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•Sentinelle Thibodaux JOURNAL DU 9" B DISTRICT SENATORIAL. JOURNAL OFFICIEL DE LA PAROISSE LAFOÜRCEE El GARDIEN DES INTERETS DE LA VILLE. VOL. 33 THIBODAUX, Lnb, SAMEDI, 27 NO VUM KHK 1897. No 18 FEUILLETON No. 10 ui ai U a i r -Par £LI£ BERTHET. - LE MARI ET LA FEMME. --- ISuite Ue - Victoire s'empressa de traduire en français Partiels du journal ; il était a peu près ainsi conçu : "Depuis quelque ttmps, le com merce de Londres et de plusieurs villes industrielles de l'Augleterrs était alarmé par la circulation d'un grand nombre ds bank-notes fausses. Elle9 étaient imitées aves une telle perfection que les plus habiles sa isissaient prendre, et les pertes des négociant», somme celles de la banque s'élèvent à une somme con sider.« u>e. Ua banquier de la Cité, M. G.... F.. .. vient d'être surpris en flagrant délit d émission de ces fausses valeurs. Ayant été conduit devaut le juge, il a subi un interro gatoire, après .lequel on a demandé pour cautionnement cinquante mille livres, ce qui prouve L'importance des torts constatés. G.. .. F, n'ayaut pu fournir caution pour une telle somme, a été réintégré dans la prison et on ci oit qu'il comparaîtra devaut le jury a la prochaine ses sion des assises. "P. îS. — Nous apprenons, à la dernière heure, que le détenu a fait des aveux. Selon lui, la fabrica tion des fausses bank-notes aurait eu lieu en pays étranger ; mais le gouvernement de la Reiue a trop intérêt à connaître la vérité pour ne pas rechercher, en vertu des conventions internationales, l«s auteurs de ces criminelles manoeu vres, en quoique endroit qu'ils se «achent. Nous tiendrons nos lec teurs au courant de ce que l'on pourra découvrir au sujet de cette grave affaire.'' Si Mme Deluzy n'eut été fort occupée de traduire le texte anglais avec exactitude, elle eût pu remar quer quo son mari, on l'écoutant, avait pâli, «t qu'un léger tremble ment agitait ses membres. Cepen dant, la lecture finie, il fut assez maître de lui-même pour demander de sou ton ordinaire : .D'où vous vient la peasée, Victoire, qu'il s'agit, dans cette note, du banquier, Forster ? Il n'y est pas nommé. —Oui, mais ces initiales G...... F____sont bien les siennes, Georges Forster ......Et il est bauquisr dans la Cité. _Au fait, répliqua le maître de forge avec une insouciance réelle ou simulée, que ce soit Forster ou un autre, que nous importe ? Nous avions, il est vrai, quelques relatious amicales avsc lui, quand nous étions à Londres ; mais ces derniers temps, Je u'ai pas eu sujet de m'eu louer comme vous le savez sans doute, et, ma foi ! s'il lui arrive des désagré ments, qu'il se dépêtre......cela le regarde. Victoire ne put cacher une certaine surprise mêlée de joie. _Deluzy, rsprit-slle, pardonnez moi de vous avoir dérangé .... Je craignais que cette nouvelle n'eût de l'importance pour vous. _ You 9 voulez rire ; j'ai vu Forster à Londres comme une foule d'autres gens d'affaires. _C'est que, mon ami, j'ignore la nature des affaires que vous avez là bas : j'ignore même pourquoi vous avez exigé que je vous accompague deux fois en Angleterre. — Pourquoi ? Eh ! ma chère, d'abord pour vous procurer de la distraction, car vous vous ennuyez cruellement ici, quand je suis forcé de m'absenter, ce qui arrive souvent. Ensuite, parce que votre présence, vos manières aimables, votre distinc tion inspirent la considération et la confiance à ces étrangers — Enfin et surtout parce que vous vous expri primez en anglais beaucoup plus facilement que moi, et que vous pouvez me servir de truchement. Il parlait d'un toa simple et natu rel. Néanmoins, craignant peut-être ds laisser voir quelque agitation, et voulant se donner uue contenance, il prit sur son bureau une lettre qu'il ouvrit et qu'il lut avidement après en avoir reconnu l'écriture. Il dit tout à coup : —Parbleu ! puisque vous voilé, il faut que je vous consulte au sujet de cette lettre d'Àubertin, d'Orléans. —Aubertin ! répliqua Victoire dont le visage se rembrunit. —Vou8 ne l'aimez pas____peut être parce qu'il a contribué, plus que personne, à notre mariage. Mais moi, j# considère comme mon meilleur ami, et il m'en donne en ce moment une nouvelle preuve. Malgré mon activité et mou énergie, j'éprouve toujours de la gêne d'aigent. Je compte me relever bientôt, réparer mes désasties immérités ; mais, en attendant, je suis poursuivi par des créanciers impitoyables ____ Or, voici Aubertiu qui offre de me prêter cent mille francs. —En ce cas, M. Aubertin est meilleur que je ne pensais .... Eh bien ! qui vous empêche d'accepter sou offre. —C'est que, ma chère, il y met certaine condition. —Laquelle? Si nia signature vous est nécessaire, aujourd'hui encore, je ferai ce que vous commanderez. —Oui, oui, Victoire répliqua DelHzy d'un ton caressant, vous êtes une boune personne. Seulement votre signature ne peut plus me servir à graud'ehose ; vous et moi, nous avons subi déjà des nécessités si impérieuses ---- Ce qn'exige Aubertin, c'est la signature de votre père et de votre sœur Joséphine en garantie de son prêt. Victoire se leva brusqusmt. —Ne parlons pas de cela, Mon sieur, dit-elle a*ec vivacité ; taut qu'il De s'est agi que de ma dot, mor. devoir était de ue pas résister à vos injonctions, au risque ds priver plus tard mou fils----- Mais en ce qui touche les biens de mon père et ceux de Joséphine, ne me demandez pas d'intervenir pour réclamer le moin dre sacrifice .... Aussi bieu mon père, dans l'état de démence à peu près complète on il se trouve aujour d'hui, ne peut prendre autun enga gement valable. Quant à ma sœur, je me laisserais plutôt arracher la langue que de lui dire un mot pour la décider à se dépouiller de ce qui lui appartient. — Vous êtes folle, Madame, s'écria le maître de forge avec violence ; qui songe à dépouiller qui que ce soit ? Votre sœur possède quatre cent mille francs, part égale à la vôtre ; votre père s'en est réservé environ autant, et il ne saurait en avoir besoin puisqu'il vit avec nous ____Leur serait-il donc impossible de garantir un prêt, dont le rembour sement aura lieu, dès que ies opéra tions dont je m'occupe seront termi nées ? —Encore une fuis, .Monsieur, ut demandez pas cela. Joséphine ne fera rien sans l'assentiment des personnes chargées de ses intérêts. De son côté, mon père ns peut disposer de rien sans l'avis du con seil de famille...... — On s'entendra avec le notane de Joséphine, et nous sommes tous membres du conseil de famille. —N'insistez pas, répliqua Victoire avsc une fsnnete dont son mari l'eût crue incapable ; je vous ai abandon né, je crois, jusqu'au dernier lam beau de ma dut ; je ne veux pas ontraîner ma soeur et mon père dans notre ruine !......Si vulie ami Aubertiu vuus est si dévoué, pour quoi ue se contents-t-il pas de votre garantie ? —Je le connais......à présent qu il s'est prononcé, il uh n démordra pas. Essajax seulement, ma chère Victoire, fei vous eu parliez à Joséphine, peut-être...... —Jamais, Monsieur. --Puisqu'il en est ainsi, répliqua Deluzy durement, puisque je ne trouve aucun appui chez mes pro. ches, qu'on prenne garde de me pousser à bout !......Réduit aux abois, je peux ns prendre conseil que demon désespoir, me jeter dans quelque spéculation hasardeuse où nous risquons de périr tous .... —Eh ! n'est-ce pas fait déjà, monsieur? dit Victoire avec une sorte d'égarsmeni ; je n'ose vous interroger sur les mystérieuses opé. rations dans lesquelles vous êtes engagé et où vous me failes peut, être jouer un rôle dangereux. Je tremble de réfléchir, de comprendie — Si jamais ce que vsus redoutez arrive, Madame, vous vous souvien drez que c'est vous qui l'avez vsulu! ____Tenez, laissez-moi ____ Jen teuds la voiture de Joséphine qui revient de Saiut-Siméon ; allez re trouver votre sœur .. .. et veillez à qu'on ne me dérange plus. Victoire, avant de s'éloigner, dit timidement : —Mon ami, j'ai peut-être été un peu vive .... Je croyais remplir un devoir de conssience. Cependant, je regretterais d'avoir employé quel que expression blessante .... —Laissez-moi donc ! s'écria De Inzy eu frappant du pied. La pauvre femme, terrifiée, sortit aussitôt. Dans l'escalier, la fores lui manqua et, s'appuyant sur la ramps, ehe donna libre cours à ses sanglots. Après le départ de Victoire, Deluzy ne poursuivit pas le dépouil lement de sa correspondance. —Elle a raison, murmurait-il, je suis engagé dans une voie terrible .. qui m'eût dit que cette affaire de Forster finirait si mal ? Pour tant de dépenses, pour des risques aussi considérables, obtenir des bénéfices presque nuis ! Je m'étais bien aperçu que ce Forster était un maladroit, mais je n'aurais jamais eru qu'il se serait laissé pincer bête ment. Il ne sait pas grand'ebose sur mon compte, et j'ai pris mes précautions aveelui ; néanmoins, il faut se tourner d'uu autre côté .... Dire que si le père Jolivet avait 1« bon esprit de mourir, je pourrais encore rétablir mes affaires ! Avec Iss intérêts accumulés, il doit lui rester bien plus de quatre ceut mille francs......Un tâcherait d'obte nir de Joséphine qu'elle renonçât à ses droits, et avec cette somme .... Je vous demande un peu ce que fait ce vieil idiot dans ce monde ! Il a à perdu a raison, il est à charge eux autres et à lui-même ; ns ssrait ce pas lui rendre service...... Es physionomie de Deluzy avait pris une expression sinistre. Cepen dant, il finit par se remettre a son com er et s'absorba dans cetts occupation. Une heure encore s'étai» écoulée. On frappa à la porte, mais cette fois, ou n attendit pas la réponse et le ten.uir de livre entra. — Ah ! c'est vous, Biaisot ? s écria Deluzy ; asseyez-vous donc ......Venez-vous m'annoncer que votre grand travail est terminé ? Biaisot s'était assis avant même d'y avoir été invité, épongeait avec un mouchoir à carreaux sou front baigné ds sueur Ses yeux brillaient de colère derrière ses lunettes. —Terminé ! lépéta-t-il, à quoi pensez von». Monsieur ? Croyei viiii» ei facile de copier ces caractè res russes, auxquels je ne comprend rien ? Passe encore pour les carac tères Anglais, dans lesquels on déchiffre toujours quelque chose ......Mais du russe ! .... Eu travaillant toutes les nuits, j'e» ai pour plus d'un moi» avant que ma planche soit achevée ! — Un mois ! et encore nous aurons besoin d* temps pour lancer l'affaire, pour rétablir des relations nouvelles ! ...... Le succès, s'il vient, viendra trop !......Savez vous, Biaisot, ajouta Deiuzy en baissant la voix, que tout est perdu avec l'Angleteire et que notre cor respondant Forster est arrêté ? Le pi étendu teneur de livres se leva d'un bond. —Que me dites-vous là ? s'écria t-il aves épouvante ; en ce cas, il faut que je parte sur le champ. Forster dira ce qu'il sait .... on uous arrêtera aussi .... Je partirai aujourd'hui même. —Poltron ! répliqua Deluzy ave* un sourire dédaigneux en lui posant la main sur l'épaule ; que craiguez vous ? Forster u'a jamais entendu prououcer votre nom .... Ou no songera pas à chercher, dans ce pays perdu, l'bahile ouvrier qui imite les bauk-uotes anglaises avec une per fection si désespérante. Demeurez en paix ; continuez votre travail ... aucun danger ue vous menace. Avaut de s'en prendre A vous, ne faudrait-il pas s'en prendre à moi ? Et, vous le voyez, je n'ai pas peur ! Peut-être Deluzy n'éprouvait-il pas au fond une sécurité complète ; mais son aesent de conviction ras. sura Biaisot. —Dame ! reprit le bonhomme, je ne me soucierais pas do retourner .... Nous avons beau nous entou rer de précautions, un hasard peut faire tout découvrir. Je vous ai conté l'aierts de l'autre nuit, au sujet d'uu de ces étrangers qu'on avait reçu au château ; ii est venu rôdor autour de la maison Vlglat, où je travaille et où sent mes outils, mes instruments, mes essais...... —Bah ! vous avez rêvé, mon pauvre Biaisot ; pourquoi ces gens vous auraient-ils épié ? D'ailleurs, ils ont quitté le pays et n'y revien dront sans doute jamais. —L'un deux m'a mouchardé pourtant, reprit Biaisot avec ténacité; j'ai vu ces traces sur le treillage du mur et sur le «illeuil en faoe du pavillon......Quant à avoir quitté le pays, il n eu est risn, car j'ai rencontré ces gaillards à Sainl Siméon, et pas plus tard que tout à l'heure. —Ah ! ah ! .... et qui sont-ils, Biaisot ? A continuer. \n\n Mrs. J. B . C . GAZZO Cures Cancer, Palsy, Rheu matism. Bright's Disease. Dropsy. Medicines alone charged for. R#»idence 10 mile* below Tlitbodnui, Right " bunk of Bayou Lafourche. BACELANDP.O., - LOUISIANA Gem Saloon Vf. H. FROST, Prop. Oor. Market and Green S TIIIBODAÜX, LA. billiard room, bar room & RESTAT RANT Central Manufaturing and Limit)or Co. Limited.O (MANUFACTURERS OP SASH, DOORS and BLINDS, All kink* of Store and Office Fitting«, ROUGH AND DRES8ED LUMBER. J.ï" CESET ' ""éW OÄ»*"***' and ou« For Sal«* at a flnrffHin. Ane 4 ft. by 26 Inehea, three roller mill igtne. One No. 8 Knowlei Pump, and jfl*o one25 H.'}''.'portable engine, on akida Alio one i5°lncb™ip'hon, good at new APr oZEME NAQUIN, Thlbodaus, La. nTtT bourg, Market Stand, MARKET bt., thibodaux, da -ALWAYS ON HAND THE* BIST OF BEEF, MUTTON, TORE, VEAL AND 8AU8AGE» OF ALL KINDS John W. Trotter. 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