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La Sentinelle de m i JOURNAL DU «U" DISTRICT SENATORIAL. ■JOURS AL OFFICIEL DE LA PAROISSE LAFOURCHE ET (IARD! ES UES 1ST FRETS DE LA VILLE. VOL. :U THIBODAUX, Lne, SAMEDI, 7 SEPT EM BUE LS95. No <> m ÏLLKTOS. TAKTE ANNE T'A R MltS. \V. K. l'UI'Kulîi». Tnt (ht it <Ir l'ont/Ittis jxtr I./'-nn Hochet IV -Suite - — Il ino faisait l'effet du roi des îles cannibales, décrétant à lui tout seul un acte de Dui lenient. — Vous êtes un eher ridicule. — Merci. Floggie. Fisher est un charmant gnryon, et je l'adore. -Ftl.cl Dunlop me disait, un jour, qu elle erov it qu'il se regadait comme une petite Drovidence. Va ne m étonnerait pas. — File prétendait (pi'il aurait dû épouser tante Aune. — Il aurait été mille fois préféra ble a M impie, de me demande ce <pi ■ eis jeunes gens deviennent a Wdu y, et s'il-, n'ont besoin de rien av ait que nous partions. —Je crois que tout doit bien mar cher maintenant. Je. leur ai envoyé un ■ Luanda chaise de provisions quand iN ont été s'établir au cottage, et je sais (pie vous leur avez donné ! 1 : | j I ! j | : ■ l : ! 11,1 ,l '' * K '- VL ^ llls | cher Walte l< sorte que tante Anne 1 _ ne doit plus avoir d'ennuis. Et. puis, ■ 1 1 i elle a -t s cent livres de pension de sir William, et M. Wimple, lui aussi, gagne quelque chose. —Vous avez raison. Ils ne doi vent manquer de rien. De plus, je ne voudrais pas être trop généreux envers ce mendiant de \\ impie. Su\t z-\\\ a.lti . d ai eu ' qu il ne i une ou deux fois l'idée vivrait pas longtemps. 11 ne paraît pa très fort ; il se plaint toujours, j 'l'ante Anne disait qu'il avait cons tamment be-oin de changer d air. -Oui, je me rappelle (pi'il disait' que celui de Lipliook lui était favora- 1 ble. : -S'il mourait, elle aurait toujours sa p nsion. et serait libre. Elle n'aura pas cette chance-là. i De plus, s'ii mourait, où diable i irait-il? il ne reviendrait pas sur terre, et le ciel n'en voudrait pas ; j et il n'est pas assez coquin, après : tout, pour ne l'enfer use ses char-! lions sur sa personne. -Walter, ne dites pas de ces j choses-là. (' est mal, en vérité. Elle lui mit la main sur la bouche. ! Bien, dit ii, s'efforçant de se . de.:: ger. Je vous demande pardon, Jt ne le ferai plus. . M. Fi -lier vint le lendemain, dans i :q iès-:i ;di, un peu ému, quokpi il cherchât a le cacher. Il avait cet ail de déférence, mais de décision qu'il croyait avoir le droit de prendre avec les daines. 11 voulait consulter Florence sur le cadeau de noces (pi'il avait l'intention d'offrir a Ethel. Avec une grande gravité, il choisit un beurrier en argent, surmonté d une vache. —-C'est un cadeau utile, déclara l'éditeur. — Très utile, répéta Florence, craignant cependant (pi Ethel ne fut désappointée en voyant la vache. — Et maintenant, dit M. Fisher, connue Us quittaient la boutique de l'orfèvre dans Bond-Street, me per (Uje honneur avec mettrez-vous glace ? .1 ■ \ (ins ferai cet le plus c i and plaisir. de vous oflrir elle -e 1 lisait tout bas : manières sont tout il fait Anne, eet après-midi. S ne • elle l'avait épousé, au lieu d. 1 horrible Wimp c ! Et elle mangeait sa glace aux fraises, tandis que par intervalles il goûtait à la sienne, comme s'il eût eu peur d'y toucher. —Est-ce que le perroquet bkmc vit toujours ? demanda-t-elle. Il tressaillit presque, tant il fut surpris de la question. — Le perroquet blanc? -—... dont vous m'avez parié l'année dernière, le soir où Mrs Baines a dîné avec nous, —Ah ! je me souviens, dit-il, solen nellement. Non. Il est mort, Mis tress llibbert. Pendant cinq ans, il a été peut-être mon plus intime compagnon, le compagnon de ma solitude. —De quoi est-il mort ? — 1! mit en pièces le paillasson d'une porte, et nous croyons qu'il a dû avaler quelques brins de paille. Mon intendante, (pii est une femme sévère, l'a battu, et il ne s'est pas remis. M. Fisher parlait comme s'il avait raconté une tragédie. Fuis, tout a coup, il devint si silencieux que Florence se sentit aventurée sur un sujet désagréable. Mais il était toujours ditlicile de causer avec M. Fisher en tête-à tête. I! y avait peu ,p. choses dont il aimât à parler avec , , les dames. 11 considérait les sujets ,... . ■ . . politiques comme trop sérieux pour elles. Il pensait qu'elles ne pouvaient pas avoir d'opinion sur la littérature, et qu'elles étaient si frivoles qu'il valait mieux ne pas les obliger à trop réfléchir. —Je suis Lieu heureuse, dit tout a coup Florence, du congé (pie vous ' voulez bien nous accorder, Monsieur Fisher. 11 y a si longtemps que W alter et moi en avons eu un. —de suis enchanté (pie cela ait pu i j 1 : i i j : j ! que char s arranger. de >uis certain Walter en jouira avec une si mante compagne. --Voyagerez-vous aussi a la Pen tecôte ? — Non. de quitte rarement Lon dres et mes travaux. —Cela vous ferait du bien de prendre un congé avec quelqu'un qui vous plairait. —Ma chère dame .. . Il poussa un léger soupir. —.. .je crains que la seule société (pii me convienne ne soit la mienne. — Oh I vous êtes trop modeste, tit-elle, en riant. .J'espère, quelque jour, acheter un beurrier pour vous. l'occasion. . J'aimerai.* tant à en avoir j ,-her Monsieur Fisher. | —Ce n'est pas probable, répondit-il, j un peu tristement, j — Ethel m a dit (pie vous ma dit que vous aviez été très bon pour elle, relativement a Georges Dighton . . . Mais vous êtes bon pour tout le monde. M. Fisher la regarda avec une ' expression de reconnaissance : mais elle savait qu'il lui répugnerait de faire aucune autre réponse. 11 reprit son air directorial, comme pour couper court a une conversation plus intime, et quand il la quitta a la porte de sa maison, car il refusa d'entrer, elle comprit, en le suivant des veux, tandis qu'il s'éloignait, qu'elle venait d'assister à la tin du de sa vie. ; dernier chapitre du roman i Les llibbert partirent pour leur i congé avec une joie d'enfants, ! Deux jours à Dans, dit Walter. 1 et puis nous traversons la l-rance ' tout d'une traite, et je vous présente ! à la Méditerranée. C'est une pitié I (pi"on ne dîne qu'une fois par jour. Les dîners sont si bons à Daris I Mais, si nous savons nous y prendre, nous pourrons f ire encore un petit souper dans un estaurant des boule vards. Cependant ya compte à peine, et je ne crois pas, Floggie. que | nous ayons le temps De consacrer j plus de quarante huit heures à Daris, i malgré tout mon désir de fair« de vous une vraie i'arisienne. Deux jours après, ils partirent pour Marseille, où ils restèrent jus qu'au lendemain pour visiter la ville, avant «l'aller à Monte-Carlo. —C'est une ville étonnante ! s'é cria Walter, comme ils se promenaient sous les arbres du Drado ; les juifs, les Turcs, les Infidèles, toutes les nations s'y trouvent réunies, et sont là comme chez elles ! Cela ne vous suggère-t-il pas toutes sortes de pensées, chérie ? —Oui, répondit-elle, vaguement. Seulement, je pensais à Montv et à Catty. Peut-être trouverons-nous des lettres des enfants a Monte-Carlo? —Je l'espère, répondit-il, douce ment. Il ne fit plus d'autres réflexion-« sur Marseille. Comme ils quittaient leur hôtel de la Canebière, le lendemain matin, une dame y entrait. Elle venait évidem ment d'arriver. On apportait ses bagages. —Je resterai ici trois jours, l'enten dirent-ils dire à l'employé. Je parti rai pour l'Angleterre jeudi matin. Florence se retourna au son de cette voix. Mais la darne montait déjà l'escalier. Les llibbert avaient à aller au train, et ne pouvaient attendre. —C'était Mrs North, Waiter, dit Florence, tandis qu'ils se tendaient a la gare : j'aurais voulu lui parler. — Nous n'aurions manqué le train, nous aurions perdu un jour. —Je me demande ce qui ici? —Les mobiles des femmes sont impénétrables. —J'avais en 1 intention de lui écrire et de lui parler de tante Anne; mais j ai eu tant de choses à faire avant notre départ (pie je n'y ai plus pensé. —Ecrivez-lui un mot de Monte Carlo. # l'attire ! I Carlo. # Vous l'avez entendue dire qu'elle était à Marseille pour trois jours. Et, puis, le mieux serait peut être de la laisser tranquille. — de voudrais lui écrire une fus seulement, car je. pas été bien pour elle l'autre jour. crains de n avoir elle l'autre îour Mais elle m'a prise par surprise. —Très bien, alors. Ecrivez-lui de Monte-Carlo. Cela lui prouvera «pie nous ne sommes pas de si terribles modèles de vertu, et peut être y trouvera-t-elle une consolation. Je ne vois pas ce que nous pourrions faire d'autre pour elle. Il est très ditlicile d'aider une femme dans sa situation. Elle est comme un navire désempare eu pleine mer. Si elle ne fait pas naufrage, elle est certaine de se blesser contre chaque débris qu'elle rencontrera. La lettre fut écrite el envoyée à Marseille. Mrs North, quand elle la reçut, était dans son salon, assise près »de la fenêtre, et regardant tristement les cafés étincelants de lumières, et les consommateurs réunis en petits groupes autour des tables sur le trottoir. On frappa à sa porte. — Entrez. — Cue lettre pour Madame. — Cour moi ? Elle la prit, et jebi • i\ ■. n- les yeux sur l'adresse. -Elle doit être de l'immaculée Mrs llibbert. Puissent les -aints anges l'avoir préservée de contamination ! s'écria-t-elle gaiement, quai: I la porte | se fut refermée sur le garçon. . . La j iettre est plutôt aimable, conclut-elle, i après l'avoir lue. Elle me l'a écrite, à je crois, seulement par bonté. Cela prouve «pi'il va quelque générosité, même dans le cuuir le plus vertueux. J'écrirai à Mrs Wimple.'' Elle réfléchit une minute. ••Pauvre vieille ! elle a été si excel lente pour moi.. .comme une mère. Aucune femme ne m'a appelée -mon amour ' depuis qu elle m'a quittée." Elle se promena quelques instants de long en large dans le s don, regardant de temps à autre dans la rue, brillante de lumières. Bras me ment, elle se retourna, prit son lmvard. el s'assit devant s >n bureau, de cette impulsive manière (pu la caractérisait. -de vais lui écrire iar.né Maternent, dit-elle. Natiirciiemeüt, cela agiterai ses chers vieux nerfs : mais je saisi qu'elle sera houleuse de recevoir de mes nouvelles, quoiqu'elle ne voudra pas l'avouer, même a elle-même.'' -Chère Mistress Baines. '•J'ai toujours désiré savoir ce .pie vous étiez devenue. J'ai appris, il v a (pulque temps, (pie vous étiez une, houleuse nouvelle mariée : mais je ne sais votre adresse que depuis un instant. Mille compliments. J es père que vous nagez en plein bon heur. et que M. Wimple est charmant pour vous. C'est, en vérité, un heureux homme, et i! doit exciter l'envie du reste de sou sexe. -Je crains (pie vous ne soyez clio quée d'apprendre (pie M. North a divorcé d'avec moi. de ne i'ai ja mais aimé, vous le savez. Je vous l'ai dit quand vous étiez si eu colère rfllllR ' in °h vous vous rappelez, dans Cornwall-! lardons, et ce n'est pas ma faute si je l'ai épousé. J'ai été très malheureuse, et je crois que je le --ci a i toujours. Mais le monde est grand, et je vais voyager. J'ai tou jours désiré voir le plus de pays possible. J irai a l'Est, à l'Ouest, au Nord et a i Midi, comme le duil' Errant. Mais avant de partir pour ! tous ccs voyages, je retournerai passer quelques jours en Angleterre, et je serais heureuse de vous y voir. Me : le permettrez-vous ? de ne suppose pas que vous consentiriez à venir me t'cuver, ou iiue vous me laisseriez j :,1!er v, ' rs volls . ct cependant, comme 1 5 e v '>ndrais '"'-ttre encore ma tête sentir serrée mettre ( ~ U1 xo,1L ' épauie et me 1 '- U1S ' <,!5 * ,ias ■ j "' ,0 crains 'D 10 vous a J' eî! lK W l !ila,1 g« votre gâteau de mariage, et y j j que, même s'il vous en restait un peu. vous le trouveriez sans doute trop bon pour une femme comme moi, et je me demande si vous accepteriez de ma main un petit cadeau de noces, car je serais heureuse de vous eu envoyer un. Mes meilleures amitiés pour vous, et mes sincères félicitations M. Wimple. ■ a Wimple. "Toujours votre, E. North." Quand elle eut terminé cette lettre, son courage l'abandonna. Elle alla s'asseoir, ou plutôt s'affaissa sur le canapé, et se cacha la tête entre les mains. "Et maintenant, se dit-elle, a quand le premier incident dans ma vie ? Combien de jours, combien de nuits aurai-je à l'attendre ?" Mrs North ferma les yeux, et sa pensée se porta sur la rue et le vieux port. Elle voyait comme dans un lève les forêts de mâts, l'eau mou van's- et les lumières dans le loin. ■•() mon Dieu ! gémit-elle, qu'il e.-,i affreux de penser que la terre est v: i.- pour moi d'un bout à l'autre ! j d aurais beau parcourir des millier--' | ■ milles, je ne verrais jamais s -n visage et a entendrais pas sa voix, et ii n'y a pas une âme sur toute sa surf- ce qui se soucie d'un iota de moi : Et la grande mer est i-i, et les navires la sillonnent en tous sens, et | il n'\ a pas un être qui sache que i j'existe, ou s'inquiète si je meurs! | Quelle solitude I ■ Quelle tristesse ! jUh ! mon adoré 1 si vous aviez eu ; foi en moi. si vous aviez cru que, | malgré ma faute, mon eojnr était i resté pur : si seulement vous m'aviez I écrit une ligne,—une seule,—pour me • lire que quelque jour,—quand même : ce serait que dans des années,— vous rev iendriez à moi et me feriez vôtr • a jamais, j'aurais été si hetireu ! sc 1 de --nais devenue la meilleure 'les fcmite. s 'in • tie terre, afin de pouvoir vous f.-dre le plus heureux d'-s hommes !" <■>> f.-appa de nouveau à la porte. — Entiez. Le gu'yon lui leimt un paquet épais. — Four vous. Madame. Ca vient d'Angleterre. Eile attendit que le garyon fût sur' pour ottviir le paquet. L'enve loppe contenait une douzaine de papers, les notes et des circulaires qu'on lui renvoyait de son domicile, à Londres, Au milieu de ces papiers, il y avait un télégramme. ' Ca ne doit avoir aucune impor tance, je présume," dit-elle, en l'ou vrant. cl cependant scs mains trem blaient. Il venait de Bombay, et ne ! contenait que ces mots : • M'embarque mois prochain sur ÏJeccan." Elle tomba a genoux, et. se mettant le visage dans les mains, éclata eu sanglots passionnés. •Oh! mon Dieu! pardonnez-moi et soyez miséricordieux ! Je n'ai pas eu i'iuUutioii de mal faire. J'ai voulu seulement être heureuse. O IV iv adoré- ! laissez-moi l'être ! Je m'efforcerai toute ma vie de me bien conduire. Seulement qu'il m'aime oimorc ! n'ai jamais été heureuse, — laissez-moi l'être.—-J'ai tant souf fert ! J'ai tant souffert ! <) mou Di'-n I N'cst-ee pas assez ? Dardon ncz-inoi, et faites que je sois heureu se !" V Alfred Wimple et tante Anne habitait depuis un mois au cottage. Cette dernière ne sortait plus que rarement maintenant. Elle était trop triste pour se soucier des beautés du pays. Du reste, elle s'était sen siblement affaiblie, et n'aurait pu marcher longtemps. Le jardin même la fatiguait. La. eattriole de Mrs JBur nett lui avait été, dans les commen cements. d'un grand secours ; elle n avait pas craint de fatiguer le poney, et s'était fait traîner par lui pendant de longues heures le long des routes, au milieu des hois de sapins et des haies de genêts et de bruyères. Les habitants, éparpillés trois milles à la ronde, la connaissaient bien, la vieille dame solitaire, avec son chapeau noir et son grand man teau sombre, attaché d une agrafe d'acier. Alfred Wimple ne l'accompagnait jamais. il avait refusé, dès ho principe, mais il avait une manière à ! !lli ,lu '^paraître pendant une grande ! ; partie de la journée. Tante Anne ne put jamais deviner .»ù il allait. Quant à lui adresser i- - questions a ce sujet, eu aurait été, '.'était-elle dit un jour, comme si elle . i • —uvé de regarder au fond de la r. .-n écartant l'eau avec ses deux mains. N '.V n Ua [>ag: suivants