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La Sentinelle de Thibodaux. JOURNAL DU 9" 8 DISTRICT SENATORIAL. JOURNAL OFFICIEL DE LA PAROISSE LAFO'ORCEE ET GARDIEN DES INTERETS DE LA VILLE. VOL. 33 THIBODAUX, Lne, SAMEDI, IS SEPTEMRBE 1897. No 8 FEUILLETON No. 10 LE SERF. 1. --- Suite Il était tombé à genoux près de la fenêtre, les mains jointes, demandant à Dieu de Tiuspiier et ne pouvant trouver en lui la force néoessaire pour une décision, lorsque Catharine, qu'il n avait point encor* aperçue, sortit tout-à-coup de la foule. Eu la voyant si belle et si éploiée, Jehan ne put résister plus im g-temps ; il sa leva d'un bond «t il •• psachait au balcon pour l'appeler, lossqu'un vieillard parut à son tour, marchant avec peine et conduit par uu enfant. Jehan reconnut son pèie et la parole «'arrêta sur ses lèvres. Il se rappela tout-à-eoup les soins qu'il avait reçus du vieillard, la tendresse dont il avait été entouré, les conseil*, utiles qui lui avaient été donnés ; tous l«s souvenirs de sas jeunes années semblèrent se réveiller pour faite cortège au vieillard. Saint de respect et d'une reconnaissance pieu»«, sou cœur se fendit ; il décou vrit su tête et étendit les bras eu pleurant. —Mon père! s'écria-t-il .... Reudei-moi mon père ! .. .. et que Dieu ait pitié de moi ! Le soleil commençait à bais«er à »'horizon et ses dernières lueurs étincelaient joyeusement sur la forêt de Vaujour ; mais Fou n'entendait dans la campagne aucun des bruits qui ordinairement Fauiment à cette heure : point de cri d'appel, aucun mugissement de troupeaux, nul son e cloche avertissant de prier avant la fin du jour ! Les champs étaient déserts, les maisons fermées et muettes ! On eût dit que quelque grand désastre pesait sur la contrée entière. Or, ce désastre, e'était la guerre ! et la plus affreuse de toutes ; une guerre où les ennemis parlent la même langue et se sont embrassés la veille ; une guerre entre voisins ! La vente faite par le comte Raoul au due de Vaujour n'avait peint tardé à amener des querelles entre les deux seigneur». Chacun d'eux se plaignait de la mauvaise foi de l'autre ; des explications on passa aux injures et des injures aux armes. Le duc fut le piemier à faire sa déclaration de gueue ; il entra sur le territoire de son voisin, détruisit ies moissons, biûla les villages ci tua le plus qu'il put de ses gens. Le comte Raoul, voulant user de représailles, convoqua ses vassaux ; et Jehan qui venait de perdre son père se rendit en armes au lieu indiqué. Le comte partagea ses hommes en plusieurs troupes qu'il plaça sous le commandement d'hommes d'armes auxquels il avait donné ses instruc tions secrètes. Le jeune marchand fit partie de la plus nombreHso de ces troupes, et au moment où nous reprenons notre récit, il se dirigeait avec elle vers Clairai. Les vassaux de messire Raoul marchaient en désordre, jetant de tons côtés des regards inquiets comme s'ils eussent craint quelque embûche, et se demandant tout bas quel était le but de leur expédition. Jehan, qui marchait derrière, fut tout-à-coup accosté par un pêcheur de l'étang de Rtllé, qui, en qualité de vassal et fermier du comte, avait aussi été forcé de mareher. _Eh bien, demanda-t-il à voix basse, sais-tu ce qu'on veut faire de nous ? —Rien de bon, sans doute, répon dit Jehan. —J'ai idée que nous pourrions bien traiter Clairai comme le sire de Vaujour a traité no» villages. —Qu'j gagnerons-nou», sinon de ruiner des parents et des amis ? observa Jehan. —U e,t la vérité, garçon, reprit le pêcheur ; mais qu'y faire ? Le vassal est obligé de prendre les armes quand le seigneur l'ordonne. — Oui, dit Jehan, et s'il refuse on le condamne comme lâche et félon, car il n'est point maître de sa haine; sur uu signe, sur un mot, son voisin «Thier doit deieair son ennemi ; et cela sans qu'il sache pourquoi ! Il faut qu'il épouse toutes les eelères de ion maître, qu'il frappe où celui ci otdonne de flapper ! —Heureusement que je n'ai per sonne de ma famille sur le domaine de Vaujour, observa le pêcheur. —Ni moi, je l'espère, dit Jehan. —Mai», j'y pense, là ta cousine Catherine ? .... —Elle est au service de la fille du duc et habite le ehâteau même où il n y a rien a craindre. —Tu te trompes, Jehan, dit unè voix. Le jeune homme se détourna vive ment et aperçut maître Moreau. —Catherine n'est plus au château, continua l'intendant. —Comment savez-vous? .. s'é cria Jehan. —Far les espions qui ont parcou ru le domaine de Vaujour. Elle a rejoint sa mère qui était malade. —Au vivier, s'écria Jehan ; ah ! j'y cours. —C'est inutile. —Comment ? —La troupe commandée par Pierre y eet déjà avec ordre de tout brûler. —Se peut-il ? --Et tu arriverais trop tard, regarde ! Jehan leva la tête ; des flammes illuminaient effectivement l'horizon du côté du vivier. Le jeune homme poussa uu cri et s'élança à travers le fourré, se diri geant en courant vers l'incendie. Bientôt il distingua les cabanes en feu, il crut entendre un cri ! .... Faisant un dernier effort, il franchit rapidement Tespace qui lui restait a parcourir et arriva à la porte de la cuisine. La flamme commençait à peine à serpenter le long du toit de chaume, J«han éperdu se précipita dans la cabane ; mais en y entiant, »on pied glissa dans le sang et alla heuiteruu cadavre étendu à terre. C'était celui de Catherine 1 Un mois après Jehan prenait l'habit de novice chez ies Franciscains de Tours. Le jour où il descendit au préau pour la piemière fois, un moine vint à lui et lui demanda s'il le reconnais sait : c'était celui qui, simple novice, dix ans auparavant, lui avait con seillé d'entrer au couvent. Eu re marquant la pâleur de ce frout triste et ravagé, le jeune religieux secoua la tête. _Hélas ! je le vois, dit-il, vous avez fait une rude expérience de la vie. Et après de longues épreuves, j'ai reconnu, comme vous le disiez, que e'était ici seulement le port, ajouta Jehan. Partout ailleurs le servage vous laisse quelque bout de chaîne à trainer ; ici seulement est la délivrance ; ici Ton retrouve la dignité de l'homme. Ah ! naguère je nt voyais dans vos couvents que des maisons de prières ; mais main tenant je sais que ce sont aussi des hospices pour les cœurs affligés. Au milieu de cetts société barbare encore, Laeée sur les dioits du plus fort, les monastères sont comme des hautes montagnes, où se réfugient les vaincus pour échapper à la servitude. Quand l'égoïsme et la violence abrutissent la foule, ici se conserve le saint heritage de la science, de la justice, de la liberté ! —Et vous pouvez ajouter, mon frère, que tel héritage se répandra d'ici sur toute la terre, ajoute le moine. Oui, uu jour viendra, où la fraternité que nous prêchons deviendra la loi générale ; où les chefs librement élus pourront seuls commander. U'e»t à cette grande œavre que nous devons consacrer nos effoits et nos prières. —Hélas ! dit Jehan, s'il en est ainsi, que ne sommes-nous venus sur cette terre quelques siècles plus tard ; pourquoi devons-nous bâtir avec une sueur de sang l'édifice où d'autres seront à couvert ? —Et savez-vous, mou frère, ce qu'ont souflert ceux qui ont préparé le nôtre, reprit vivement le moine ? Croyez-vous qu'ils »'aient point été plus cruellement éprouvés que nou», les premiers chrétiens qui pro lamè rent la liberté des hommes et leur égalité devant Dieu ? Combien sont morts déchirés par les bêtes ou par les verges du bourreau, avant que l'esclave antique soit devenu un serf de nos temps ! N'accusez point la Providence ; mais admirez au con traire connue elle a donné à chaque géuéralion sa tâche et à chaque temps son progrès. L'esclave n'avait autrefois de refuge que dans la tombe ; aujourd hui le serf trouve parmi nous une retraite. Ah ! De nous plaignons pas, frère ; mais songeons seulement à hâter la régé nération du monde. ,—Et comment cela ? demanda Jehan, —Eu prêchant l'affranchissement de toutes nos forces, répondit le moine ; eu faisant comprendre aux puissants, près de paraître devant Dieu, que ce Dieu ne counait ni seigneurs ni manants ; en faisant enfin disparailre partout la possession de Thouime par l'homme, dernier héritage d'un paganisme inique et brutal. —Ah 1 que Dieu vous entende, s'écria Jehan, et qu'il me fasse la grâce de travailler à une telle œuvre! - -Vous le pouvez, répliqua le moine ; car vous avez revêtu la livrée des travailleurs. —Et vous espérez la réussite, mon fièie ? —Je compte sur la parole du Christ, dit le moine, et le Christ a dit : Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolé*. FIN. 1 PENSEES. Avant de se jeter dans le péril, il faut le prévoir et le craindie ; mais quand on y est, il ne reste plus qu'à le mépiiser. Fénelon. Dans tous les geures, la vérité est à la fois ce qu'il y a de plus sublime, de plus simple, de plus difficile, et cependant de plus naturel. Mme de Sévigné. Les chevaux qui piaffent le plus sont en général ceux qui avancent le moins ; il est de même des hom mes, et Ton ne doit pas confondre cette perpétuelle agitation, qui s'é puise en vains efforts, avec l'activité qui va droit à son but. Baron de Stassart. Il ne suffit pas d'avoir raison ; c'est la gâter, c'est la déshonorer que de la soutenir d'une manière brusque et hautaine. Fénélou. Avez-vous des chagrins ? attachez vos yeux sur un enfant qui dort, qu'aucun souci ne trouble, qu'aucua songe n'alarme ; vous emprunterez quelque chose de cette innocence, vous vous sentirez tout apaisé. Chateaubriand. Tei donne à pleines mains qui n'oblige personne ; La façon tie donner vaut mieux que ce qu'on donne—Corneille. La récompense la plus agréable qu'on puisse recevoir des choses que Tou fait, c'est de les voir connues, de les voir caressées d'un applau dissement qui vous honore.—Molière. UN ODIEUX SACRILEGE. Nous joignons notre faible voix à «elles <le tons les journaux catholi ques du pays, et en particulier du 1 Catholie Columbian", de Columbus (Ohio), du "Catholic Standard Times," de Philadelphie, de la "Review," de St-Louis, et de la "Vérité," de Québec, pour signaler l'exploit abominable d'un membre de la police secrète Pinkerton. Un catholique était en prison à Crystal Falls, accusé de meurtre. Le détective en question s'habille e» prêtre, se présente à la prison, voit le prisonnier et l'engage à se confes ser. Le malheureux, croyant avoir affaire à uu véritable prêtre de Jésus Christ, avoue son crime. Il est difficile d'imaginer un forfait plus atroce que le fait de ce limier sacrilège. C est la deuxième fois que pareil erime se produit. Il y a uu an, un sous-ebérif obtenait de ia même manière de la part d'un accusé l'aven d'un crime. On espérait, dit le "Columbian", que l'indignation uni verselle que ce sacrilège souleva empêcherait la répétition d'un pareil forfait. Malheureusement il n'en est rien. Notre confrère demande que le châtiment du coupable soit exem plaire.—La Presse. Au café Martin, à New York : X... lisait un journal américain. Arrivé au bas de la dernière page, un garçon s'approche pour prendre la feuille retenue depuis longtemps, —Monsieur a fini ? —Garçon, je iis toujours un jour nal américain deux fois ; la première pour le lire, et la seconde pour le comprendre. Mme Calinaux confère du déjeu ner avec sa euisinière : —Il vous reste, dit-elle, du bœuf d'hier ? —Oui, mais madame oublie que c'est maigre aujourd'hui ! —Oh ! c'est juste ! Eh bien, vous le mettrez en salade .... En «our d'assises : —Alors, dit familièrement le pré sident an prévenu, vous vous vantez de faire "la montre" avec une remar quable dextérité ? —Aussi bien que personne ici ! Puis, il ajoute courtoisement : —Soit dit sans vous offenser. \n\n Mrs. J. EUO. GAZZO Cures Cancer, Palsy. Rheu matism. might's Disease. Dropsy. Medicines alone charged for. Resiiltnee 1« miles bi'low Thiboilaux, Rijrl.t bunk of Bayou Lafourche. RACELAND P. O., LOUISIANA Gem Saloon W. H. FROST, Prop. Oor. Market and Green S TIIIB()1>A<JX, LA. billiard room, bar room & ESTA TJR ANT Central Mamifatnring and Lumber Co. Limited. MANUFACTURERS OF SASH, DOORS and BLINDS, All kinks #*f Store and Office Fittings, BOUGH and dressed lumber. Office and Factory:Oor. Howard Avenue and Dryades Street, Head of New Basin. H. HACKNEY, l'res. and Gen'l Manager 10-6-ly NEW ORLEANS. LA ami out* For at a Bargain. One 4 ft. by 26 inches, three roller mill engine. One No. 3 Knowles Pump, and copi er Juice Pump. 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