Newspaper Page Text
A La ISentinelle de Thibodaux. JOURNAL DO 9" DISTRICT SENATORIAL. JOURNAL OFFICIEL DE LA VILLE DE THIBODAUX El DE LA FARCISSE LAFOURCHE. [VOL- 30 . THIBODAUX, Lne, SAMEDI, 21 JANVIER 1893. .\o 20 No. 10 FEUILLETON PI r l mi Ü.B t)— K g li ill VAR HENRI CONSCIENCE. VI - Suite - Je lui lis observer que ma manière d'écrire m'ordonne de peindre des j scènes douces et touchantes, et que je ne pouvais me résoudre a employer j les couleurs de ma palette à esquisser 1 d'après nature un sujet aussi repous sant 'iue l ivrognerie ; qu'il m'étail : impossible de laisser mes peintures | inachevées, et qm; je courais risque, 1 par conséquent, de devoir rendre d<-s j scènes que ma propre conscience condamnerait, comme immorales. Il m'objecta l'exemple des anciens I Grecs qui, à certaines époques de ! l'année, faisaient boire leurs esclaves ! jusqu'à l'ivresse et les montraient en ! cet état à leurs (ils pour éveiller dans I ces jeunes âmes un profond dégoût j pour ce méprisable vice. Ce soir-la, le procès resta indécis. ! Lorsque, le lendemain matin, je fus j près dé quitter le presbytère, mon ami renouvela ses efforts. Bien que la nuit eut un peu modi fié mos idées, je If osai cependant lui promettre positivement que je sui j vrais son conseil. En lui disant un j cordial adieu, je pris congé de lui par ! ces mots : ; —J'y songerai ; peut-être bien ! avez-vous raison. I Près de trois années s« sout écou J lées depuis lors. Souvent le cercueil j et la jeune tille aux cheveux épars j ont reparu à mes yeux ; mais jamais | je n'avais osé enteprendre de satis ! faire au vœu de mon ami. | Il y a peu de temps,—j'avais ter 1 miné depuis deux mois mon grand | ouvrage sur '-Clovis, —et j étais à I la recherche d'uu nouveau sujet ; i mais ce ne devait être qu'un simple I récit, un récit pour les paysans, une branche de plus dans la couronne de jbruyère que j'ai promis de tresser j pour mes amis. Tandis que, la tête appuyée dans j les mains, j'étais à songer, le facteur - m'apporta une lettre. Elle est de ; mon ami le vicaire. Que peut-il ; avoir à m'annoncer ? Depuis ma ! visite à son beau village, je n'ai plus ! eu de nouvelles de lui. La lettre 1 s'informe de ma santé, parle avec une enthousiaste admiration des ■'RC /cs Me jeunesse." de notre excel { lent poète flamand Van Beers, et ; fin« ainsi : '...Je ne vous ai pourtant pas encore dit le véritable motif pour lequel je vous écris. Savez-vous -pourquoi? Peut-être vous sou vieil. dieu-vous encore du cercueil et de l'histoire pue je vous ai racontée? .J'ai attendu avec impatience, mais inutilement, le récit que vous deviez écrire sur ce sujet. Aussi cela m'était-il sorti de l'esprit. Hier tout à vous pendant foute la journée. Hier, j ai bapt'-- m enfant, un gros et beau ■ ar >.;. Devinez qui sont le père et 1 l a ;.i ' ? Lucas, le jeune homme que , v-vus avez vu à genoux dans la .c..; -i-' .-. et Clara, la jeune 1 penv'iC- -uv le cercueil qu'inondaient ! ses cheveux épars. Ils sont mariés (k-iu'.s un an : ils habitent la ferme Je pierre avec le père Torfs et la mère Bets. Ils sout heureux et font de lionnes affaires. H est question Ique le père Torfs devienne bourg mestre du village aux prochaines | élections. Venez encore me voir; m'y a ramené, et j ai pensé Il, | 1 jo vous conduirai à la ferme «le j pierre. Nous y preudrous le café | tous ensemble. Eh bien ? Voilà que j vous avez un dénouaient pour votre histoire. Ne l'écrirez vous pas en core ? Le lendemain, j'envoyai dans le Hagel and une lettre dont voici les premières lignes : ! j , ; '•J'arrive; après-demain je serai ! près de vous, et serrerai avec joie la main au pôle Torfs, à la mère Both, à Lucas et à Clara. Je vais un mettre sur-le-champ à écrire 1 histoire. Puisse-t-elle servir de leçon et d'ex emple à quelques villageois 1 je ne demande neu de plus. FIN. BANDIT Dü VAU ri b: cm: hoi toxî PAR LOUIS REVISAI I> 1 LE BOIS DE L'ESTEREL De 18Ub à 1814, une certaine teneur, justifiée par plusieurs catas trophes, s'étiut attachée à toute la partie montueuse du département du Vnr qui s'étend de Fréjus à Caunes. Nul pays, si ce n'est la Corse u'oflre une pareille étendue de forêts, où le pin, le chêne et le châtaignier s'élèvent du milieu de fourrés inaccessibles. Peu de villa ges aux environs ; partout le silence ; à peine de loin en loin ees solitudes boisées retentissent-elles sous la eoguée du bûcheron ou du charbon nier. Depuis le village de l'Estere! jusqu'au Var, les monts et les bois se j succèdent en changeant de nom, et i un œil exercé peut seul reoounaître j les sentiers qui sillonnent cette âurc : contrée. ! Ce fut là que, sous l'empire, une Ce fut là que, sous l'empire, une bande de malfaiteurs établit le siège de ses opérations. Dti nom de son j chef, ou l'appelait la bande des Moutons. Pierre Mouton, au mo-1 ment où commence ce récit, venait • de s'échapper, pour la deuxième fois, i du bague de Toulon, et, malgré, le j canon d'alarme et la prime, d'usage, j il avait pu regagner le bois de l'Es- i terel, où l'attendaient ses complices. J Une fois dans son domaine et au j milieu des siens, il avait peu de ehose à craindre des poursuites de la gendarmerie. A plusieurs reprises on avait essayé «le purger cette zone des bandits qui l'infestaient, et, après de nombreuses pertes, les détache ments envoyés s'étaient vus forcés de renoncer a l'entreprise. Des coups de fusils tirés par «les ennemis invi sibles faisaient tomber dans les rangs les officiers et les sous-officiers, et les soldats démoralisés, n'osaieut pas s'engager plus avant dans ces for«*ts meurtrières. Un seul briga dier, plus entreprenant que les autres, avait poursuivi le gros de la bande pendant deux jours, avec un peloton de vingt hommes ; mais au moment où il croyait les.avoir enfer més dans une sorte de trappe, entre le bois de Marans et le ruisseau de la Valoube, ils disparurent comme par magie dans une muraille de rochers qui offrait plus «te deux cents mètres | d'escarpement. On continua la 1 battue pendant trois jours. Rien ne parut. Seulement, vers le soir, 1 obs-. tuié brigadier reyut en plein bivouac! une balle dans la région du cœur connue prix de son dévouement et de son courage Depuis lors, ou sembla renoucev à forcer les malfaiteurs dans leur repaire ; on se contenta de faire avec plus de soin la police de la route, et de distribuer des piquets j de gendarmerie dans tous les villages | environnants. On espérait ainsi les j surprendre en détail au moment où ! j ils viendraient rançonner les villa , geois ou renouveler leurs \ ivres. La bande de Mouton n'etait pas nombreuse ; jamais elle 11 e compta pins de douze affidés ; mais c'étaient ; des hommes résolus, des réfractaires ! que poursuivait la police impériale, -h-s l'oivats évadés, des déserteurs à qui il ne restait que le elioix du genre de mort. On devine tout ce qu'une pareille position ajoutait ; d'énergie et d'audace à la résistance ■ de ces bandits. Traqués dans ees | forêts, ils n'avaieut plus de 1 homme ! que 1 apparence ; cette vie errante ; avait développé eu eux tous les : instincts de la brute. Ce n'est qu à l'aide d'exécutions sanglantes que le chef était parvenu à faire régner dans leurs rangs une sorte «le discipline; encore son autorité était-elle souvent méconnue, surtout dans les heures de désœuvrement. L'ivrognerie et le jeu lie suffisaient pas pour les dis traire 1 ; «les passions plus brutales s'éveillaient souvent en eux. Us quittaient alors leur retraite ; et, à l'aide de déguisements, ils se rendaient à Toulon, d'où ils ramenaient des compagnes de débau che. L'orgie durait jusqu'à ce qu'une nouvelle expédition vint l'interrompre, ou que, fatigués de ces tristes plaisirs, les bandits ren voyassent d'eux-mêmes leur harem nomade, chargé d'un butin précieux. Ces femmes avaient ainsi deux emplois, l'amour et le recel. Four dominer de pareils hommes Pierre Mouton avait besoin de l'as donnent une volonté rendant que indomptable et une force de corps l' <Hl commune. Quoiqu il fût le P'us jeune tie la bande, le comman dement lui avait été déféré sans contestation. A vmgt-cinq ans, il était le héros du bagne, l'esprit le plus fertile en ruses, le courage le mieux éprouvé de toute cette élite de scélérats. Qui eût voulu parmi les siens contester de pareils titres ? Sa personne d'ailleurs imposait. On ne savait d'où il venait ; cependant ses manières, son langage, sa tenue formaient un contraste avec ce qui J l'entourait. Son visage, quoiqu'un j peu altéré par uue vie vagabonde, gardait encore une certaine distinc tior. : seul il avait les yeux bleus, les cheveux cendrés, parmi ces physio nomies rudes et brunes. Evidemment ce n'était point un enfant «le la zone méridionale ; il appartenait au nord de la France, et cette circonstance n'était pas étrangère à l'autorité ! qu'il avait acquise sur les siens. Nul j d'entre eux n'était, en outre, plus j adroit au tir et n'euvovait plus sine- j ment une balle dans le corps d'un j gendarme. Svelte et bien découplé, | il avait des muscles d'acier et sautait j d'un rocher à l'autre avec l'agilité j d'un chamois. C'était à la fois j l'orgueil et l'àrae de la troupe ; on l'aimait autant qu'on le redoutait. j Delà part de son lieutenant, «-e culte allait jusqu'à l'idolâtrie. Le j lieutenant «le Pierre était un foryat | évadé, homme de quarante ans envi.; ion. «jni poitait une tête «1«; taureau sur «les épaules d'Ilercule. Sous son front court brillaient «leux petits yeux gris qui ne perdaient jamais le, ( he£ vue et semblaient constata ment en quête d'uu ordre, d'une : inspiration. C'était le dévouement de l'animal pour son maître, et ce sentiment avait pris chez cet homme le caractère d'une passion. On ne le connaissait dans ia troupe que par sou sobriquet de Boutou-de-Rose ; les autres bandits étaient désignés par îles noms analogues, comme Point-du-Jour, Rossignol, Adonis, Zephir. L'aspect qu'offrait en ce moment cette troupe ne justifiait guère cet appel a la mythologie. L'hiver venait de commencer, et la foret de 1 Esterel était ébranlée par ces vents -lu nord qui sévissent avec tant de fureur dans le Languedoe et dans la Provence. A l'abri d'un rocher, et enveloppés de leurs manteaux, Pierre et ses compagnons ; gardaient, uue immobilité complè, et ■ prêtaient l'oreille aux moindres bruits | qui leur arrivaient au milieu de ces ! grands bruits de la nature. Après ; un quart, d'heure de silence, le capi : laine prit le premier la parole : — Boulon-dé Rose, dit-il à son lieutenant, es-tu bien certain qu'ils [lasseront l'Estcrel cette r.uit ? —Oui, capitaine, répliqua celui à «jui s'adressait celte demande ; ils soupent a Cannes, et iis en partiront à dix heures du soir. J'étais là avec Poiut-du-Jour, quand la chaise de poste est arrivée. Point du-Jotir avait un emplâtre sur l'œil, moi j'a vais une béquille ; ils nous ont fait l'aumône. La chaise est un coupé à trois places. Us sont deux : un capitaine et une jeun«# tille. Il y a des pistolets dans la poche île la voiture : ce sera chaud. —Est-ce (pie tu aurais peur, bagassse ? dit une voix qui inter rompit la conversation. C'était celle de Poiut-du-Jour, con scrit réfractaire et le troisième per sonnage de la bande. Point-du-Jour était un provençal renforcé dont il serait difficile de reproduire littérale ment l'idiome, à cause des jurons énergiques qui l'assaisonnaient. En tre Boutou-de-Rose et Point-du-Jour existait depuis longtemps une rivalité dont l'autorité de Pierre ne parvenait pas toujours à modérer les écarts. Plus d'une fois, les deux bandits en étaient venus aux mains. Bouton de-Rose résistait par sa masse ; mais Point-du-Jour était plus alerte, et, ne pouvant entamer son adversaire, il se contentait de le harceler. Ces querelles, se reproduisant chaque jour, avaient fini par jeter dans la troupe une sorte de désunion et par la diviser en deux camps. —Te voilà encore, toi, reprit aigre ment Bouton-de-Ilose, «jui est-ce qui te parle ? Mêle-toi «le tes affaires, conscrit. —Mes affaires, répliqua le jeune homme, c'est ce que je fais, bagasse ! Eu voilà encore un drôle de faraud ! Ijn chien regarde Pieu un évêque ! ! Je ne pourrais pas î. ■ parler, à j présent ! j —C'est bon, voyons, fil!«;, ou l'on j te démolit, conscrit, j Ah ! c'est comme ça bagasse ! eh | bien, pare celui-ci, goujat ! j En même temps il lui décocha un j coup de pomg eu pleine poitrine, j Bouton-de-Ilose n'eut pas le temps de se mettre eu garde, que déjà il était j vengé. Une riposte étendit son adversaire sur le s«)î ; le capitaine j avait fait justice, | —Point-du-Jour, ajouta-t-il «l'une voix grave, il y a longtemps que vous cherchez à troubler l'ordre «pii règne dans la troupe. Vous méritiez une leçon ; je viens «le vous 1 uduii le, n is tier. Si vous \ revenez, la cor action sera plus complète. : —Mais, capitaine, dit le conscrit encore tout étourdi «lu -oup--- j —Pas un mot oc plus, ou je vous [brûle la cervelle. Nous sommes en le expédition ; on ne parie «pie quand ; ' j'interroge. Silence tout le monde ! Suite a la ±>a<je suivante \n\n ic New Orleans Jll I üi le Leading Newspaper of the South. IMMUABLE! B5EIVI 3STHE L ATEST HEWS. Daily Picayibie b a real newspaper. No expense i, ipared in producing it. Its telegraph service is unsurpassed. |Bnews gatherers cover all places ef interest. Its mechanical appli ances are- modern and the best. IB staff of talented writers and artists is complete. Sunday Picayune ia household treasure of news, formation and literature, illus itedand tasefuliy presented. lEEKLY PiSAYUNE | )i peerless as a country, family Newspaper and literary journal, ■ isd no home in the South should ttwithout it. RMS OF SUBSCRIPTION: pand Sunday - - $12.00 a year. - - - - - $2.00 a year. - - - - - $1.00 a year. NICHOLSON & CO., Proprietors, New Orleans, La. m ____ BIS,TRADE f« COPYRIGHTS. II OBTAIN A PATENT? Fora jjgvwer and an honest opinion, write to t C0.« who have bad nearly fifty years* tin the patent business», Conmmnica tf j confidential. A Handbook of In leoncerninc Patenta and bow to ob tfree. Also a catalogue of mechan tifle books sent free. through Munn & Co. receive he Scientific American, and — «7 — « widely before the public with »the inventor. This splendid paper. By,elegantly illustrated, bas by far the mlation of any scientific work in tho B a year. Sample copies sent free. lEdition, monthly, *2.50 a year. Single Jeentg. Every number contains beau . JgL in colors, and photographs of new ^vno plans, enabling builders to show the and secure contracts. Address lEW YORK, 3«1 I ICO. s Bhuauway. )0W ALCIATORE Propi'ictrt*».»». - *0» - _ iS AÜX PREMIER iltjatelm Ttjapta m AU JOUR, A LA SB UNE, AU CACHET. NiDOS RB3 DOS'T W.4!\T TO BE "DEAD IN IT." wvere fit of at once by ■well s cough balm. For Sale by ROTg 55 K 2 <* Co. *®W>ERSK.lN l-.'l >' ! i'l ■. K I ["«te tuat In. j. j j ! ; ! I J j j | ! | 1 | I i I j j - ; ; ! ! 1 { ; j ! ! Mot a c Ej. ÜK boi'i si \ N a — i * .m : i s ; : o K la ;bv gives 1 H" -- vinir lui' il |>a OhlA'll. „ ( 111-.RA.M1E. I l-K-'.U-Ut. W-'u F...... Sola !■' 31 k Grown tv Ev: IE... _ - *>r i flO'v ; A 33 : r-' m s S< i to Vf: for . *rs Lui j