la véracité de Mlle Hélouiu, et elle s'était euteu due avec le hasard pour m'offrir sous une forme déguisée, une sorte de réparatiou qui pouvait m'être due. A peu de distance d'Elven, nous primes un chemin de traverse qui nous conduisit sur le sommet d'uue colline aride. De 14 nous aperçi - mes distinctement, quoique à une assez grande distauce encore, le colosse féodal dominant en face de lions one hauteur boisée. La lande où noos nous trouvions s'abaissait par une pente assez raide vers des prairies marécageuses encadrées dans d'épais taillis. Socs en des cendîmes le revers, et coas fûmes bientôt engagés dans les bois. Nous suivions alors nne étroite chaussée dont le pavé disjoint et raboteux a dû' résonner sous le pied des chevaux bardés de fer. J'a vais cessé depuis longtemps d* voir la tour d'Elven, dont je ne pouvais même plus oonjectùrer ('emplacement, quand elle se déga gea soudain de la feuillée, et se dressa 4 deux pas de none avec la aomlaiuete d'une apparition. Cette tonrn'est point rainée: elle con serve aujourd'hui toute sa hauteur primitive, qui dépasse cent pieds, et les assises régulières de granit qui en composent le magnifique ap pareil oetogoual lui donnent l'as pect d'uu bloc formidable taillé d'hier par le plus pur ciseau. Rieu de plus imposant, de plus fier et de plus sombre que ce vieux doujoo impassible au milieu des temps et isolé dans l'épaisseur de ees bois. Des arbres ont poussé de toute leur taille dans les douves profou des qui l'environnent, et leur faite touche 4 peine l'ouverture des fe nêtres les plus basses. Cette végé tation gigantesque, dans laquelle se perd confusément 1 1 base de Pé difiee, achève de lai prêter une cou lenr de fantastique mystère. Dans cette solitude, au milieu de ces fo rôts, eu face de cette masse d'archi tecture bizarre qui surgit tout 4 coup, il est impossible de ne pas songer 4 ces touts enchantées où de belles princesses dorment d'uu sommeil séculaire. Jusqu'4 ce jour, me dit Mlle Mar guerite, à qui j'essayais de commu niquer cette impression, voici tout ce que j'en ai vu ; mais, si vous te nez a rcveiller la priucesse, nous pouvons entrer. Autant que je le puis savoir, il y a toujours dans ces environs nu berger ou nue bergère qui'est muni—ou munie—de la clef. Attachons nos chevaux là, et met tous-uous à la recherche, vous du burger et moi de la bergère. Les chevaux furent parqués dans un petit enclos voisin de la ruine, et non» nous séparâmes un moment, Mlle Marguerite et moi, pour faire une sorte de battue dans les envi rons. Nous eûmes le regret de ue rencontre ni berger ni bergère. Notre désir de visiter l'intérieur de la tour s'accrut alors naturellement de tout l'attrait du fruit défendu, et uous franchîmes à l'aventure uu pont jeté sur les fossés. A notre \ ive satisfaction, la porte massive du donjon n'était poiut fermée; nous n'eûmes qu'à la pousser pour pénétrer dans un réduit étroit, ob scur et encombré de débris, qui pouvait autrefois tenir lieu de corps de garde: de 14 uous passâmes dans une vaste salle 4 peu près cir etilaire, dont la cheminée montre encere sur son écusson les besans de la croissade; une large fenêtre, ouverte en face de nous, et qne tra verse la croix symbolique nette ment déconpée dans la pierre, éclai rant pleinement la région inférieure de cette enceinte, tandis que l'oeil se perdait dans l'ombre incertaine des hantes voûtes effoudrées. An bruit de nos pas, nne troupe d'oi seaux invisibles s'enrôla de cette obscurité, et secoua sur nos têtes la poussière des siècles. En mon tant les banca de granit qui sont disposés de chaque côté dn mur en forme de gradins, dans l'embrasure de la fenêtre, nous pûmes jeter au coup d'ail au dehors sur la profon deur des fossés et sur les parties ruinées de la forteresse ; mais lions avions remarqué dès notre entrée lea premiers degrés d'un escalier pratiqué dans fépaisseur de la mu raille, et nous éprouvions nue bâte enfantine de poossèr pins avant nos découvertes. Nous entreprî mes l'ascension; j'ouvris la mar che, et Mlle Marguerite me s tri vit bravement, se tirant de ses longues jupes oomme elle pouvait. Du haut de la plate-forme, la vue est immense et délicieuse. Les donees teintes du crépuscule estompaient eu Ce moment même l'océan de feuillage 4 demi doré par l'automne les sombres marais, les pelouses verdoyantes, les horizons aux pen tes entrecroisées, qui se mêlaient et se succédaient sons nos yens jnsqn'4 l'extrême lointain. En face daee paysage gracieux, triste et infini, nous sentions la paix de la aolitode, la silence dn soir, la mé lanoolie des temps passés, descen dre 4 la fois, oomme au charma poissant, dans nos esprits et dans noa cours. Cette beure'da oontsm plation communs, d'émotiona par tagées, de profonde et pare volupté, était sans doute la dernière qu'il dtfit m'être donné de vivra près dalle et avec.elle, et je m'y atta chais aveo uue violence de sensibi lité presque douloureuse. Pour Marguerite, je ne sais ee qui se pas sait an elle : alla s'était assise aw le rebord dn parapet, aile regardait an loin, et se taisait. Je n'entea dais plus qus le souffle nn pea pré «ipité de son baleine. Je ne pourrais dire combien d'in stants s'écoulèrent *rin*i. Quand les vapeurs s'épaissirent au-dessus des prairies basses et que les der niers horizons comnieueèrent 4 s'ef facer dans l'ombre croissante, Mar guerite se leva.--Allons, dit-elle 4 demi-voix, et comme si nn rideau fûl tombé sur quelque spectacle regretté, c'est fini .'—Puis elle com mença à descendre l'escalier, et je la suivis. Quand uous voulûmes sortir dn doDjon, grande fut notre surprise d'eu trouver la porte fsrraée. Ap paremment le jeune gardien, igno rant notre présence, avait tourné la olef pendant que nous étions sur la plate-forme. Notre première im pression fut celle de la gaieté. La tour était définitivement nne tour enchantée. J* fis quelques efforts vigoureux pour rompre l'enchantement ; mais le pêne énorme de la vieille serrure était solidement arrêté daus le gra nit, et je «lus renoncer 4 le dégager. Je tournai alors mes attaques con tre la porte elle-inêmé; mais Isa gonds massifs *t les panneaux de chêne pla«|ués de fer m'opposèrent la plus inviucible résistance. Deux ou trois moellons que je pris dans les décombres et que je lançai contre l'obstaele, ue parvinrent qu'à ébrnn 1er la voûte et à en détacher quel ques fragments «jui vinrent tomber 4 nos pieds. Mlle Marguerite ne voulut pas m* laisser poursuivra uns entreprise évidemment sans espoir, et qui n'était pas saus dan ger. Jo courus alors 4 la fenêtre, et je poussai quelques cris d'appel auxquels personne ne répondit. Durant une dizaine de uiiuutes, je les renouvelai d'instant en instant avec le même insuccès. Eu même temps, nons profitions 4 la b4te des dernière» lueurs dn jour poor explorer minitieuaement tout l'iuté rieur du donjon ; mais, 4 part ostta porte, qui était comme murée poor nous, et la grande fenêtre qu'un abîme de près de trente pieds sépa rèrent du fond des fossés, nous ns pûmes découvrir aucune issue. La évite eu prochain numéro. Comment les Chinois s'orientent. D'après une correspondance du Coomos, résumant les ' observations d'un missionnaire qui vient de pas ser Une année 4 l'observatoire de Zi-Ma-Wai, les Chinois ont le don de l'orientation. Tout Chinois connaît 4 tont instant sa situation par rapports aox points cardinaux; c'est dans sou SHRg. Promenez-1* dans une maison où il n'est jamais entré, il sait toujours où est (e sud. Jamais un Chinois flb dit : tournes i droite, ou 4 gauche, ailes en avant, où en arrière; mais: si lex an nord, ou 4 l'est, etc. Un Cntnois è qui le narrateur deman dait è quelle heure il avait fait tetlb chose, poor réponse montra la ciel, disant: 1c soleil était 14. D'où il apport que l'observation dn ciel tient, dans lea habitudes danoises, nue place bien pins gran de qae dans loa nôtres; ce dont, h ia vérité, l'explication reste è don ner ; mais H n'y a là rien qui, è on degré quelconque, puisas justifier l'hypothèse d'un eeae particulier. Remote centre la dyneateria. Guéri son radical* et gearantie. 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