Newspaper Page Text
La Sentinelle de Thibodaux. JOURNAL DU 9 MB DISTRICT SENATORIAL. JOURNAL OFFICIEL DE LA PAROISSE LAFOURCHE ET QARDIEX DES INTERETS DE LA VILLE. VOL. 33 THIBODAUX, Lne, SAMEDI, *25 SEPTEMKBE 1897. No 9 FEUILLETON No. 1 \l I! Par £LI£ BERTHET. I.—LK CERCLE. 11 y avait dans ce temps-là, sur la place du Mariroy, à Orléans, an cercle renommé qu'ou appelait 1« "Cercle da Commerce et des Arts." On se réautasail, ehaque soir, dans uu vaete appartement, nu premier étuge d'une uiaiseu de belle appa reuce, en face de i'aueicune statue de la Pueelie. On Jouait au btliaiu, a» échees, aax domino* ; ou lisait le* journaux et on causait politique ; il arrivait aouveut qu a dix heur** iea sociétaires étaient rentrée chez eux. A certaine Jours seulement quelque« partie» de baccara s'enga geaient, et alors il se perdait ou se gagnait de grosses sommes, dans des séantes qut se prolongeaient jusqu'à matin. Uu soir d'octobre, a i heurs où le garçon du ceruic venait d'allainer le gag, 11 n'y avait encore que deux habitués dans les salons. L'hu était Al. Aubertiu, banquier loucha, grand iauosur d'aflaitss véreuses, présidant de plusieurs compagnie» inconnus*, li passait pour gaguvr beaueoup d'argent et avait toujours qusiquts billets de banque a la disposition dt quiconque lui offrait de suffisantes garanties. Sou interlocuteur était M. Deluzy, giot manufacturier, tenant à Orléans un dépôt de fontes st fers pour la marin*. Sa psrtonne uependaut ne répondait guère aux prétentions da sa mise à la dernière mods ; gros, court, rougeaud, il avait des allure* assez vulgaires, bien que son call gris ne manquât pas nou plus d'astuce et d'avidité. Auber tin et Dslusy, qui étaieut fort liés, causaient à demi-voix, assis sur un oanapé de cuir. —Psnsez-voua, mon «hsr Aubartin, demanda ls manulasturitr, qu'il viendra iei ee soir ? —»C'est probable .... Jolirst nous l'amèaera sommeil fait souvent, pour teiminsr la aoirée, après avoir passé une oouple d'heures aupré» de Aille Vietoire, la future. —La future ! vous croyez doue le mariage arrêté ? —J en sais certain .... L# père Jolivet, un ancien tanneur qui a réalisé, sa se retirant du «onniru, aoinnnts bennes mille livres ü» rents, avait dspuia longtemps la toqnade de marier sa hile à an doeicur en médecins. Le docteur Beluoart noue «et arrive tout droit de Paris, avec ton diplôme d* fraîche date, st s'est établi à Orléans. Jeune, beun garçon, spirituel, il "prend" d'un* manière merveilleuse, le papa Jolivet lui donne sa fille aînée avec quatre saut mille francs de dot .. Qa'y a-t-il d'étonnant, puisque Bsleoart, qui est malin, a au se faite aimer de la petite ? .... Ma foi 1 A mesure que le banquier énumé rait, avec une ci mplaiaance méchan te, les avantages de ce mariage, les traits de Detuiy te rrmbraaieeaient. —Je ne supposais pas, balbalia t-ii, les eliosea si avaaeées ! —Elles sont si avancées que, da part et d'autres, il n'y a plus A s'ea dédire. Je comprends, mon pauvre ami, poursuivit Aubeitin d'un ton de fsusse commisération, que cela vous ehagriae. Vous aurai, vous aviez Jeté votre dévolu sur Victoire' Jolivet .... et sur sa dot. Réelle ment, avec rôtie nom. votre fortune, votre rqng dans la haute industrie, on eût dû vous préférer à os va-nu pieds de docteur. — Voua avez raison, Aubertin, répliqua lemanufacinnsi tristement; j'aurais été peur Mlle Jolivet un mari beaucoup plus convenable que eet aveitarier. La dot m'eût per mis da donner de I extension A mes affaires, d'aeeomplir de grandes améliorations A mes foiges dn Jura, ds décupler mes bénéficias .... Ce visax tanneur manque absolument d'inteliigsnee, bien qu il ait eu oeile de faire aa fortune. —-Anx innocents les maiua plei ne*, vous savaa ! Il a prospéré par de petits moyens ! le travail, l'éeo nomle, la. patience .... ce n'sat guère qn'un ouvrier réussi .... Eh bien ! ajouta le banquier en baissant la voix J* veux vous mettre uu peu de baume dans le sang. Le mariage cat arrêté, lea paroles sont donnée* ; mais ce n'est pas fait encor*____ —Qu* dites-vous, Aubsrtm ? De grfiee, ■'éveilles pas en moi des espérances illusoirs*, car j'ai cett# affaire beaueoup plus A cœur que voua ne l'imaginez. —Ecoutez ceci .. Le papa Joli vet, tiès positif, ne croit qn'au succès qui se tiaduit en argent. Or. quoique Bsleoart ait bien pris à Orléans, on ne se presse pas, ici comme ailleurs, de payer le médecin. Il est donc loin de rouler sur l'or, et n'ose réelamer son dû à ceitains groa clients, de peur de se déconsidé rer .... Bref, U ne peut se procurer la somme nécessaire a l'acquisition des présents d* noce. —Voyez-vous la une difficulté sérieuse, Aubertin Y GiAue au beau mariage qu'il va conclure, Belcourt trouvera faeileœent ...... —Pas si facilement. Le docteur compiend la nécessité de faire bien les choses ; la moindre mesquinerie le perdrait dans l'ssprit de son futur baau-père. Quand une jeune fille voua apporte en dot vingt mille francs de rente, il est indispensable ds lui offrir des cachemires, des dentelles, des diamants. Aussi Belcourt a-t-il besoin de dix mille francs......et ii cherche en ce momani A les emprunter. Tenez, uion cher Deluzy, j'ai vu ee matin 1« docteur chez moi, et i; ma proposé de Jui avancer cett# somme, promet, tant de in renabouitsr piomptemenl, avec les intérêts qu il me plairait de fixer. —Mais vous ne la lui avec paa et'hDeàe, Anbartin ? \ ou* ne m au ri*« pas joné 1a vilain tour de le tirer d'embanas ? —Non, son, rassurez-vous ; j'ai répond! que j étais engagé duLs d importâmes opérations financières et que je u'avais pas de fonds dis ponible». Il est parti tout penaud —Ainsi, vous croyez que Belcourt ne réussua pas à se proeurer les dix mille franos nécessaires pour les cadeaux de noe* ? —Je ne sais trop .... Je ne vois, parmi les "hommes d'argent" de la place, personne qui soit disposé « Ita lui piêter ; et ii peut se trouver entraîné À de fausses démarches, qui auront pour lni de grandes con séquences .... Le père Jolivet, comme tous les esprits étroits, est très pointilleux ; à la moindre im prudence il donnera du balai à n'êtie paa très bienveillant pour son pré tendant sans le sou. Deluzy resta pensif un moment taudis que le banquier tamlourina avec ses doigts sur le dossier d'un fauteuil. - Vous avez raison, Aubertin, reprit-il enfin, ce muriage n'est pas fait eaeore et il reste quelques chances .... Soyez mon allié dans cette affair# et entendons-nous pour profiler de la moindre circonstance qui se produira. Le Belcourt une fois évincé, je ne désespéreiais pas de remporter "la victoire !" Le père et la fille m ont toujours bien accueil li ; si j'épousais cette petite, mou eher Aubertin, je m'empresserais de vous rembourser les trente mille frauue que je vous dois par sait# ds oslte malhtureuse baisse des fers, et pour lesquels je vous paye de si forts intérêts. —C'est bon, e'est bou, js ns suis pas inquist, Deluzy, car vous m'avez donné das garanties sérieuses...... Je vous servirai à titre d'ami, #1 chaudement, je von* assure. Pendant que le banquisr st le uaîtrs de forge causaient ainsi à l'écart, les habitués du cercla étaient arrivés un A ua, on avait alinmé tous Iss beos de gaz. Des parties s'en gageaient ; on entendait «laquer les billes de billard. Quelques ans des assistants s'étaient assis déjà autour d une table pour jouer au baeeara, ou comma ils disaient, pour "tailler un tabae," et tout annonçait que la nuit serait féconde en émotions. Aubertin, grand joueur, st souvent joueur heureux, allait prendre aa place au bacoara, quand plusieura personnes entrèrent dans le premier •»Ion. Une vorx forte, aux intona tions brnaques, dominait le bruit. Dsluzy fit nu aigue au banquier, pour l'inviter à être attentif. Au même instant, l'ancien tanneur Jolivet parut, accompagné de aon gendre futur. II. — f.E DOCTEUR BELCOURT. Jolivet, comme nous ls savons, ne devait sa fortune qu'A son tv&vail et avait débuté en qualité de simple ouvrier dans la maison dont il était devenu le chef plua tard. Ayant épousé la fille de son ancien patron, il avait, pendant quarants ans, diri gé avss sagesse et prudence son vaste étahliassœsnt de tannerie à Orléans. A 1* mort d* sa femme il avait vendu son usine et s'était installé avec ses enfants dans une jolie habitation qu'il poeiédait sur le quai de ls Loire. Jolivet passait pour un très honnête homme, mais ses manières et son langage n ap pai tenaient pas A la meilleure oom pngni*. Il était vif, despotique, opiniâtre dans ses idéss ; sa mise était négligée, sa tournure vulgaire. En sa qualité de millionnaiie, ceux qui i approchaicnt lut paidohnaient bien des choses ; maie, au cercle, où il avait eru devoir se faire ad mettre afin d'occuper ses soirées, on ne lui épargnait guère les raillerios, dont d'habitude ii ns s'apercevait j)as. Le docteur Belcouit, qui l'accom pagnait en ce moment, 'avait vingt huit uns au plus. Sa figur e franche, encadiés de favoris blouds, ses yeux vifs et spirituels, ses manières gracieuses, sa prestance, faisaient de lui uu véritable "médecin des dames ", titr* que l'on commençait A lui donner dans la ville. 8a redin gote et sou pantalon noirs étaient coupés par un tailleur pamien, et il portait avec aisance la cravate blanche traditionnelle. Il formait ainsi avec son futur beau-pêts, an \éritable eoutiaste ; l'un et l'autre paraissaient appartenir non seule ment à un monde différent, mais même A des races différentes. Belcourt, toutefois, comme l'an cien tanneur, ne devait qu'a lui même le rang qu'il occupait dans la société. De famille pauvre «t obs cure, il avait été élevé par un onde, ancien capitaine d'infanterie, qui, peu fortuné aussi, s'était ingénié à lui faire donner use bonne éduca tion. Encore le digne oncle n'avait il pu achever sa tâche ; il était mort au moment où Belcourt venait d être reçu bachelier, et manquait justement lorsque ton appui allait deveuir le plus nécessaire. II n avait laissé à aon neveu en mourant que quelques milliers de francs, somme très insuffisante pour permettre au jeune héritier d'attein dre une position honorable et lucra tive. Mais Belcourt avait résolu d'être médecin ; et, si humblss que fassent ses restaurées, il se rendit a Paris, afin d'y commenosr Isa longues, difficiles et coûteuses études de la science médical*. Par quels miracles rénssit-il dan» son projet Y Pendant cinq mortelles années, il supporta lea plua affreuses privations. )1 travaillait nuit et jour pour fairs mai cher see fonctions fastidieuses avec ses études scienti fiques, se refusant tous les plaisirs, toutes les distractions. Enfin il était arrivé au terme de sca épreuves. Le diplôme de docteur ayant été la récompense de ses eflorts, il avait choisi Orléans pour sa résidence, bieu qu'il y connût peu de monde et qu'il n y eût point d'amis. Ses débuts, comme nous ne l'ignorons pus, étaient passablement rudes ; mais l'espoir d'épouser bientôt la belle et riche Victoire Jolivet rele vait son courage et tout, a cette heure, Jui piésageait uu brillant avenir. Belcourt et son futur beau-père s'avancèrent, appuyés l'un en» l'autre, dans les salons du cercle. Sauf Delnsy et Aubertin qui saluè rent Jolivet, ou ne leur uccorda pas grande attention, et ils allèrent s'installer dans le fumoir où le bon homme se fit apporter, par le garçon du cercle, sa grosse pipe d'écume^ tandis que Belcourt allumait un cigare. Leur conversation, assez animée, avait pour sajet, la fiancée du dos. teur. — Sacrebleu ! s'écria tout a conp Jolivet, avec uu aceem de rondeur, au poiut où nous eu sommes, qu'at tendez-vous donc pour en finir ? Les "papiers de la mairie" sont prêt» ... A quand la corbeille et les ca. deaux de noces ? Le doctear tressaillit. —La corbeille ! répéta-t-il ; j'at tendais votre automation .... Et puis, je veux tout oe qu'il y a plus beau pour l'offrir a mon adorablè fiancée. —Pas de folies pourtant, docteur! Victoire est toute simple .... Con tentez-vous de faire les chose» comme il faut. — Bien, bien, reprit Belcourt ; J'a girai pour le mieux ; et puisque vous me permettez d'ofirir la cor* beille, je vais m'en occuper .... je m'en occuperai ... dèa demain. A continuer. Entre vagabonds : —Figure-toi que ce matin j'ai trouvé un jiortefeuille. —Et tu l'as rendu ? —Oh ! nou .... Le monsieur n« m'aurait peut-être pas donné un« récompense, et je ne veux pas fair« d'ÎDgrat. \n\n Mrs. J. B. C. GAZZO Ornes Cancer, Palsy, llheu matism. Bright's Disease, Dropsy . Medicines alone charged for. Kesldenc«' 10 wiles below Thibodaux, K!j{ht bank of Bayou Lafourche. RACELAND P. O.. - LOUISIANA Gem saloon W. H. FROST, Prop. Dor. Market and Green S THIBODAUX . LA. BILL1ABD ROOM, BAR ROOM fc RESTAUR ANT Central Manufaturing and Lumber Co. Limited. MANUFACTURERS OF SASH, DOORS and BLINDS, AH kinks of Store and Office Fitting*, ROUGH AND DRESSED LUMBER. Office and Factory: Cor. Howard Avenue and Dryade* Street, Ht ad of New Ba*ln. H..HACKNRT, Pre*. and Gen'l Manager 10-6-ly NEW ORLEANS. LA For Sale at a Bargain. One i ft. by 26 Inches, three roller mill and •saine. One No. S Knowles Pump, and one copper Juice Pump. Also one 26 il. P. portable engine, on skid* and one 12 Inch pump. Alfco one 16 Inch siphon, good as naw Apply to UZKMK NAQUIN, Thibodaux, La. 3ä^OC3iB93ffiSfi8SaaffBSBS&S&8 N. T\ BOURG, Market Stand, MARKET BT., THIBODAUX, LA -ALWAYS ON HAND THE BEST OF 11EF.F, MUTTON, CORK, VKAL AND SAUSAGE* OF ALL KINDS John W. Trotter. Copper, Tin and, Sheet Iron Worker. St Philip, between Thibodaux and Main streets, Thibodaux, La., Keep* on baud a full line of COOK AND HEATING STOVES --Also Agent for the HARTER OAK and FAME STOVES. Particular [attention given to ROOF 1NG AND GUTTERING. f RAILROAD" »T market!» ) OCTAVE »7. TOT73?5r* PROPRIETOR. Choice fresh beef, pork, veal, mutton and •salage* eonetuntly on hand. -OPEN EVERT MORNING. Situated on the Railroad, corner St. Mary Street, and of eat- y accès* from all part* of Ihttown. Own Make n.i / . EMILE J. BEMUD, SOLE AGENT. COR. M AIN & ST-PHILIP STS., Tlill»o«laiix m m m La, (Opposite Dansereau'* Drug Store.) Jüan Orétrr f> xmf A^FilUd.